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CENTRE-VILLE - La nouvelle mosquée « el-Amine » sera monumentale Sept dômes, quatre minarets et une enveloppe de 20 millions de dollars(photos)

Le centre-ville se dote d’une nouvelle mosquée sunnite portant le nom du prophète, « Mohammed el-Amine » (Mahomet-le-fidèle). À la barre, l’architecte Azmi el-Amine et le décorateur Nabil Dada, maître d’œuvre du Grand Sérail. Les deux spécialistes n’ont rien voulu dévoiler de leur projet. M. Assem Sinno, directeur des wakfs islamiques, indique toutefois que la mosquée, située place des Martyrs, sur un terrain jouxtant la cathédrale Saint-Georges des maronites, sera « monumentale ». Elle occupera 3 950 m2 et sera « la plus importante du Liban ». Le directeur des wakfs révèle également l’édifice sera « un mélange de styles ottoman et arabe ». Qu’il sera coiffé de sept dômes et portera haut quatre minarets. Que sa structure sera entièrement en granit ciselé de versets coraniques et qu’il pourra accueillir quelque 5 000 fidèles. Un balcon surplombant l’espace de prière pourra recevoir jusqu’à 800 femmes qui auront leur entrée spéciale. Les travaux en cours sont financés par le Premier ministre Rafic Hariri qui a débloqué une enveloppe « de 15 à 20 millions de dollars », révèle M. Sinno. Rappelons que la construction de la mosquée avait été retardée de plusieurs années, à cause d’un conflit autour de l’autorité devant gérer le bâtiment. Le litige opposait Dar el-Fatwa à l’Association Mohammed el-Amine, présidée au cours des 57 dernières années par de prestigieuses personnalités sunnites beyrouthines, dont notamment les présidents Saëb Salam et Abdallah Machnouk et le mufti Mohammed Khaled. L’association avait reçu du prince Walid ben Talal un don important pour l’élargissement du terrain en vue de la construction. Dar el-Fatwa, qui a acquis au fil des ans d’autres biens-fonds situés à proximité immédiate, insistait pour que les biens-fonds de l’association soient enregistrés au nom des wakfs islamiques. L’Association Mohammed el-Amine, qui s’opposait à une telle mesure, a été finalement dissoute par décret ministériel. M. Rafic Hariri ayant pris fait et cause pour Dar el-Fatwa. En juillet dernier, lors de la pose de la première pierre, le Premier ministre s’est engagé à financer entièrement la construction de l’édifice. Sept lieux de culte et... d’histoire Selon les statistiques de la direction générale du wakf islamique, le nombre des lieux de culte sunnites au Liban s’élève à 572. Dans la ville de Beyrouth et sa banlieue, le chiffre atteint 52 mosquées, dont 32 appartenant à la direction générale des wakfs, cinq à l’Association Makassed et 12 à des associations privées. Dans le centre-ville, ce panorama comprend sept mosquées et « zawiyat » : – Tout d’abord, « la Grande mosquée al-Omari » (1291), le monument le plus prestigieux du vieux Beyrouth et le plus ancien de la capitale. Situé à l’intersection des rues Weygand et Maarad, ce bâtiment médiéval était, à l’origine, une cathédrale croisée construite par les Hospitaliers et dédiée à saint Jean-Baptiste. Il décline une « valeur architecturale unique », souligne M. Assem Salam, ancien président de l’Ordre des ingénieurs et architectes, qui dénonce les travaux de réfection en cours. « Ils ont défiguré le cadre historique de la mosquée et ont porté préjudice à 900 ans d’histoire. C’est une agression contre un chef-d’œuvre », a-t-il déclaré, ajoutant que la direction du wakf entreprend de ceinturer le monument de nouvelles constructions ; alors que le plan directeur de Solidere prévoyait une place publique autour de ce joyau de l’architecture. Donc sa mise en valeur. – À la rue Weygand, face à la municipalité, un autre havre de recueillement où survivent des images du XVIe siècle : la « mosquée de l’émir Mansour Assaf » dont les travaux de restauration ont été financés par le ministre Négib Mikati. Cet édifice à plan carré est coiffé de sept coupoles et d’un minaret. Il s’appelait à l’origine « mosquée de Bab el-Sérail », car l’émir Mansour ben Hassan ben Assaf al-Turkmani, qui a gouverné Beyrouth de 1523 à 1580, n’avait qu’à traverser la porte de son sérail pour se rendre à la mosquée. Plus loin dans le temps, au XIIIe siècle, une église et un couvent appartenant à l’ordre de saint François d’Assise occupaient les lieux. – Dans le secteur du port, à l’intersection de la rue Foch et de la rue de Marseille, une mosquée porte le nom du calife de l’islam, « Abou Bakr al-Saddiq ». Datant du début du siècle dernier, elle exhibe un minaret de forme hexagonale. – À la rue des Banques, se dresse la « mosquée de l’émir Mounzer » (bin Suleiman al Tannoukhy), communément appelée la mosquée de la « nawfara », en raison de la fontaine de la cour intérieure qui servait aux ablutions purificatrices précédant la prière. Construit en 1620, le bâtiment est classé monument historique. Sa réhabilitation a été financée par le vice-président de l’Association des industriels, Wagih Bizri. – La mosquée « al-Majidya » s’offre deux dômes et deux minarets. Construite en 1863 sur ordre du sultan ottoman Abdel Majid, elle faisait autrefois fonction de forteresse militaire à même la muraille de Beyrouth. Les travaux de réfection ont été financés par des fonds koweïtiens. – Message de culture autant que de spiritualité, la « Zawiyat Ibn Arrak », lieu de retraite. Mais aussi « Zawyat al-imam al-Ouzaï », érigée au XVIIe siècle par un lettré mort à La Mecque quelques années plus tard. Cette petite structure en dôme, autrefois prise dans la gangue des échoppes et des arrière-boutiques de souk al-Tawilé, a soulevé la ferveur publique en 1992. En effet, lors des opérations de démolition des souks, la rumeur s’est répandue qu’un saint wali y est enterré, que lorsque le premier bulldozer s’est approché pour entamer sa démolition, sa lame s’est fendue en deux. Qu’un deuxième bulldozer appelé à la rescousse a vu son moteur rendre l’âme. Que toutes les tentatives pour faire sauter le dôme à la dynamite ont échoué, les mèches s’éteignant miraculeusement à la dernière minute. Et que brusquement, des nuages d’encens s’étaient élevés dans les airs, alors que le long des murs fissurés, jaillissaient des ruisseaux d’eau de fleur d’oranger. Pendant des semaines, la population a transformé l’espace en lieu de culte, empêchant la poursuite des opérations de démolition. Il a fallu l’intervention des plus hautes autorités religieuses pour calmer les passions. Le dôme n’avait rien d’un tombeau ; c’était une petite « zawiyat », un lieu de retraite, qui fut entouré de barbelés, pour empêcher l’accès des fidèles et les opérations de démolition purent reprendre dans les environs. Le petit dôme fut sauvé. May MAKAREM
Le centre-ville se dote d’une nouvelle mosquée sunnite portant le nom du prophète, « Mohammed el-Amine » (Mahomet-le-fidèle). À la barre, l’architecte Azmi el-Amine et le décorateur Nabil Dada, maître d’œuvre du Grand Sérail. Les deux spécialistes n’ont rien voulu dévoiler de leur projet. M. Assem Sinno, directeur des wakfs islamiques, indique toutefois que la...