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«Un ivrogne est improductif»

Sous les anacardiers, le jus frais de cajou bouillonne sur le feu de bois dans deux fûts de 200 litres reliés par un tube en spirale à un autre fût rempli d’eau. Au bout, s’égoutte dans une bonbonne une eau-de-vie limpide. « C’est du pur, sans mélange », assure Agustinho Indami, distillateur. En avril commence en Guinée-Bissau la récolte de la noix de cajou, « l’or gris », dont l’amande est presque entièrement exportée brute vers l’Asie. Mais le fruit de l’anacardier est aussi composé d’une sorte de pomme qui, elle, reste dans le petit pays d’Afrique de l’Ouest où elle est macérée et distillée pour donner du vin et du rhum « made in Guinée-Bissau » qui font oublier aux habitants la crise économique, les arriérés de salaires et l’instabilité politique. Avril, c’est le mois de l’ivresse. Selon une étude (non publiée) de l’Institut national de recherche, le pays produirait annuellement près de 1,5 million d’hectolitres de jus de cajou, consommé plus ou moins fermenté (ou distillé) et produit artisanalement, puisqu’il n’existe aucune unité moderne pour le traiter et le rendre propre à la consommation. À chaque saison du cajou naissent de petites unités de distillation, manière pour les producteurs de cajou d’augmenter leurs revenus et de créer des emplois. Comme à Antula, quartier de la périphérie de Bissau où Agustinho Indami produit un rhum « pur, sans mélange ». Une partie de la production d’alcool est consommée localement et une autre exportée par des voies illégales vers le Sénégal et la Gambie, où le produit est connu sous le nom de « soum-soum » (« c’est bon », en langue joola) et se vend dans les « cabarets » et les « maquis ». « Le vin coule à flots, les cérémonies se multiplient et nos revenus augmentent », déclare Quinta Djù, vendeuse de vin de cajou du quartier de Caracole, à Bissau. Une source médicale, elle, affirme qu’au moins 56 personnes sont mortes en 2002 pour cause de consommation excessive de vin et rhum de cajou. « La consommation immodérée d’alcool est le principal mal de ce pays », estime Ibrahima Baldé, enseignant en langue arabe, pour qui les autorités devraient « s’attaquer au mal avant qu’il ne soit trop tard ». « Un ivrogne, constate-t-il, est improductif. »
Sous les anacardiers, le jus frais de cajou bouillonne sur le feu de bois dans deux fûts de 200 litres reliés par un tube en spirale à un autre fût rempli d’eau. Au bout, s’égoutte dans une bonbonne une eau-de-vie limpide. « C’est du pur, sans mélange », assure Agustinho Indami, distillateur. En avril commence en Guinée-Bissau la récolte de la noix de cajou, « l’or...