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Vie Politique - La paralysie reste préférable à une explosion L’évolution sur la scène locale dépend plus que jamais de la conciliation syrienne

La millième perfusion syrienne de tranquillisants. Combien de temps ses effets dureront-ils ? Peut-on en espérer une cohabitation raisonnable entre les présidents Lahoud et Hariri, jusqu’à ce qu’il devienne possible de changer le gouvernement ? Pour le moment, ce n’est pas une trêve constructive qui règne entre ces deux pôles, mais un simple armistice. Il a été tacitement convenu entre leurs camps respectifs de geler tout dossier litigieux, même si le pays doit en pâtir. Parce que cette paralysie reste préférable à une explosion. Qui, pis est, torpillerait tout projet. Les tensions larvées restent entre-temps couvertes par un discours commun mettant en avant les priorités régionales, à l’effroyable lumière des bombardements en Irak. Un prétexte présenté comme une sorte de cas de force majeure, pour expliquer que le Liban n’est pas en mesure de tenir les engagements pris à Paris II. Notamment en ce qui concerne les délais des privatisations, en commençant par le cellulaire. Une question pointue dont le blocage semble appeler un arbitrage syrien. Dans cet esprit, on se demande ce que la Syrie pourrait faire lorsque finira la phase d’apaisement relatif qu’elle vient d’initier. C’est-à-dire lorsqu’il s’agira pour elle de traiter une crise ministérielle, de choisir les membres et le chef d’un nouveau gouvernement. Il est connu que le régime souhaite aller au bout de son mandat avec un cabinet qui ne serait plus présidé par Hariri. Si les circonstances devaient imposer le retour de ce dernier, disent les proches de Baabda, cela devrait être selon les vues, voire selon les conditions de Lahoud. Il y a donc conflit d’influence. Il s’agit dès lors de savoir comment la Syrie compte arranger les choses, le moment venu. Damas ne l’a jamais celé : à ses yeux, le président Lahoud constitue, comme on dit, une ligne rouge que tout le monde au Liban est tenu de respecter. Mais la présence au pouvoir de Hariri est également considérée comme toujours indispensable par les décideurs. À cause de considérations multiples, locales, régionales et internationales. L’homme, estiment les Syriens, reste d’autant plus incontournable qu’il est pratiquement le seul en mesure de limiter la casse sur le plan économique, après les retombées négatives que l’on peut craindre de la guerre en Irak. Cependant, l’efficacité de tout programme de protection dépend en grande partie d’un minimum de cohésion au sein du pouvoir. Sans une entente de travail réelle entre les présidents, aucun gouvernement ne pourrait répondre aux besoins urgents du pays. Surtout pas si, après la fin de la guerre, les tiraillements entre les Syriens et les Américains devaient persister, voire s’aggraver. On sait en effet que lorsque cela chauffe entre ces deux puissances, la scène libanaise s’en ressent fortement. Aussi éminents que soient les membres du futur gouvernement, leur programme d’action serait annihilé par la mésentente entre les présidents. Perspective qui semble, malheureusement, plausible. À moins que, rêve un ministre, la guerre en Irak ne se termine sur un consensus arabo-international concernant la région. Auquel cas, on mettrait en route une solution du conflit israélo-palestinien et israélo-syrien. L’économie de la contrée en serait revigorée, celle du Liban aussi. Et on pourrait de la sorte, dit ce ministre, répondre aux vœux de Baabda, en écartant Koraytem de son chemin. Mais, enchaîne cette même personnalité, il en irait tout autrement si la guerre devait se prolonger, grâce à une forte résistance irakienne. De même, il y aurait de la confusion si après l’éventuelle éviction de Saddam, l’Irak n’était pas doté d’une direction capable de le stabiliser. Les remous se prolongeraient dans la région. Par exemple si les Américains ne parvenaient pas à obtenir de la Syrie qu’elle reconnaisse un régime qu’ils auraient installé à Bagdad. Dans un tel cas de figure, tout à fait envisageable, le Liban traverserait une phase critique. Il y aurait un danger accentué de guerre israélienne contre ce pays et contre la Syrie. La rue arabe bougerait fortement, plusieurs régimes seraient menacés. Le Liban ne pourrait alors tenter de se protéger au mieux qu’en se dotant d’un gouvernement d’union nationale forcément présidé par Hariri. De ces différentes hypothèses ou spéculations, il ressort en définitive qu’il faut attendre l’après-guerre. Pour savoir quelle forme va prendre le prochain gouvernement au Liban. Émile KHOURY
La millième perfusion syrienne de tranquillisants. Combien de temps ses effets dureront-ils ? Peut-on en espérer une cohabitation raisonnable entre les présidents Lahoud et Hariri, jusqu’à ce qu’il devienne possible de changer le gouvernement ? Pour le moment, ce n’est pas une trêve constructive qui règne entre ces deux pôles, mais un simple armistice. Il a été...