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Partis - Le chef des Kataëb pense que les chrétiens ont tiré la leçon du passé Pakradouni : Si Bagdad tombe, un vaste mouvement de résistance émergera dans tout le monde arabe

En période de crise, il est plus calme que jamais, un peu comme un observateur curieux, sans être détaché. Le parti Kataëb, dont il s’était promis de relancer l’activité, fonctionne désormais presque normalement et son siège principal est de nouveau plein de vie. Pourtant, Karim Pakradouni n’a pas le temps de se livrer à des bilans. Ce qui le satisfait aujourd’hui, c’est cette incroyable cohésion entre les chrétiens et les musulmans du Liban. « Pour la première fois depuis trente ans, dit-il, la région vit de grands bouleversements et les chrétiens ne sont pas angoissés pour leur avenir, car ils ont adopté des positions en harmonie avec leur entourage ». Par contre, c’est pour toute la région que Pakradouni est inquiet. Pour lui, les conséquences de la chute probable de Bagdad seront plus graves que celles de la « nakba » de 1948. D’une rencontre à l’autre, le chef du parti Kataëb est en mouvement constant, multipliant les contacts avec les officiels, le patriarche maronite et les divers partis et courants sur la scène libanaise. Et ce qui le frappe le plus, c’est la « merveilleuse cohésion qui règne entre les différentes communautés libanaises ». Pour la première fois, selon lui, il sent que musulmans et chrétiens se protègent mutuellement, depuis que les chrétiens ont adopté des positions favorables à leur environnement arabe et aux musulmans. Au passage, Pakradouni rend un vibrant hommage au pape Jean-Paul II, « un véritable visionnaire, qui s’est montré plus arabe que certains dirigeants arabes ». Le patriarche maronite a aussitôt saisi la perche, adoptant des positions en harmonie avec celles du pape. « Au cours des réunions régulières avec les divers partis et mouvements, c’est devenu classique, raconte le chef des Kataëb, les formations les plus extrémistes en principe, rendent hommage au patriarche Sfeir et au pape ». Pour M. Pakradouni, la seule fausse note vient du Rassemblement de Kornet Chehwane, qui, dans son dernier communiqué, n’évoque pas les positions du cardinal Sfeir et des évêques et refuse de condamner l’agression américaine contre l’Irak, « un peu comme si ce rassemblement voulait se démarquer de l’atmosphère générale condamnant cette guerre illégitime et immorale contre les Irakiens ». Tous les régimes arabes sont menacés Justement, cette guerre, M.Pakradouni ne la prend pas à la légère. Pour lui, la chute de Bagdad sera aussi importante que celle de Jérusalem en 1967, ou celle de Beyrouth en 1982 et elle entraînera un vaste mouvement de résistance dans l’ensemble du monde arabe. Le chef des Kataëb est convaincu que pour l’instant, les affrontements commencent à peine à devenir sérieux. Mais la guerre ne sera ni « propre, ni rapide, comme l’ont souhaité les Américains. Bagdad se prépare à être une autre Stalingrad. Et quand elle tombera, ce qui est le scénario le plus probable, elle fera entrer l’ensemble de la région dans une terrible période de turbulences ». « Même si les Américains ont été pris de court par la détermination des Irakiens, précise M. Pakradouni, leur suprématie militaire finira par l’emporter, mais ils ne savent pas encore ce qui les attend. Un peu comme au Liban, en 1982, un mouvement de résistance ou peut-être plusieurs mouvements de résistance indépendants de Saddam Hussein naîtront et ne cesseront de s’amplifier. Le phénomène fera sans doute boule de neige, dans l’ensemble des pays arabes, et les populations voudront sans doute faire payer à leurs régimes leur tiède appui à l’Irak et cette nouvelle humiliation pour les Arabes. Rappelez-vous après la “nakba”, les bouleversements successifs dans tous les régimes arabes. Après Bagdad, plusieurs autres capitales arabes risquent aussi de tomber ». Le monde arabe se serait donc bel et bien réveillé. « Même les chaînes satellitaires arabes créées pour faire la propagande en faveur des Américains ont changé de position, tant le climat général arabe est hostile à cette guerre. Nous entrons dans une période de perturbation totale. Les peuples vont se révolter contre leurs dirigeants et les Américains vont essayer de faire payer aux régimes qui ne les ont pas appuyés une lourde facture. La pax americana sera donc une série de guerres et tous les régimes de la région sont menacés ». Même la Syrie et bien sûr le Liban. « Car, si ce sont les deux seuls pays arabes où les manifestants antiguerre brandissent les portraits de leurs présidents (en Égypte, ce sont les portraits de Abdel-Nasser qui sont brandis, en Jordanie, ceux de Saddam Hussein etc.), les Américains exerceront quand même de multiples pressions pour leur faire payer leurs positions pendant la guerre. Il faut donc s’attendre au pire. Mais heureusement, cette fois, les chrétiens semblent ne plus vouloir jouer un rôle ambigu et payer les factures des guerres de la région ». Selon Pakradouni, le Liban et la Syrie ont géré intelligemment une situation dangereuse, mais la zone de turbulences n’est pas encore dépassée. À moins que les États-Unis ne sortent si affaiblis de la guerre qu’ils n’aient plus la possibilité de poursuivre leur action contre les pays qui ne les ont pas appuyés, préférant faire appel aux voisins de Bagdad pour sortir du « bourbier irakien ». Scarlett HADDAD
En période de crise, il est plus calme que jamais, un peu comme un observateur curieux, sans être détaché. Le parti Kataëb, dont il s’était promis de relancer l’activité, fonctionne désormais presque normalement et son siège principal est de nouveau plein de vie. Pourtant, Karim Pakradouni n’a pas le temps de se livrer à des bilans. Ce qui le satisfait aujourd’hui,...