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Travaux publics - La commission d’architecture suspendue par le ministre La partialité des spécialistes a paralysé le secteur du bâtiment, dénonce Mikati

La commission d’architecture opérant au sein de la Direction générale de l’urbanisme (DGU) sur base du décret n° 1/276, datant du 2 octobre 1997, a été suspendue par le ministre des Travaux publics, M. Nagib Mikati. En réponse à cette décision, l’Ordre des ingénieurs et des architectes présidé par M. Sobhi Bsat a annoncé la création, dans les prochains jours, d’une celulle de contrôle ayant les mêmes prérogatives que la commission d’architecture. Rappelons que cette commission, nommée par le ministre des Travaux publics, était chargée d’évaluer les formes esthétiques des grands projets et leur impact sur l’environnement qu’il soit bâti, naturel, humain, géographique ou social. Les esquisses de complexes urbains couvrant 4 000 mètres carrés de construction ou plus sont soumis à un jury qui se prononce sur les plans et apporte les rectifications nécessaires. Ou encore les déclare non constructibles. Signalons qu’en 1998, suite à un conflit entre la société Solidere et la commission, le président Hariri avait demandé à M. Ali Harajli, à l’époque ministre des Travaux publics, d’invalider cet organisme. Le ministre s’étant opposé à une telle mesure, le directeur de la DGU, Saad Khaled, avait gelé la commission. Remise en service sous le gouvernement Hoss, elle est à nouveau dans le collimateur du gouvernement. Un litige autour d’un projet à l’Unesco oppose, croit-on comprendre, la commission d’architecture au ministère de l’Éducation. Celui-ci a décidé d’entreprendre la construction d’un édifice de 17 étages qui « détruirait la conception originale d’un espace basé sur une symétrie axiale », signale M. Assem Salam, ancien président de l’Ordre des ingénieurs et architectes. « Or la stratégie fondamentale consiste à modifier pour valoriser tout ce qui existe déjà. L’architecte ne peut travailler seul dans son coin, il doit remplir sa page en fonction de la page précédente. Il doit suivre l’ordre du discours, c’est-à-dire transformer une structure solitaire, illisible, en structure solidaire, bien lisible pour tous », explique M. Salam. Il ajoute qu’il est « ridicule », voire « grave » de dissoudre un organisme qui œuvre pour « l’intérêt public » et qui tente de « mettre un frein à la laideur et au chaos urbains. Si cette commission est jugée incompétente, qu’on en nomme une autre », a-t-il dit. Dans le même esprit, mais formulé différemment, M. Ziad Akl, doyen de l’Institut d’urbanisme de l’Alba, souligne que « le principe d’une commission d’évaluation des grands projets est très louable ». Il a toutefois indiqué que les membres de la commission étant tous des architectes, « leurs débats prennent souvent l’allure d’une confrontation d’idées passionnelle et orgueilleuse, générant une dose de subjectivité et d’injustice. Si les membres du jury appartenaient à des disciplines et compétences diverses, il y aurait plus de chance que les projets à juger soient passés au crible de toutes ses composantes, donc en fonction des différentes nuisances possibles ». M. Akl ajoute que « ce rôle incombe au Conseil supérieur de l’urbanisme dont les membres viennent d’horizons différents et appartiennent à des responsabilités complémentaires. Leur verdict a plus de chance d’être froid et objectif ». L’architecte suggère également d’ » imposer au propriétaire et au concepteur du projet une étude d’impact sur l’environnement: ensoleillement, ventilation, circulation, accessibilité, intégration au milieu bâti, au paysage, aux infrastructures, au milieu social, etc ». Restera l’évaluation esthétique d’un projet, une « tâche très délicate », a-t-il dit. « En architecture, l’expression esthétique est surtout un diagnostic, sinon le verdict culturel d’une société. Et là, ce n’est plus la commission qu’il faut plaindre, mais nous tous. Finalement, on a ce qu’on mérite. » Contacté par L’Orient-Le Jour, le ministre Nagib Mikati a dénoncé le manque d’objectivité de la commission qui avait tendance à juger tous les projets comme étant « médiocres ». Même ceux conçus par des architectes internationalement reconnus. Il a révélé, en substance, que la commission faisait rarement preuve d’impartialité. L’esprit prompt à critiquer, elle cherchait la petite bête jusque dans les moindres détails (une fenêtre qui devrait être située ici et pas là ; une façade à dresser côté est et non pas ouest ou encore un balcon considéré trop étroit, etc). « La loi de la construction énonce les contraintes règlementaires et les normes, mais elle n’a pas à définir ce qui est beau ou ce qui est laid », a souligné le ministre. « Elle ne stipule pas qu’un projet est aliénant parce qu’il n’a pas été conçu par une boîte d’architecture “ amie ”. Nous voulions une commission d’évaluation, ayant un rôle de consultation, non un jury siégeant pour rendre un verdict, injustement sévère, qui paralyserait le secteur du bâtiment. » Concrètement, on ne sait plus à quel saint se vouer. Doit-on donner à une commission le droit de décider du sort d’un projet ? Ou faut-il laisser faire et rajouter au chaos urbanistique existant, image effarante d’erreurs et d’errances faites à partir de gymnastiques ridicules par des bandes d’ingénieurs, d’architectes, d’entrepreneurs, mais aussi de responsables, ivres d’idées fantaisistes et de spéculations ? Le ministre Mikati indique que des contacts sont en cours avec l’Ordre des ingénieurs pour trouver un substitut à cette commission. Il se penche sur la création d’un groupe de consultants-architectes à la retraite, capables de juger en toute équité. May MAKAREM
La commission d’architecture opérant au sein de la Direction générale de l’urbanisme (DGU) sur base du décret n° 1/276, datant du 2 octobre 1997, a été suspendue par le ministre des Travaux publics, M. Nagib Mikati. En réponse à cette décision, l’Ordre des ingénieurs et des architectes présidé par M. Sobhi Bsat a annoncé la création, dans les prochains jours,...