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Crise irakienne - Des responsables pensent qu’il est désormais inutile d’en appeler à l’Onu La diplomatie libanaise consciente des nouvelles réalités au Proche-Orient

Le Liban est aujourd’hui absolument conscient des transformations opérées sur la scène proche-orientale du fait de la nouvelle politique des États-Unis dans cette région, après l’invasion de l’Irak et l’escalade verbale déclenchée par Washington contre la Syrie, assurent des responsables libanais cités par notre correspondant diplomatique, Khalil Fleyhane. Pour ces responsables, tout le monde doit garder à l’esprit que la nouvelle politique unilatérale adoptée par les États-Unis repose sur le credo formulé par le président George Bush, ou – selon l’expression d’un haut dirigeant libanais – le « bushisme politique », à savoir que « ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous ». De ce fait, ajoutent ces responsables, le Liban doit se rendre compte que le Conseil de sécurité et, plus globalement, les Nations unies ne constituent désormais plus l’instance où s’exerce la légalité internationale. Ils vont même jusqu’à souligner qu’il est parfaitement vain et déplacé aujourd’hui pour Beyrouth, comme pour tout le monde, de réclamer qu’un rôle soit attribué à l’Onu, les États-Unis ayant réussi à rendre l’organisation internationale impotente. Que les 191 autres membres des Nations unies y trouvent à redire ou non ne changerait rien à l’affaire. Analysant la situation régionale à la suite de la chute du régime de Saddam Hussein, ces responsables estiment que les développements actuels entrent dans le cadre d’un plan américain visant à soumettre un certain nombre d’États à la volonté de Washington. Il s’agit par exemple de les amener à cesser toute assistance à des opérations de résistance, tout transfert d’armes à des organisations considérées par Washington comme terroristes, nonobstant l’ensemble des textes et des conventions internationales stipulant le droit à la résistance contre l’occupation. Les mêmes responsables soulignent la franchise et la clarté avec lesquelles les États-Unis expriment leurs exigences. Tant le secrétaire d’État, Colin Powell, que les responsables du Pentagone ont fait savoir leur intention de faire payer le prix de leur refus à tous les pays qui n’ont pas soutenu Washington dans sa guerre contre l’Irak et de les écarter de tout rôle direct ou par le biais des Nations unies dans l’Irak de l’après-Saddam Hussein. C’est dans ce contexte, poursuit-on de mêmes sources, que l’on peut comprendre le silence (relatif) dans lequel s’enferment les États arabes depuis la chute du régime irakien. Les responsables cités ne manquent pas de pointer du doigt le « mutisme absolu » observé par Bahreïn, État qui a pris la succession du Liban à la présidence du sommet arabe, et ce en dépit de l’invasion d’un pays membre de la Ligue arabe. Laquelle Ligue est elle-même silencieuse, à l’exception de son secrétaire général, Amr Moussa, qui se manifeste de temps en temps et prend des positions importantes, mais qui demeurent somme toute personnelles. Toujours selon les mêmes responsables, deux États arabes se trouvent dans l’immédiat dans la ligne de mire des Américains : ce sont la Libye et le Soudan. Mais les États-Unis, ajoutent-ils, ne se contenteront pas de faire plier les pays dont la politique leur déplaît. Selon certaines informations, ils s’emploient aussi, avec l’aide des pays arabes qui leur sont acquis – ou qui les craignent –, de détruire la Ligue arabe de la même façon qu’ils ont détruit les Nations unies. On s’attend, de mêmes sources, à ce que, dans les toute prochaines semaines, les voix de certains dirigeants arabes s’élèvent – sous l’impulsion directe du Pentagone – pour réclamer une nouvelle stratégie arabe de sécurité. Un service spécialement conçu à cet effet est en passe d’être créé au sein même du département américain de la Défense, assure-t-on. Ainsi, concluent les responsables, on voit bien que face à la réalité nouvelle, le Liban pas plus que les autres États arabes ne seraient en mesure de concrétiser une quelconque opposition parce que, le cas échéant, la sanction viendrait « à la manière irakienne ».
Le Liban est aujourd’hui absolument conscient des transformations opérées sur la scène proche-orientale du fait de la nouvelle politique des États-Unis dans cette région, après l’invasion de l’Irak et l’escalade verbale déclenchée par Washington contre la Syrie, assurent des responsables libanais cités par notre correspondant diplomatique, Khalil Fleyhane. Pour ces...