La stabilité au cœur des préoccupations du pouvoir

Dans les allées du pouvoir, comme dans les cercles politiques, on s’émeut beaucoup de la double tentative d’attentat aux explosifs contre le MacDonald’s de Dora qui a failli provoquer une effroyable tragédie. Les officiels ne voient pas ce qui peut justifier de tels actes. – Tout d’abord, remarquent-ils, les Libanais sont unanimement contre la guerre en Irak. Cette position nationale permet de promouvoir la coexistence en consolidant le front intérieur. Les actes terroristes ne peuvent, dans ces conditions d’harmonie, ramener le pays aux temps de la guerre domestique. – Le MacDonald’s, comme bien d’autres établissements qui affichent des marques étrangères pour opérer sous licence, est en réalité une entreprise bien libanaise. Son personnel et sa clientèle sont nationaux. En l’attaquant, on allait nuire à des compatriotes sans atteindre les Américains. – C’est Israël qui peut profiter de telles explosions au Liban. Israël et pas l’Irak. En effet, c’est l’État hébreu qui a intérêt à voir ce pays déstabilisé sécuritairement et désuni politiquement. Les attentats sont donc un coup porté à la position du Liban hostile à la guerre contre l’Irak. Ils n’ont aucun impact sur les USA. Si l’on veut attaquer les intérêts de ces derniers ou d’Israël, il faudra chercher à le faire dans les pays qui soutiennent la guerre, non pas dans ceux qui lui sont opposés. En ciblant des entreprises au Liban, en faisant des victimes libanaises innocentes, on n’aide pas le peuple irakien, on lui nuit. Et on sert les ennemis du Liban comme les intérêts des USA et des bellicistes. Le chef de l’État a fustigé la tentative d’attentat. Pour le pouvoir, la sécurité et la stabilité sur le terrain sont une ligne rouge, d’autant qu’elles conditionnent la stabilité économique. En frappant les intérêts vitaux d’un pays qui soutient la cause de l’Irak, les terroristes montrent qu’ils sont des ennemis de ce pays et des agents à la solde d’Israël. Les officiels espèrent que les investigations permettront d’identifier et d’arrêter les coupables. Pour qu’ils soient sévèrement châtiés. Car l’anarchie doit être combattue, faute de quoi le pays irait à la dérive, sécuritairement et économiquement. Ils concluent que loyalistes et opposants confondus doivent se liguer contre la subversion et soutenir l’État dans ce domaine. De fait, tout résident au Liban, de quelque nationalité qu’il soit, doit s’y sentir en sécurité. Nul ne peut être tenu pour responsable d’une position adoptée par le gouvernement de son pays. Il ne faut pas que les étrangers prennent peur et quittent le Liban. Émile KHOURY