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À Beyrouth, on espère une résurrection de la Ligue

La Ligue arabe est en déconfiture. Elle s’est montrée incapable de prévenir la guerre, ou même d’empêcher certains de ses membres d’en être les complices. Cependant, un ancien ambassadeur libanais estime que cette organisation peut encore se rattraper. En unifiant ses rangs par rapport à la phase prochaine, pour être en mesure de jouer un rôle de premier plan. La Ligue, dit ce professionnel, peut lier la reconnaissance d’un nouveau régime irakien au règlement de la question palestinienne. En d’autres termes, les pays arabes exigeraient, pour avaliser les résultats politiques de la guerre contre l’Irak, que les USA et la Grande-Bretagne prennent à bras le corps le dossier palestinien, pour une solution équitable. En démultipliant les pressions dans ce sens par une action diplomatique concertée avec l’Europe, la Russie et la Chine. Les pays arabes, ajoute cette personnalité, ne doivent en aucun cas se contenter des promesses américaines ni attendre que la figue tombe de l’arbre pour l’avaler. Il leur faut agir, car les engagements US peuvent facilement s’évaporer du fait des positions israéliennes hostiles à un juste arrangement. On l’a déjà vu avec les principes de Madrid, reniés par Israël. À ce propos, selon l’ancien diplomate, il n’y a pas lieu d’organiser une nouvelle conférence de paix. Ni de promulguer de nouvelles résolutions onusiennes. À ses yeux, ce serait du temps perdu en débats stériles et paralysants. Les décisions existent déjà, il suffit de les concrétiser à travers des mécanismes précis. On peut de la sorte se rabattre sur la feuille de route. Et le quartette signataire doit être prêt à se mettre à table, pour négocier les détails, avec les Israéliens et avec les Palestiniens. Cela dès qu’Abou Mazen aura terminé la mise en place de son gouvernement. Le principe d’un État palestinien étant acquis, il reste à en négocier les frontières définitives, ainsi que le statut de Jérusalem et le retour des réfugiés. Comme Joumblatt, la source citée met en garde les Arabes contre le risque de voir un nouveau régime irakien installé par les Américains, et qu’ils auraient trop vite reconnu, reconnaître à son tour Israël, dans une sorte de nouvel accord du 17 mai. Le diplomate répète que les Arabes doivent prendre les devants, en posant leurs conditions les premiers : pas de reconnaissance d’un nouveau régime irakien sans traitement immédiat de la question palestinienne sur des bases équitables. Faute de quoi, prévient l’ancien ambassadeur, les Arabes se retrouveraient plus divisés que jamais. Certains auraient reconnu le nouveau régime irakien. Mais d’autres non, malgré les pressions économiques ou autres que ce dernier camp subirait. Il faut donc s’y prendre dès à présent. Et le secrétaire général de la Ligue, Amr Moussa, est invité à relancer les États membres pour planifier une position unifiée à proclamer immédiatement, par le biais d’un sommet, dès la fin de la guerre. En insistant pour que tous les gouvernements concernés respectent la règle élémentaire qui veut que nul ne doit faire cavalier seul et qu’il faut en référer à la Ligue avant toute prise de position. Tout contrevenant assumerait la responsabilité devant les peuples arabes et devant sa propre opinion. Sans un tel sursaut, conclut le diplomate, la Ligue risque de disparaître corps et biens. Détente locale Toujours à Beyrouth, les inquiétudes pour la Ligue sont compensées par une détente locale. Les recommandations syriennes ont porté leurs fruits. Les dirigeants sont convenus de mettre de côté les zizanies internes. De renforcer la cohésion du pouvoir, pour mieux faire face aux retombées de la guerre en Irak. À la suite du dernier tête-à-tête Lahoud-Hariri, le ton a radicalement changé. Auparavant, on pouvait penser que le chef de l’État rêvait de larguer Hariri, de former un gouvernement qui serait présidé par un autre. Aujourd’hui, l’on entend répéter que le président de la République n’a pas l’intention d’entrer en conflit avec le Premier ministre. Mais, bien au contraire, de resserrer la coopération, même si leurs priorités sont distinctes. On ajoute, du côté des loyalistes proches de Baabda, qu’il faut reconnaître les mérites de Hariri, à qui le pays doit Paris II. Bien entendu, l’hôte de Koraytem surenchérit sur le thème de l’harmonie. Les raisons de cette évolution relationnelle se résument comme suit : – La Syrie s’est montrée tranchante : la gravité de la situation régionale interdit les querelles intestines. Si les présidents ne peuvent s’accorder sur des sujets déterminés, ils doivent les mettre de côté pour le moment. – Le changement de gouvernement est pratiquement irréalisable. Il se trouve en effet soumis aux conditions constitutionnelles suivantes : si le président du Conseil démissionne ou décède ; si le cabinet perd plus du tiers de ses membres ; si un nouveau mandat présidentiel commence ou si une nouvelle Chambre s’installe ; si le Parlement vote la défiance. Aucun de ces cas de figure ne se présente actuellement. – Politiquement aussi, la phase critique présente interdit toute crise ministérielle ouvrant la voie à d’âpres tiraillements. De plus, il faut attendre la fin de la guerre en Irak, car ses résultats conditionnent largement la nature comme la composition du prochain cabinet. Le gouvernement restant en place, il faut qu’il puisse produire. Dès lors, une entente minimale est requise entre les dirigeants. Ils peuvent rechercher des compromis sur les dossiers litigieux. S’ils y parviennent, des projets peuvent être réalisés. Et là où ils n’y arrivent pas, le débat serait reporté à plus tard. Cela semble être le cas pour le cellulaire. La priorité va en tout cas à l’unité des rangs, pour faire face aux retombées de la guerre en Irak. Une éventuelle reconduction du mandat présidentiel n’est pas liée à la conjoncture présente ni à la forme du prochain gouvernement. Elle dépendrait des circonstances qui prévaudraient en temps dû. L’histoire montre que les élections présidentielles au Liban sont le fruit du moment même. Ainsi la prorogation du mandat de Hraoui, qui rencontrait beaucoup d’opposition, s’est faite littéralement d’un coup de plume : deux lignes de Hafez el-Assad dans un entretien à l’Ahram égyptien. Émile KHOURY
La Ligue arabe est en déconfiture. Elle s’est montrée incapable de prévenir la guerre, ou même d’empêcher certains de ses membres d’en être les complices. Cependant, un ancien ambassadeur libanais estime que cette organisation peut encore se rattraper. En unifiant ses rangs par rapport à la phase prochaine, pour être en mesure de jouer un rôle de premier plan. La Ligue,...