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L’objectif américain après l’Irak : imposer aussi bien à la Syrie qu’à Israël la paix « à la sauce Bush junior » Les pressions US liées à la « feuille de route » du quartette

Libanais ou arabes, les diplomates s’accordent à souligner que les menaces US dirigées contre la Syrie sont autant de pressions visant à faire passer la « feuille de route » du quartette. Souscrivant à ce point de vue, Ghassan Tuéni déclare dans un entretien télévisé que les États-Unis inscrivent à leur programme, après l’Irak, la question palestinienne. Et que les semonces américaines sont destinées à amener la Syrie à accepter ce qu’elle refusait jusqu’à présent. C’est-à-dire la paix à la sauce Bush junior. Détaillant cette perspective, un ambassadeur arabe énumère les éléments suivants : – Assurer, comme entrée en matière obligatoire d’une paix globale, la sécurité d’Israël. Cet objectif rejoint les priorités de tous les gouvernements israéliens qui se sont succédé depuis la mort de Rabin, de Netanyahu à Sharon en passant par Barak. Israël affirme en effet qu’une paix sur le papier n’aurait aucun sens si des tensions sécuritaires devaient subsister avec ses voisins arabes. Dans cet esprit, Sharon demande aux États-Unis de dissiper ce qu’il appelle le péril syrien, après avoir éliminé le danger irakien. Il exige des Palestiniens de prendre la décision stratégique d’éradiquer ce qu’il nomme le terrorisme. En affirmant que s’ils s’y conforment, la paix interviendrait plus vite que certains ne le pensent. Il ajoute que tout dépend dès lors de la mise en place d’une direction palestinienne différente qui lutterait contre l’activisme, en gommant les organisations armées qui recourent à la violence. Sharon mise sur les pôles palestiniens modérés, comme Abou Mazen, qui semblent convaincus qu’on ne peut faire fléchir Israël par des attentats. Le Premier ministre israélien souligne qu’il ne ferait aucune concession concernant la sécurité. Mais qu’il est prêt, par contre, à ce qu’il désigne comme de douloureux sacrifices, pour lui personnellement comme pour tout israélite, en ce qui concerne des territoires symboliquement importants pour le peuple juif, comme Bethléem, Beit El ou d’autres agglomérations. – Partant de là, ce serait la consécration du principe « la sécurité avant la paix ». Ce qui signifie que le gouvernement d’Abou Mazen devrait larguer l’intifada, le Hamas, le FPLP et le Jihad islamique. De même, la Syrie et l’Iran auraient à neutraliser le Hezbollah, à l’éloigner du Sud où l’armée libanaise se déploierait, tandis que Damas expulserait les organisations palestiniennes qu’il héberge. Selon ce diplomate arabe, la Syrie, épaulée par des pays arabes comme par le trio Europe-Chine-Russie, n’accepterait ces conditions qu’en cas de retrait israélien du Golan comme de Chebaa. D’ailleurs cette restitution, conforme aux résolutions de l’Onu et aux principes de Madrid, ne signifierait pas la paix mais permettrait l’arrêt de la résistance et des violences. Il y aurait ensuite des négociations pour parvenir à un règlement global dans la région. Sur base de la « feuille de route » du quartette sans les amendements fondamentaux que réclame Israël. – Au stade final, il pourrait y avoir blocage, en raison des différences de concept entre Israël et les Arabes. L’État hébreu veut en effet une paix dite cordiale, avec pleine ouverture des frontières, représentation diplomatique complète et échanges économiques ou culturels intensifiés. En face, on n’envisage qu’une paix froide, à l’image de celle qui existe entre Israël, l’Égypte et la Jordanie. Les gouvernements arabes font valoir qu’ils ne peuvent pas imposer à leurs peuples une normalisation relationnelle totale, après tant d’années de haine. Toujours est-il, souligne la source citée, que les Américains soutiennent Israël dans la phase préliminaire. C’est-à-dire qu’ils veulent que la sécurité soit d’abord assurée, avec arrêt définitif des violences. Mais ensuite, ajoute le diplomate arabe, Washington exercerait des pressions sur les Israéliens pour qu’ils avalisent la « feuille de route » dans sa version originale, en cessant d’en réclamer la modification. Cela étant, on ne sait pas encore quels mécanismes pratiques les Américains vont adopter. S’ils vont recourir à la méthode kissingerienne du pas à pas, ce qui impliquerait le règlement de la question palestinienne d’abord. Ou s’ils vont adopter le package deal, avec traitement simultané de tous les volets, le syro-libanais comme le palestinien. Certains professionnels estiment même qu’il serait plus facile d’arranger d’abord les choses du côté du Golan que d’aborder les complexités territoriales de la création d’un État palestinien. Émile KHOURY
Libanais ou arabes, les diplomates s’accordent à souligner que les menaces US dirigées contre la Syrie sont autant de pressions visant à faire passer la « feuille de route » du quartette. Souscrivant à ce point de vue, Ghassan Tuéni déclare dans un entretien télévisé que les États-Unis inscrivent à leur programme, après l’Irak, la question palestinienne. Et que les...