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LIBAN-IRAN - Le président iranien a entamé hier sa visite officielle par des entretiens avec le chef de l’État ainsi qu’avec Berry et Hariri Lahoud et Khatami insistent sur l’amitié et la coopération entre Beyrouth et Téhéran(photos)

Le chef du gouvernement, Rafic Hariri, a été le premier dirigeant libanais à s’entretenir avec le président iranien, Mohammed Khatami, arrivé quelques heures plus tôt pour une visite officielle de trois jours au Liban. Et pour le Premier ministre, les choses sont claires : la solution au Proche-Orient devrait être globale. Et ni l’Iran, ni la Syrie, ni le Liban ne cherchent la confrontation. « Nous avons examiné les problèmes de la région. Le président iranien a reconnu que la situation était délicate, et je pense qu’une coopération entre les pays modérés conduira à son amélioration », a déclaré Rafic Hariri à la presse, au sortir de l’entretien avec le chef de l’État iranien, dans l’aile qui lui a été réservée au Phoenicia. Et ajoutant que le président Khatami « représente la modération dans le monde musulman », il a tenu à souligner « la concordance de vues » entre eux deux. Interrogé sur les pressions exercées par Washington sur Beyrouth et Damas, en particulier pour une démilitarisation du Hezbollah, le Premier ministre a indiqué que « la situation doit être envisagée sous différents angles ». « Nous cherchons les meilleurs moyens de parvenir à la paix. Nous ne cherchons pas la confrontation, mais une solution. Je pense que le problème ne doit pas être traité par tranches. Nous devons avoir une perspective globale, et alors tout sera possible », a-t-il estimé. Avant de préciser que « nous voulons recouvrer notre terre, nous voulons que la paix règne au Proche-Orient et que les résolutions de l’Onu soient appliquées ». Concernant la « feuille de route », ce plan élaboré par le quartette (Onu, Union européenne, Russie, États-Unis) pour un règlement du conflit israélo-palestinien et qui prévoit l’instauration d’un État palestinien d’ici à 2005, Rafic Hariri a fait écho à la position syrienne, déclarant que le Liban « acceptera ce que les Palestiniens accepteront ». Soulignant cependant que « le problème aujourd’hui est que le gouvernement israélien n’a pas encore accepté » cette « feuille de route ». « Il y a tellement de problèmes dans la région, tous liés les uns aux autres. Quant à faire montre d’une attitude positive à l’égard des États-Unis, je pense que chacun coopère dans ce sens. Mais nous avons des revendications et des droits. Une partie du territoire du Liban reste occupée, de même que le plateau syrien du Golan », a-t-il insisté. « Personne ne cherche la confrontation. Ni le président Khatami ni le président (syrien Bachar) el-Assad, pas plus que le Liban. Nous voulons résoudre nos problèmes, préserver nos droits et donner à la paix les chances les plus grandes », a-t-il encore une fois rappelé en conclusion de son point presse. Le président de la Chambre, Nabih Berry, a ensuite été reçu à son tour par le président Khatami. Les deux hommes ont notamment évoqué la disparition du fondateur du mouvement Amal – que dirige aujourd’hui le n° 2 de l’État –, l’imam Moussa Sadr. Apparenté au président iranien, il avait disparu au terme d’un voyage en Libye, en août 1978. Nabih Berry a affirmé que l’Iran déployait des efforts pour résoudre ce problème et a fait état de développements à ce sujet, sans en divulguer les détails. Le tête-à-tête Lahoud-Khatami Pour le chef de l’État, Émile Lahoud, la visite officielle de son homologue iranien au Liban incarne une volonté réelle et commune de consolider les relations d’amitié et de coopération entre Beyrouth et Téhéran, et de « les emmener encore plus haut ». Estimant que la visite de M. Khatami « couronne une longue histoire de coopération et de coordination » entre les deux pays, il a indiqué que le Liban est « fier » de l’amitié et des prises de position du président Khatami, « notamment en ce qui concerne son insistance sur la nécessité de préserver la formule de coexistence que le Liban a fait sienne ». Il a ensuite rappelé l’attachement de Beyrouth à une paix juste, globale et durable pour le Proche-Orient, et à l’application des résolutions onusiennes, « seules capables d’instaurer la justice et l’équité et de préserver les droits des États et des peuples ». Le président Lahoud a également estimé que le soutien iranien permanent au Liban face à Israël et la visite du président iranien « boostent le Liban dans sa volonté de récupérer ce qui lui reste comme territoires occupés, notamment les fermes de Chebaa, et de profiter comme il se doit de sa part d’eau et de ressources naturelles ». Et martelant que les menaces israéliennes contre le Liban et la Syrie « ne changeront en rien la fermeté et la constance de leurs positions, ni leur refus des compromissions au détriment de leurs droits nationaux », il a souligné la nécessité de voir l’Irak post-Saddam conserver son unité, sa souveraineté et son indépendance, et les Irakiens leur liberté de décider par eux-mêmes de leur destin et de leur avenir. Émile Lahoud a enfin insisté sur l’importance de voir annihilés tous les facteurs de déstabilisation de la région, « à commencer par les armes de destruction massive, qu’Israël continue de stocker en grandes quantités ». Quant à Mohammed Khatami, il s’est félicité des progrès que le Liban a enregistrés sur les scènes régionale et internationale, « à l’ombre des réalisations grandioses que l’on doit à la résistance nationale libanaise ». Il a souligné que la position privilégiée du Liban dans les domaines de la culture et de l’économie lui permet de jouer un rôle exceptionnel sur ces deux scènes. Le chef de l’État iranien a ensuite tenu à réaffirmer son rejet des menaces proférées par « quelques responsables » de l’Administration Bush à l’encontre de certains pays de la région, « notamment le Liban et la Syrie », déclarant qu’elles étaient nulles et non avenues. Et assurant les résistances légales au sein de chaque peuple de l’entier soutien de son pays. Ces prises de position des présidents Lahoud et Khatami ont été, selon des sources officielles et entres autres, au centre du huis clos d’une heure entre les deux hommes, hier au palais de Baabda. Un tête-à-tête qui a été suivi par une visite au Jardin des présidents, où Mohammed Khatami a planté un cèdre, symbole de l’amitié entre les deux pays. Et un tête-à-tête en parallèle duquel s’est tenue une réunion élargie entre les deux délégations, qui ont évoqué les sujets brûlants de l’actualité, qu’elle soit régionale ou internationale, ainsi que le mécanisme d’application des accords de coopération entre le Liban et l’Iran. Les six accords bilatéraux Étaient présents, pour la délégation iranienne : le chef de la diplomatie, Kamal Kharazi, ainsi que son adjoint, Mohammed Sadr ; le ministre de l’Habitat, Ali Abdel Ali Zadeh, ainsi que son premier conseiller, Akbar Zadeh ; le chef du bureau du président iranien, Ali Khatami ; l’ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Massoud Idrissi Karmanchahi ; le président du Croissant-Rouge iranien, M. Nourbala ; le président de la Banque du développement des exportations, M. Kahzadi ; ainsi que plusieurs autres responsables ou adjoints au sein de différentes administrations iraniennes. Du côté libanais, étaient présents les ministres Jean Obeid (AE), Assaad Hardane (Travail), Farès Boueiz (Environnement), Sleimane Frangié (Santé), Assaad Diab (Affaires sociales), Michel Samaha (Information), Fouad Siniora (Finances), Négib Mikati (Travaux publics et Transport), Sebouh Hovnanian (Jeunesse et Sport), Ghazi Aridi (Culture), ainsi que les directeurs généraux de nombreux ministères. À l’issue de cette réunion élargie, les présidents Lahoud et Khatami se sont joints aux deux délégations et ont parrainé la signature de six accords bilatéraux : – Un prêt préférentiel de cinquante millions de dollars destinés au financement de plusieurs projets dans les régions libanaises. L’accord a été signé par MM. Siniora et Kahzadi. – Un accord sur des questions environnementales, signé par MM. Boueiz et Kharazi. – Un accord de coopération sur les questions administratives et douanières, signé par MM. Siniora et Zadeh. – Un quatrième accord portant sur les questions liées à la jeunesse et au sport, signé par MM. Hovnanian et Kharazi. – Un accord dans le domaine de la santé, par le biais du Croissant-Rouge iranien, signé par MM. Frangié et Nourbala. – Un échange de protocoles d’accord visant à entamer des négociations commerciales entre les deux pays, signés par MM. Siniora et Zadeh. Notons que les président et vice-président du Conseil, Rafic Hariri et Issam Farès, ont également assisté à la séance de signatures. Et puis l’ensemble des deux délégations s’est retrouvé dans le salon des ambassadeurs pour un nouveau round de discussions. Avant de rencontrer les trois présidents, le n° 1 iranien avait déposé une gerbe sur la tombe du soldat inconnu, place du Musée, puis avait assisté à un déjeuner, organisé en son honneur dans un restaurant de Fayadiyé et auquel étaient présents les membres de la délégation qui accompagnait le président Khatami, ainsi que les diplomates de l’ambassade d’Iran à Beyrouth. Le programme d’aujourd’hui Voici le programme de la visite du président Mohammed Khatami pour la journée d’aujourd’hui : - 10 heures : conférence au palais de l’Unesco à l’initiative de l’Université libanaise. - Midi : déjeuner du président Khatami en l’honneur des ulémas musulmans à l’hôtel Phoenicia. Après le déjeuner, le président Khatami aura une série de rencontres non officielles à son lieu de résidence, au Phoenicia. - 17 heures : meeting populaire à la Cité sportive Camille Chamoun. - 19 heures : visite au rectorat de l’Université libanaise. - 19h15 : rencontre et débat à la faculté de droit de l’Université Saint-Joseph avec des doyens et professeurs de l’USJ et des intellectuels et hommes de lettres libanais. - 21 heures : dîner offert par le président Khatami en l’honneur du président Émile Lahoud au Boustan el-Zeitoun, à Fayadieh. Mesures de circulation spéciales À l’occasion de la seconde et troisième journée de la visite officielle du président Khatami au Liban, la direction des FSI a invité les automobilistes à respecter les interdictions de stationnement suivantes : Mardi 13 mai : interdiction de stationner, à partir de 6 heures du matin, sur les deux côtés des itinéraires suivants ( aller et retour) : 1- Phoenicia – Aïn Mreissé – Manara – Raouché – Ogero – rond-point Unesco – palais de l’Unesco. 2- Phoenicia – tunnel président Frangié – tunnel Sélim Salam (y compris sur les voies surplombant le tunnel) – autoroute Cité sportive- autoroute Hafez el-Assad – Cité sportive. 3- Phoenicia – tunnel président Frangié – avenue Fouad Chéhab – Borj al-Ghazal – USJ – Centre Sofil – tunnel Sassine – Hôtel-Dieu – autoroute Tahouita – Sayyad – rue de Damas – carrefour Fayadiyé – Boustan el-Zeitoun. Mercredi 14 mai : interdiction de stationner sur les deux côtés de l’itinéraire suivant : – Phoenicia – Ogero – Banque Audi – rue des Banques – Parlement – rue Weygand – Starco – tunnel président Frangié – tunnel Sélim Salam (y compris sur les voies surplombant le tunnel) – autoroute de l’AIB – Cocody – Aéroport. Kabalan rend hommage à la « sagesse » de Khatami Le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel-Amir Kabalan, a rendu hommage à la « sagesse » du président iranien, Mohammed Khatami. « Il a insufflé à la révolution iranienne des orientations justes et utiles, a notamment déclaré cheikh Kabalan. Son leadership est marqué par des positions sages et pondérées visant à entretenir des relations cordiales avec autrui, dans un esprit d’ouverture et de dialogue. » Obeid : La visite reflète les « valeurs communes » bilatérales Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a mis l’accent, dans une déclaration à la presse, sur le caractère « exceptionnel » de la visite du président Mohammed Khatami, affirmant qu’elle met en relief « les relations spéciales et historiques ainsi que les valeurs et les orientations communes entre les deux pays ». « Cette visite, a déclaré M. Obeid, aura pour conséquence de consolider les rangs entre ceux qui cherchent à préserver le droit international et à appliquer les résolutions internationales afin de faire face aux défis et aux dangers provoqués par Israël. » Samaha : Une étape importante pour affronter les retombées de la guerre Le ministre de l’Information, Michel Samaha, a estimé que la visite du président Khatami constitue « une étape importante au plan des relations libano-iraniennes ». « Il s’agit d’une étape importante pour affronter les retombées de la guerre en Irak et pour renforcer la coordination libano-irano-syrienne en vue de faire face aux conséquences de cette guerre, a déclaré M. Samaha. « Cette visite, a ajouté le ministre de l’Information, contribue à démentir la thèse du choc des civilisations et elle renforce le slogan du dialogue des cultures que le président Khatami lui-même avait lancé au Liban, avant d’être élu président, lors d’une conférence au mouvement culturel d’Antélias. »
Le chef du gouvernement, Rafic Hariri, a été le premier dirigeant libanais à s’entretenir avec le président iranien, Mohammed Khatami, arrivé quelques heures plus tôt pour une visite officielle de trois jours au Liban. Et pour le Premier ministre, les choses sont claires : la solution au Proche-Orient devrait être globale. Et ni l’Iran, ni la Syrie, ni le Liban ne cherchent...