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Les relations avec les USA au cœur des préoccupations libanaises

L’actualité concède quelque intérêt au débat de confiance, place de l’Étoile. Mais dans le fond, et contrairement à la règle générale ordinaire, les considérations régionales préoccupent pour le moment le Liban bien plus que ses problèmes internes. Sur ce front, capital, le nouveau gouvernement affrontera son premier test d’importance avec la prochaine visite de Colin Powell. Le secrétaire d’État doit, bien sûr, traiter des retombées de la guerre en Irak comme du dossier israélo-palestinien, à la lumière de la « feuille de route » du quartette. Mais sa mission ici sera, sans aucun doute, axée sur ce que Washington appelle le terrorisme, sa grande hantise depuis le 11 septembre. Et partant, sur Esbet el-Ansar, présumée liée à el-Qaëda, tout comme sur le Hezbollah, toujours inscrit sur la liste des organisations classées terroristes en Amérique et sur la situation dans les camps palestiniens du Liban. La question du déploiement de l’armée libanaise le long de la ligne bleue devrait être abordée. Et peut-être qu’il serait également question des rapports triangulaires impliquant la Syrie, considérée sous l’angle de son jumelage avec ce pays. Bref, à Beyrouth, l’on s’attend à ce que Powell développe la même logique de pressions qu’il avait lui-même initiée en évoquant, à l’orée de la guerre contre Saddam, le remodelage de la région. Il s’agit de savoir quel degré d’intensité le secrétaire d’État va imprimer aux exigences US qui sont archiconnues. Car, c’est toujours ainsi en diplomatie, du ton adopté dépendent les limites de manœuvre de l’interlocuteur libanais. Si les demandes ne sont pas développées dans une formulation impérative, il serait possible, sans doute, d’y répondre par de vagues promesses et le fil resterait assez élastique pour gagner du temps. C’est ce qu’espèrent les responsables locaux, en se croyant fondés à penser que le forcing américain ne serait pas trop perturbant et ne les forcerait pas à des réponses franchement négatives. On sait en effet que selon Hariri, qui est le moteur même de la ligne diplomatique libanaise, le Liban tient à garder de bonnes relations avec Washington, en dépit de ce que le Premier ministre appelle pudiquement des divergences de vues sur certains sujets. On sait cependant que les choix du Liban tiennent en grande partie à ses obligations d’allié de la Syrie. Il est donc normal qu’il y ait concertation. Et Chareh est attendu à cet effet demain jeudi à Beyrouth. Il doit remettre un message d’Assad au président Lahoud. Puis, il s’entretiendra avec les autorités des retombées de l’affaire irakienne ainsi que des pressions, pour ne pas dire des menaces, américaines. Alimentées, selon les loyalistes d’ici, par le lobby sioniste qui incite l’Administration Bush à se montrer hostile à une Syrie accusée de se mettre en travers du projet US de paix dans la région. Et cela à travers le soutien que Damas accorde aussi bien au Hezbollah, qui garde le front du Liban-Sud semi-ouvert, qu’à des organisations palestiniennes radicales. Ces derniers temps, la tension a un peu décru, grâce à la fermeture de la frontière syrienne avec l’Irak, ce que les Américains ont apprécié. En précisant toutefois que cela ne suffit pas et que la Syrie doit collaborer encore plus étroitement pour lutter contre le terrorisme, comme ils disent. Ce dossier pourrait cependant, selon des sources informées, être relégué un peu au second plan. Dans ce sens que Powell, d’après ces sources, compte mettre l’accent surtout sur le redémarrage du processus régional de paix, par un traitement accéléré du volet israélo-palestinien. Mais aussi par une ouverture en vue d’enclencher sans tarder des pourparlers israélo-syriens sur le Golan et la normalisation relationnelle. La diplomatie US, estiment ces personnalités, veut aller vite en besogne par crainte de complications issues des développements en Irak, où la situation reste dangereusement confuse sur le plan politique. En d’autres termes, les Américains, constatant la montée en puissance d’un sentiment d’hostilité irakien, et arabe, redoutent que cette évolution ne torpille leurs plans pour stabiliser la région à leur goût, en réglant le conflit israélo-arabe. Quoi qu’il en soit, le Liban, répondant d’avance à Powell par la bouche de Jean Obeid, répète ses constantes : pas de lâchage de la résistance qui reste légitime tant que l’occupation subsiste ; rejet de l’accusation de terrorisme portée contre le Hezbollah, refus de l’implantation, nécessité d’une paix globale équitable ; exécution par Israël des résolutions de l’Onu ; dénonciation de la politique de deux poids, deux mesures en faveur de l’État hébreu. Et accord total avec la Syrie. Sur le plan protocolaire, comme Powell passe peu d’heures au Liban, il verra d’abord le président Lahoud en tête à tête, puis les présidents Berry et Hariri, ensuite rejoints par le ministre Obeid, participeront aux échanges. Philippe ABI-AKL
L’actualité concède quelque intérêt au débat de confiance, place de l’Étoile. Mais dans le fond, et contrairement à la règle générale ordinaire, les considérations régionales préoccupent pour le moment le Liban bien plus que ses problèmes internes. Sur ce front, capital, le nouveau gouvernement affrontera son premier test d’importance avec la prochaine visite de...