Rechercher
Rechercher

Actualités

Vie politique - C’est le manque de confiance qui empêche l’établissement de bons rapports entre le Liban et la Syrie, affirme l’ancien ministre Boutros rend hommage à la sagesse de Sfeir

Ancien ministre des Affaires étrangères, Fouad Boutros a estimé hier que la dernière position du patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir – qui s’était montré circonspect vendredi dernier à l’égard des interventions des États-Unis et de la France en faveur du retrait des soldats syriens du Liban et s’était prononcé contre une séparation « dans la mésentente » avec la Syrie –, constitue « un exemple de sagesse, de noblesse et de perspicacité ». M. Boutros s’exprimait dans le cadre d’une visite au siège de l’Ordre des journalistes, au cours de laquelle il a « Je rejette toutes ces idées depuis longtemps », a-t-il affirmé en réponse à une question sur la méfiance de Mgr Sfeir à l’encontre des récentes positions française et américaine concernant la rétablissement de la souveraineté. « Les Libanais n’aiment pas faire face, en politique, à la réalité comme elle est. Dans un entretien récent à un journal français, je me suis référé à une citation du président Kennedy qui disait que la vérité a deux ennemis, le mensonge et l’utopie. L’utopie est plus grave que le mensonge parce qu’il est difficile de s’en débarrasser. L’utopie est omniprésente chez certaines fractions libanaises, qui pensent que la solution est le fait d’une seule partie ou qui s’imaginent que cette partie est soucieuse du Liban ou d’une de ses fractions. Ces parties se basent sur des faits qui se sont produits il y a vingt ans, trente ans ou cent ans. Or si l’on ne suit pas le cours de l’histoire, il nous prend de court et nous abandonne sur le pavé en cours de route », a-t-il indiqué. « À la suite de l’accord de Taëf, j’étais à Paris en compagnie de Richard Murphy, qui était sous-secrétaire d’État adjoint pour le Proche-Orient. À la fin de la réunion, j’ai compris que les États-Unis avaient accepté Taëf pour une raison essentielle : ils ne voulaient pas supporter le poids de la crise libanaise », a poursuivi M. Boutros. Interrogé sur l’application de l’accord de Taëf, l’ancien ministre des Affaires étrangères a répondu : « Il y a Taëf et il y a un parrain. Quand Taëf est appliqué d’une manière ou d’une autre, qui décide s’il est dans le bon sens ? C’est pour cela que je reviens à la charge : il est nécessaire d’entretenir un climat civilisé, fraternel et sincère pour le dialogue libano-syrien, dans le but de clarifier certaines choses qui pourraient par la suite constituer des failles au niveau de l’application de l’accord. » Fouad Boutros a indiqué qu’« il y a des obstacles empêchant l’établissement de bons rapports entre les deux pays ». « Il existe des obstacles des deux côtés, des circonstances qui prévalent au niveau interne et, actuellement, au niveau international. Il est dommage qu’il n’y ait jamais eu de dialogue au sens propre du terme entre les autorités libanaises et syriennes au lendemain de l’accord de Taëf », a-t-il poursuivi. « J’ai autrefois écrit dans un article (...) qu’à partir de 1994, il n’y avait plus eu de dialogue entre le Liban et la Syrie, parce que la partie libanaise n’a jamais voulu concevoir qu’il est possible de déranger les Syriens. Le problème du Liban et de la Syrie, à mon avis, dépasse les textes. Il s’agit d’un problème de fond, une affaire de confiance. Et lorsque j’ai eu l’occasion de le dire, je l’ai dit, en toute sincérité, au plus haut niveau », a ajouté M. Boutros, en allusion à la médiation qu’il avait menée en 2000-2001 entre Beyrouth et Damas. Interrogé sur la « feuille de route » et l’éventualité de son application, Fouad Boutros a prôné la prudence et l’attentisme. « Nous devons être modérés au niveau de nos espoirs, ne pas refuser complètement l’idée sans toutefois l’adopter complètement. Il se pourrait que ces efforts aboutissent à des résultats. Nous devons attendre, mais ce n’est pas gagné », a-t-il indiqué. Évaluant par ailleurs son propre parcours au pouvoir, le diplomate s’est demandé s’« il s’était suffisamment dédié à son pays », en mettant l’accent sur la nécessité pour l’homme politique de se remettre perpétuellement en question et de se demander où il a failli au niveau de sa mission politique ou diplomatique. « En général, les hommes politiques ne pensent jamais à se remettre en question dans le monde arabe. Ils ne peuvent pas supporter l’idée d’assumer la responsabilité d’une erreur qu’ils auraient commise, qu’elle soit volontaire ou pas. Chacun de nous peut faire des erreurs, et il est du devoir de chacun d’entre nous de corriger ses erreurs de parcours. Et la presse constitue le moyen principal pour aider les gens du pouvoir à découvrir leurs erreurs et à les rectifier », a-t-il indiqué. Il a en outre estimé que la visite du président iranien Khatami à Beyrouth va dans l’intérêt du Liban. « Cela prouve que malgré les malheurs dont souffre le Liban, ce pays est toujours présent sur la scène internationale », a ajouté M. Boutros.
Ancien ministre des Affaires étrangères, Fouad Boutros a estimé hier que la dernière position du patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir – qui s’était montré circonspect vendredi dernier à l’égard des interventions des États-Unis et de la France en faveur du retrait des soldats syriens du Liban et s’était prononcé contre une séparation « dans la mésentente »...