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Actualités

Deux poids, deux mesures

Un vaste coup de pied dans la fourmilière. C’est ainsi que l’on souhaiterait que soit placée l’opération choc et stupeur qui vient d’être menée à son terme par les troupes américaines et britanniques. Avec la victoire rapide des forces de la coalition en Irak, il est permis, en effet, d’espérer que la chute du régime de Saddam Hussein servira de catalyseur à un processus complexe susceptible de faire bouger les choses dans la région. Si l’Administration Bush s’emploie réellement, comme elle l’affirme, à réaliser cet objectif proclamé, il s’agira là incontestablement d’un acquis inespéré, d’une occasion historique à saisir au vol. Car, depuis plus d’un demi-siècle, le Moyen-Orient est l’une des zones les plus sclérosées, les plus figées de la planète, en termes d’évolution sociopolitique et de développement économico-culturel. Il est sans doute grand temps de tenter de bousculer les mentalités, de modifier certaines pratiques. Dans ce contexte d’immobilisme endémique au M-O, les récentes prises de position adoptées par Damas à l’égard de la nouvelle donne apparue en Irak méritent qu’on s’y attarde. Peu de temps après l’entrée des Marines à Bagdad, le pouvoir syrien soulignait la nécessité de mettre en place un « régime démocratique et pluraliste » à Bagdad. Il précisait par la même occasion que le nouveau pouvoir devrait être issu véritablement de la « volonté populaire » et ne pas être, par voie de conséquence, le reflet d’un desiderata étranger (en l’occurrence américain). Et suivant cette même logique, Damas a réclamé le « retrait des troupes américaines et britanniques » (en d’autres termes « étrangères ») du territoire irakien. Une telle attitude est, certes, plus que louable. Rien de plus naturel qu’elle sous-tende les rapports entre des pays voisins, souverains et libres. Précisément, depuis plus d’une décennie (en fait, depuis bien plus longtemps encore), les Libanais ne revendiquent rien de plus que ce que le pouvoir syrien réclame pour son puissant voisin. Pourquoi ce que Damas juge évident et nécessaire pour Bagdad ne serait-il pas valable au niveau de ses relations avec Beyrouth ? Il serait déplorable que les bouleversements survenus dans la région ne soient pas mis à profit pour repenser le dossier de la crise libanaise. En rééquilibrant les rapports avec le pouvoir syrien, sur base du respect des spécificités de chaque pays, sur base d’une confiance retrouvée, devant se susbstituer au diktat, à la satellisation et aux décisions motivées par la seule raison d’État syrienne. Au plan strictement libanais, le « renforcement du front interne pour faire face aux défis régionaux » – comme le réclament les milieux loyalistes – impose inéluctablement de mener à bien, enfin, ce débat national tant attendu censé aboutir à une réconciliation véritable (et non de façade), puis à un consensus sur les fondements d’un nouveau pacte, d’un nouveau système politique. Un système reflétant la « seule volonté populaire », exprimée loin de tout « diktat étranger », et permettant l’émergence d’un « régime démocratique et pluraliste », comme le réclame le pouvoir syrien lui-même dans le cas de l’Irak. La clé d’une telle entreprise de sauvetage est incontestablement l’élaboration d’une loi électorale équilibrée permettant une représentation équitable de toutes les composantes sociocommunautaires du pays. À l’heure où un nouveau gouvernement est sur le point d’être mis sur pied, c’est sur une telle loi électorale que les responsables se doivent de plancher en toute priorité. Car c’est sans doute à cette seule condition qu’il sera possible d’assainir le climat interne et de bâtir des relations durables de confiance entre Libanais, d’abord, et avec le voisin syrien, ensuite. Michel TOUMA
Un vaste coup de pied dans la fourmilière. C’est ainsi que l’on souhaiterait que soit placée l’opération choc et stupeur qui vient d’être menée à son terme par les troupes américaines et britanniques. Avec la victoire rapide des forces de la coalition en Irak, il est permis, en effet, d’espérer que la chute du régime de Saddam Hussein servira de catalyseur à un...