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L’Amérique face à la tentation de « l’hyperpuissance »

Avec le contrôle de Bagdad, la puissance militaire américaine apparaît plus que jamais sans égale et les États-Unis se retrouvent pris entre la tentation d’affirmer une suprématie sans partage et les appels à associer la communauté internationale à leur action. Depuis des mois, l’Administration du président George W. Bush oscille entre ces deux approches dans sa politique irakienne, relançant l’Onu sur le dossier irakien en septembre dernier, pour finalement se lancer dans la guerre sans feu vert spécifique de l’organisation mondiale. Washington se retrouve aujourd’hui face au même dilemme : instaurer une « Pax Americana » en Irak, au risque que ce pays apparaisse comme un protectorat, ou au contraire associer largement les Nations unies, quitte à voir revenir dans le jeu les adversaires d’hier, comme les Français, les Russes et les Allemands. Le débat a rarement été aussi intense sur ce sujet entre néoconservateurs partisans d’une affirmation sans complexes de la prééminence américaine, et internationalistes soucieux de ne pas couper l’Amérique du reste du monde. « La guerre en Irak est un test pour le système international », relève Thomas Donnelly, de l’American Enterprise Institute (AEI), un centre d’études proche des « faucons » comme le vice-président Dick Cheney ou le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. Le « nouvel ordre mondial » qui émergera de cette guerre sera « unipolaire et marqué par une primauté et un leadership américains encore plus importants qu’autrefois », estime-t-il dans une étude sur les conséquences du conflit. « Nous semblons sortir de la période post-guerre froide, pour aller vers une ère durable de Pax Americana », assure M. Donnelly, en souhaitant que les organisations internationales soient réformées pour refléter cette « nouvelle réalité ». Cette vision n’est pas partagée par d’autres analystes, qui estiment que l’immensité de la tâche à accomplir pour reconstruire l’Irak, et la nécessité de poursuivre une guerre de longue haleine contre le terrorisme international, vont amener Washington à calmer le jeu sur la scène internationale et à rechercher une large coopération auprès de l’Onu. « Les États-Unis ont intérêt à retourner devant les Nations unies. L’Onu seule peut apporter une légitimité qui rendra les choses beaucoup plus faciles » pour remettre l’Irak sur pied, et à plus long terme, faire face à d’autres crises, estime Rachel Bronson, du Council on Foreign Relations (CFR), un institut new-yorkais. Pour Helmut Sonnenfeldt, spécialiste des questions internationales à l’Institut Brookings, la tournure que pourraient prendre les débats à l’Onu dans les prochaines semaines sera décisive pour les orientations du président Bush. « Si l’on assiste à une répétition des querelles des derniers mois sur les résolutions du Conseil de sécurité, alors les États-Unis iront voir ailleurs comment s’occuper de l’Irak », estime-t-il. « En revanche, si tout le monde fait preuve de modération, il devrait être possible de continuer à travailler dans le cadre du Conseil de sécurité », affirme cet ancien conseiller du président Richard Nixon.
Avec le contrôle de Bagdad, la puissance militaire américaine apparaît plus que jamais sans égale et les États-Unis se retrouvent pris entre la tentation d’affirmer une suprématie sans partage et les appels à associer la communauté internationale à leur action. Depuis des mois, l’Administration du président George W. Bush oscille entre ces deux approches dans sa politique...