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Régression accentuée sur le plan de la démocratie institutionnelle

En cascade, une démission précipitée et d’innombrables arrangements dits politiques mais qui sont plutôt politiciens. Les naïfs, les idéalistes (et il en reste, heureusement) se posent des questions sur des pratiques dont le caractère démocratique est manifestement contestable. Ce qui est regrettable dans un pays qui se targue ordinairement d’être le seul de la région à abhorrer aussi bien le racisme que le totalitarisme ou l’autoritarisme. Le gouvernement libanais se forme, pour ainsi dire, dans un moule d’imposture constitutionnelle. On tourne même fâcheusement en dérision les institutions et l’on se moque de l’opinion quand on enveloppe le cadeau imposé, et empoisonné, d’un emballage de consultations. Le paquet a été en réalité préparé ailleurs, sur base d’un consensus en circuit fermé, réservé aux puissants du cru comme aux chouchous des décideurs. Certains ont de suite dénoncé la fraude, pour ne pas dire le mensonge. Et un Omar Karamé, par exemple, n’hésite pas à qualifier la formation du nouveau cabinet de simple mascarade, en refusant pour sa part d’y participer. Pour une large frange de l’opinion, il est clair que l’on déroule un scénario de série B, au profit d’une aggravation de la mainmise, du fait accompli imposé. Des Libanais s’en indignent, au nom nostalgique et irréaliste, des qualités particulières du pays. Cela un peu contre le sens de l’histoire, si l’on prend en compte la campagne menée par l’Occident, USA en tête, pour une évolution de cette région vers de sains systèmes démocratisants. Un ordre rêvé qui réduirait sinon à néant du moins à la portion congrue les notions de parti et de pensée uniques. Or la vie politique locale se trouve martelée, à travers les présents développements gouvernementaux, par une marche forcée vers cette pensée unique. Qui risque, paradoxalement et malheureusement, d’attiser les clivages d’ordre confessionnel, en démultipliant les ressentiments des exclus. Certaines franges, communautairement définies, se trouvent en effet plus que jamais frappées d’ostracisme. Pour ne pas dire trahies, car on prétend les faire représenter par des éléments déterminés qui ne leur appartiennent que sur le papier (d’état civil). Dans la même logique, et au mépris des plus élémentaires exigences de compétence, certains portefeuilles se trouvent consacrés comme étant l’apanage de communautés ou de groupes définis. On transforme le gouvernement, en quelque sorte, en une sorte de pendant de l’Administration. C’est-à-dire qu’on y fourre les hommes liges de pôles donnés et qu’on en fait profiter des communautés au détriment d’autres. En leur réservant les départements aux budgets les plus juteux. Pour être plus spécifique, on note que, comme dans les élections dans nombre de régions ou comme dans les postes administratifs, beaucoup de ministres chrétiens sont en réalité choisis par des leaderships mahométans. L’inverse n’est pas vrai, pour qu’on puisse parler d’équilibrage. Les titulaires des portefeuilles chiites et sunnites sont en effet exclusivement, ou presque, sélectionnés par Berry et Hariri. Le premier désigne parmi les chrétiens un Michel Moussa (dont la valeur personnelle n’est pas contestée), par exemple. Et on voit mal comment, pour lui rendre la pareille, les représentants du Kesrouan-Jbeil pourraient imposer un Abbas Hachem pour représenter leur région en même temps que sa communauté (chiite). La dégradation du système voulu par Taëf se poursuit donc et se confirme. Les principes premiers, l’entente et la coexistence, sont délaissés et le pacte national se trouve contourné, tronqué. Les proches des décideurs ceux qui s’en affirment les hérauts ou s’en font les avocats (c’est le mot) sont au pinacle. Pour certains, c’est encore admissible car ils manifestent un minimum de capacité et de culture. Mais pour bien d’autres, on est manifestement loin de tout critère de compétence et d’efficacité. Leur seul mérite semble être d’avoir su rendre service, sur un plan particulier, à des décideurs déterminés. L’effet d’érosion ou d’empoisonnement est tel qu’il affecte même les rangs des loyalistes. Il semble ainsi qu’à cause de la déception de nombre de ministrables, d’ailleurs qualifiés, le Rassemblement parlementaire de concertation ait déjà volé en éclats. C’est du moins ce qu’indique l’un de ses piliers qui précise que plusieurs députés ont même l’intention de passer à l’opposition, contre le gouvernement. Du côté de Kornet Chehwane, on affirme que le bloc sort renforcé des présentes péripéties ministérielles, car il a refusé d’entendre le chant des sirènes et d’adhérer au gouvernement. Ce groupe précise que si certains de ses membres deviennent ministres, ils ne représenteraient que leur propre personne. Et la rue de l’Est reste sur la touche, en pratique. Comme quoi, c’est à un faux changement que finalement l’on assiste. Philippe ABI-AKL
En cascade, une démission précipitée et d’innombrables arrangements dits politiques mais qui sont plutôt politiciens. Les naïfs, les idéalistes (et il en reste, heureusement) se posent des questions sur des pratiques dont le caractère démocratique est manifestement contestable. Ce qui est regrettable dans un pays qui se targue ordinairement d’être le seul de la région à...