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Les Arabes hostiles à une administration US et au général Garner

L’idée d’une administration provisoire américaine en Irak ne rencontre qu’hostilité dans le monde arabe, et la personnalité du « proconsul » choisi par Washington, Jay Garner, attire particulièrement la critique. L’Égypte et plusieurs autres alliés de Washington dans la région ont répété, dès les premières informations sur la chute du régime irakien mercredi, que le peuple irakien devait choisir lui-même son gouvernement. Le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Maher a indiqué après un entretien hier au Caire entre le président Hosni Moubarak et le chef de la diplomatie saoudienne Saoud al-Fayçal que l’Égypte et l’Arabie saoudite réclamaient que le peuple irakien « choisisse son gouvernement librement et au plus vite ». Le président égyptien a également demandé à son homologue américain et à Tony Blair, « d’œuvrer à la stabilité en Irak ». La Jordanie, le Koweït et Bahreïn ont également assuré que c’était au peuple irakien de choisir son gouvernement. L’avenir de l’Irak doit se décider dans le cadre de la légalité internationale et refléter le choix du peuple irakien, a ainsi déclaré hier le ministre jordanien de l’Information Mohammed Adwan. Ces déclarations reflètent l’inquiétude des pays arabes à l’égard des plans des États-Unis et notamment de la nomination du général américain en retraite Jay Garner comme futur administrateur civil provisoire de l’Irak. « Jay Garner a des relations étroites avec Israël, et sa nomination est l’expression des objectifs du groupe des faucons de l’Administration américaine », affirme Hassan Nafaa, chef du département de sciences politiques à l’Université du Caire. Il estime que les États-Unis « vont diriger militairement l’Irak pendant une période transitoire, avant d’installer un régime qui leur sera totalement inféodé et qui demandera le maintien de la présence américaine ». Pour M. Nafaa, les pays arabes craignent ces développements car « le changement va ensuite affecter ces États », à commencer par la Syrie, pays désigné par Washington comme l’un des « soutiens du terrorisme international ». « Une occupation militaire directe inquiète les pays arabes, et je crois que les Irakiens n’accepteront pas une telle occupation. Si la présence américaine s’éternise, il y aura une résistance à l’occupation », estime de son côté l’analyste égyptien Makram Mohammed Ahmed. Le journal gouvernemental égyptien al-Ahram souligne lui aussi que « les faucons du Pentagone » ont choisi de « mettre en place un gouvernement militaire sous la direction du général Garner sans aucune considération pour les réserves du département d’État ou les craintes exprimées par certains milieux arabes ». « Ce général à la retraite est considéré comme extrêmement proche d’Israël », qui « sera l’un des premiers bénéficiaires de la guerre », ajoute le journal. Il estime que « si Garner devient gouverneur militaire américain, il accordera aux sociétés israéliennes une part dans le gâteau de la reconstruction » de l’Irak. Pour sa part, l’agence officielle égyptienne Mena souligne les liens du général Garner avec les compagnies d’armement et « sa relation étroite avec les groupes israéliens conservateurs ». « Ces liens ont suscité les soupçons des Arabes, dont certains pensent que le fait de le nommer à la tête de l’administration du futur Irak vise à protéger Israël et non à libérer l’Irak », ajoute l’agence. Le général Garner est notamment associé au Jewish Institute for National Security Affairs (JINSA), un groupe d’études basé à Washington militant pour des liens étroits entre Israël et les États-Unis. Il a signé en octobre 2000 une pétition du JINSA rendant hommage à la politique de « retenue » de l’armée israélienne face au soulèvement palestinien. Selon des responsables américains ayant requis l’anonymat, les États-Unis ont l’intention de diviser l’Irak en trois zones, dirigées chacune par un administrateur civil intérimaire. Ainsi, la région du centre, comprenant Bagdad, serait dirigée par l’ancien ambassadeur américain au Yémen, Barbara Bodine, alors que deux généraux américains à la retraite seraient en charge du sud et du nord du pays. Les trois responsables seraient chapeautés par le général Garner.
L’idée d’une administration provisoire américaine en Irak ne rencontre qu’hostilité dans le monde arabe, et la personnalité du « proconsul » choisi par Washington, Jay Garner, attire particulièrement la critique. L’Égypte et plusieurs autres alliés de Washington dans la région ont répété, dès les premières informations sur la chute du régime irakien mercredi,...