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Recherche scientifique - Présentation d’un laboratoire où est archivé un grand nombre d’espèces végétales Un herbier riche de 1 200 spécimens à l’Usek(photo)

Depuis 1997, la faculté d’agronomie de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (Usek) s’est dotée d’un herbier, aujourd’hui riche de 1 200 spécimens de 50 familles végétales différentes. L’herbier, une sorte de musée scientifique sans cesse enrichi grâce au travail de son équipe et des étudiants, situé au sein de la faculté d’agronomie, est appelé à renfermer avec soin la mémoire végétale du Liban. En effet, comme l’a précisé à maintes reprises la directrice de l’herbier de l’Usek, le Pr Nelly Arnold, lors de la présentation de ce laboratoire à la presse en présence du doyen de la faculté, le père Joseph Wakim, et d’autres responsables de l’université, « beaucoup de facteurs, comme l’anarchie dans la construction et le défrichage, par exemple, constituent des dangers pour nos plantes, certaines étant en voie d’extinction ». Le Liban est pourtant une terre fertile en plantes à vertus médicinales et odorantes, des plantes qui appartiennent à 143 familles, 1 449 genres et 7253 espèces (selon les recensements dont on dispose actuellement). Il y aurait également plus de 200 espèces endémiques. Cette énorme richesse a été peu étudiée d’un point de vue scientifique, d’où le fait qu’« il reste beaucoup à faire », selon le Pr Arnold, qui s’est lancée dans un passionnant exposé sur les vertus de diverses plantes trouvées au Liban, à l’aide de diapositives et de photos. Ces plantes étaient toutes bien connues de nos ancêtres. Beaucoup d’entre elles sont commercialisées aujourd’hui en tant que plantes médicinales, mais pas toujours manipulées par des spécialistes, selon le Pr Arnold. Or ces herbes sont souvent médicinales à doses thérapeutiques, mais toxiques à plus forte dose. Les spécimens trouvés à l’Usek sont donc récoltés sur le terrain par les responsables de l’herbier, ainsi que par les étudiants, dont plusieurs ont consacré des mémoires sur les plantes. Ce travail est ardu, comme l’explique le Pr Arnold. Les spécialistes doivent bien noter toutes les informations sur le spécimen et son environnement, s’assurer si la plante se trouve dans une autre région, à quelle espèce et à quelle famille elle appartient, à quelle altitude elle a été cueillie... Avec la destruction des écosystèmes, il faut aller toujours plus loin pour trouver les herbes qu’on recherche. Les spécimens ramenés à l’herbier sont soigneusement archivés et déshumidifiés (jusqu’à complète élimination de l’eau) à l’aide d’un équipement spécial, puis placés dans un congélateur, une méthode qui permet de les préserver à long terme sans l’utilisation de produits chimiques (nuisibles dans un tel environnement). Les spécimens sont collés sur des cartons qui ne comportent pas d’éléments acides, et sont accompagnés de toutes les informations nécessaires (lieu et date de récolte, nom en latin, nom en arabe, habitat, etc.). Ils sont ensuite placés dans des armoires spécialement conçues à cet effet. Protéger cette richesse naturelle Les scientifiques se livrent par ailleurs à de vraies enquêtes sur le terrain. « Parmi nos domaines d’action, nous nous occupons d’ethnopharmacologie, c’est-à-dire de la place qu’occupe la plante dans la médecine traditionnelle et les habitudes des habitants de la région où elle a été trouvée », explique le Pr Arnold. « Des informations à caractère historique en somme. » La spécialiste insiste beaucoup sur la préservation de l’environnement, afin que le Liban, dont l’anarchie des constructions est bien connue, ne perde pas son immense richesse naturelle. Précisant que certaines zones à la végétation très riche ou comportant des plantes rares devraient être protégées par l’État, sur conseil des spécialistes, elle stigmatise certaines pratiques dangereuses : « Il ne faut pas incendier les forêts pour obtenir du charbon. Il ne faut pas non plus brûler les plantes sous prétexte qu’elles attirent des insectes par exemple. Elles sont toutes bénéfiques, même sous des dehors anodins. D’autre part, il ne faut pas oublier que la nature forme un tout. » L’herbier est une entreprise qui pourrait, selon le Pr Arnold, se développer. « Il n’y a pas de jardin botanique au Liban comme dans tant d’autres pays », constate-t-elle. À la question de savoir si un tel jardin pourrait être établi à l’université, elle affirme que la volonté existe, mais que l’aide de mécènes serait la bienvenue, comme dans d’autres campus du monde. Par ailleurs, à un niveau plus national, quand les informations sur les plantes du Liban seront plus complètes, une pharmacopée libanaise pourra être constituée. Dans ce cadre, les informations récoltées dans l’herbier de l’Usek, les études menées sur telle ou telle plante, ainsi que les publications de l’université, peuvent servir de base à une telle entreprise. Enfin, le Pr Arnold insiste sur le fait que tout volontaire voulant prêter main-forte pour la récolte des spécimens est le bienvenu. « Toute personne qui pense détenir un spécimen rare ou intéressant peut également nous le soumettre, afin qu’il soit préservé dans l’herbier », précise-t-elle. S.B.
Depuis 1997, la faculté d’agronomie de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (Usek) s’est dotée d’un herbier, aujourd’hui riche de 1 200 spécimens de 50 familles végétales différentes. L’herbier, une sorte de musée scientifique sans cesse enrichi grâce au travail de son équipe et des étudiants, situé au sein de la faculté d’agronomie, est appelé à renfermer...