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Battle s’informe... et proteste

Ce n’est pas une guerre quick and clear, comme l’avait tonitrué Washington. Et au fil des jours, beaucoup de choses se délitent. Notamment, la crédibilité que même leurs adversaires attribuaient il y a deux semaines aux Américains. Ces derniers commencent de leur côté à se poser des questions : leurs plans, notamment au sujet d’une mobilisation anti-Saddam, se trouvent presque inversés, retournés contre eux. Même, ou surtout, les chiites, majoritaires en Irak, résistent. Et de l’ensemble du monde islamique des volontaires affluent pour soutenir l’Irak. À ce propos, le département d’État a demandé à ses ambassades des rapports détaillés sur les recrues arabes dont les télés diffusent les images. Dans ce contexte, Vincent Battle a relancé nombre d’officiels locaux. Pour les interroger sur le volume d’une participation libanaise, notamment chiite, à ce mouvement de Brigades internationales vers l’Irak. Le diplomate américain, apprend-on de source informée, a demandé quelle était la position affichée à cet égard par le mouvement Amal et par le Hezbollah. Autrement dit, il a voulu savoir si ces formations envoient des éléments paramilitaires, avec armes et bagages. Il a même voulu savoir si l’État cautionne une telle opération, en aidant à l’organisation du transport. Battle s’est vu répondre, ajoutent ces sources, que les chiites sont connus pour être hostiles au régime de Saddam mais qu’ils sont encore plus hostiles à une razzia anglo-US en terre arabe. Surtout dans des régions sacrées à leurs yeux, comme Kerbala. Donc en ce qui concerne les chiites libanais, les officiels du cru n’ont fourni à l’ambassadeur aucune indication précise. Berry lui aurait ainsi déclaré : « Vous êtes versé plus que d’autres sur la question d’Amal et du Hezbollah... », sans rien ajouter. Les responsables ont enfin dit à Battle que, bien évidemment, l’État n’a rien à voir avec les volontaires et ne supervise pas les camps prévus pour eux dans la Békaa ou au Nord. Ils ont précisé qu’à leur connaissance, nul élément ne voyagerait avec des armes, car la loi libanaise ne le permet pas. Les officiels ont redit à Battle que la position de ce pays est connue : il est contre la guerre, pour une solution pacifique via l’Onu. En rappelant qu’aux yeux de Beyrouth, les hostilités ne peuvent que favoriser la montée en puissance des extrémismes islamistes. Par ailleurs, Battle a transmis à Hariri les reproches de son gouvernement au sujet des déclarations incendiaires du ministre libanais de l’Information, Ghazi Aridi. L’ambassadeur a également protesté contre la présence d’un ou de deux camps de volontaires. Sur ce point, le président du Conseil, lui, a souligné, en réponse, que ces camps sont une initiative privée dont l’État ne se mêle pas. Il a ensuite couvert Aridi, sur le plan des positions générales, puisque le Liban est hostile à la guerre. Tout en relevant que l’attitude du ministre découle en partie d’un litige qui l’opposerait personnellement à l’ambassadeur. Pas plus que les Libanais, le diplomate n’a voulu divulguer des détails sur ce différend. D’autre part, et enfin, les Libanais ont indiqué que les flèches décochées par les dirigeants américains à la Syrie n’aident pas à la détente au Moyen-Orient et n’augurent pas favorablement d’un traitement positif ultérieur du conflit général. Pour conclure, Battle comme la plupart de ses interlocuteurs libanais affirment que les nuages actuels, dus à la guerre, n’altèrent pas fondamentalement les liens entre les États-Unis et le Liban. Philippe ABI-AKL
Ce n’est pas une guerre quick and clear, comme l’avait tonitrué Washington. Et au fil des jours, beaucoup de choses se délitent. Notamment, la crédibilité que même leurs adversaires attribuaient il y a deux semaines aux Américains. Ces derniers commencent de leur côté à se poser des questions : leurs plans, notamment au sujet d’une mobilisation anti-Saddam, se trouvent...