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Actualités

Opinion L’honneur de l’Amérique et celui d’Albion

Par Georges KHADIGE L’agression insensée, que mènent George W. Bush et Tony Blair contre l’Irak, a malheureusement terni, non seulement aux yeux des Arabes, toutes confessions confondues, et de tous les musulmans, mais aux yeux du monde entier, avec en tête le pape Jean-Paul II et toutes les Églises sans exception, l’image de l’Amérique et de l’Angleterre, si chères pourtant au cœur de tous, d’où la nécessité impérieuse d’éviter l’amalgame, de distinguer nettement le peuple américain, si bon, si généreux, ainsi que le valeureux peuple de Sa gracieuse Majesté, au passé si glorieux, de leurs gouvernements respectifs du moment. Le peuple américain n’est pas George W. Bush et son Administration, et le peuple anglais n’est pas Tony Blair et ce qui reste de son gouvernement, et il est capital, en ces moments dramatiquement tristes que traverse l’histoire, de « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Non le peuple américain n’approuve pas cette guerre, même s’il ne le manifeste pas aussi clairement et massivement que le peuple anglais et les autres peuples du monde, et si les derniers sondages, sujets à caution, prétendent que 72 % du peuple américain font confiance à leur président, cela ne pourrait être que le fruit de l’extrême bonté de ce peuple, qui le rend très crédule, jusqu’à la naïveté, au point de le rendre vulnérable à la campagne de désinformation, dont il est victime, savamment distillée par une administration cynique, de sorte qu’il illustre dans sa vie et son comportement l’hymne à la charité de saint Paul : « La charité ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle… croit tout… » Or ce merveilleux peuple se réveillera certainement et son amour de la justice et de la vérité lui feront réaliser à quel point il a été dupé, et son réveil sera terrible pour ceux qui auront été responsables de sa duperie, tout comme ce conseil que donnait au monde Napoléon Ier : « Laissez la Chine dormir, le jour où elle se réveillera le monde le regrettera ». Mais il ne sera pas possible de laisser trop longtemps le peuple américain dormir et quand il se réveillera son gouvernement d’aujourd’hui le regrettera. Ce bon peuple américain ramène à l’esprit cette confidence de Talleyrand au tsar Alexandre Ier lors de la rencontre de Tilsit : « Le peuple français est civilisé, son empereur ne l’est pas, le tsar de toutes les Russies est civilisé… que le tsar de toutes les Russies libère le peuple français ». Mais dans la situation actuelle, les données sont différentes : le peuple américain, dont le président prétend libérer le peuple irakien, est hautement civilisé, et il ne peut certainement pas avaliser, ni avaler, une pseudo opération de civilisation et de démocratisation, menée à l’encontre de toutes les règles de civilisation et de démocratie et faisant fi de toute légitimité internationale et de toute légitimité, tout court, et comme il n’est pas question pour lui de prendre la défense de Saddam Hussein et de son régime dictatorial, il finit, bien évidemment, par perdre son latin pour se demander, dans cette situation absurde, qui est vraiment le civilisateur et qui est le libérateur. Dieu seul le sait, mais une seule chose est certaine, c’est que cette sale guerre n’a rien à voir avec la civilisation, la libération et la démocratisation et qu’elle ne sent que l’odeur nauséabonde de l’argent, du pétrole et de la mégalomanie planétaire, et c’est là l’essentiel. Mais plus que tout cela, ce qui est admirable, c’est que les peuples dont se revendique la coalition sont éminemment civilisés, des peuples qui n’hésitent pas à élever la voix, haut et fort, pour dénoncer la politique absurde et destructrice de leur gouvernement et pour sauver l’honneur de leur patrie. C’est cette vérité qu’il est important, très important, voire capital, de ne jamais perdre de vue et qu’il est indispensable de remettre continuellement en lumière et de rappeler sans cesse au monde entier, et spécialement aux Arabes et aux musulmans, pour calmer leur sainte et juste colère et leur redonner confiance en l’Occident chrétien, qu’il ne faut pas confondre avec des bellicistes désapprouvés. Oui, ces peuples, américain et anglais, sont dignes du plus grand respect. Les Américains, qui n’hésitent pas à dire à leur président, par la bouche du cardinal de Boston, Bernard Law, qu’il ne dit pas la vérité à son peuple sur les vraies raisons de cette guerre et par la bouche de Dustin Hoffman, qu’il soumet son peuple à une véritable campagne de désinformation, par le moyen d’une intoxication médiatique mensongère, et par la bouche de Michael Moore : «Honte à vous Monsieur le président, dehors, vous êtes fini, même le pape est contre vous ». Oui ce sont ces hommes qui sauvent aujourd’hui l’honneur de l’Amérique, celle de George Washington, d’Abraham Lincoln, de Benjamin Franklin, de James Monroe, de Dwight Eisenhower, de John Kennedy et de Martin Luther King. C’est cette Amérique que nous aimons et que nous respectons et c’est cette Amérique que nous voulons voir se perpétuer et se développer. Quant aux Anglais, ils n’ont pas hésité à manifester en masse contre la guerre, montrant par là qu’ils sont les dignes citoyens de cette Grande-Bretagne, au passé si riche et si prestigieux. L’Angleterre dont la devise est « Dieu et mon droit. » L’Angleterre de Richard Cœur de lion, de Guillaume le Conquérant, de Cromwell, dont Bossuet avait dit dans le commencement de son oraison funèbre : « Un homme s’est rencontré… », ce qui, en quatre mots, voulait tout dire, d’Edouard VII et pourquoi pas d’Edouard VIII, qui a eu le courage de renoncer au trône le plus prestigieux du monde pour l’amour d’une femme. Mais c’est aussi l’Angleterre de Lloyd George, de Winston Churchill, de Lord Beveridge, le père de la sécurité sociale moderne, de Margaret Thatcher, et évidemment celle de ces ministres, qui n’ont pas hésité à claquer la porte, pour protester contre la politique humiliante du gouvernement auquel ils ne voulaient plus appartenir et dénoncer cette guerre « sanglante et inutile », Robin Cook allant jusqu’à réclamer carrément le retrait des troupes britanniques d’Irak. Tous ces hommes, ce sont des Américains et des Anglais et non des Arabes ou des citoyens du tiers-monde et ils symbolisent l’honneur de l’Amérique et celui de la fière Albion. Et quand finira cette guerre, et quelle qu’en soit l’issue, et même si les Irakiens devaient être défaits, comme le prédisent les faucons-hiboux, il est d’ores et déjà acquis que la vaillante résistance du peuple irakien, fierté aujourd’hui pour tous les Arabes, lui permettra de dire, comme François Ier, défait à Pavie, « Tout est perdu fors l’honneur», l’honneur de l’Irak, l’honneur des Arabes, l’honneur de toute l’humanité meurtrie. Quant à la coalition, même si elle triomphait militairement, elle ne pourra que perdre la guerre, et elle l’a déjà perdue, moralement, humainement, et il ne restera plus qu’à lui dire, en paraphrasant Victor Hugo, qui, parlant de la catastrophique campagne napoléonienne de Russie, avait écrit ces vers merveilleux : « Il neigeait ! On était vaincus par sa conquête…» et dire : « Elle se vantait, elle a été vaincue par sa conquête ! « Si conquête il y a !
Par Georges KHADIGE L’agression insensée, que mènent George W. Bush et Tony Blair contre l’Irak, a malheureusement terni, non seulement aux yeux des Arabes, toutes confessions confondues, et de tous les musulmans, mais aux yeux du monde entier, avec en tête le pape Jean-Paul II et toutes les Églises sans exception, l’image de l’Amérique et de l’Angleterre, si chères...