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Guerre en Irak - Réaffirmation de la solidarité avec les Arabes Fatwa des ulémas kurdes du Liban condamnant toute coopération avec les Anglo-Américains(PHOTOS)

Il a fallu la guerre en Irak et les indices de plus en plus précis sur l’ouverture prochaine du front nord pour que les Kurdes du Liban se décident à manifester leur présence, en tant que communauté. Voulant montrer qu’ils sont partie intégrante du monde arabe, même s’ils appartiennent à une ethnie différente, ils ont choisi de frapper fort. C’est au siège de l’Ordre de la presse qu’en présence du vice-président du parti Razkari, M. Ghazi Khamis, les ulémas ont prononcé une fatwa condamnant la coopération avec les forces anglo-américaines et la partition ou le morcellement de l’Irak. Comme pour une grande cérémonie, ils sont venus endimanchés et l’air particulièrement solennel. C’est la première fois que le parti kurde Razkari, le seul autorisé au Liban, choisit le siège de l’Ordre de la presse pour des assises générales de la communauté. Jeunes, vieux, femmes et enfants, il y avait près de deux cents personnes qui, pour la plupart, se connaissaient entre elles et se saluaient d’une façon un peu guindée parce que non habituées à ce genre de rendez-vous. Véritable maître des cérémonies, M.Ghazi Khamis veillait au bien-être de tout le monde, installait les journalistes et leur distribuait les discours soigneusement imprimés. Il était fier d’annoncer la présence d’une délégation d’ulémas de Dar el-Fatwa et des représentants de plusieurs associations de bienfaisance dans les quartiers où résident les Kurdes à Beyrouth. Invité surprise, M. Hassan Sabra, directeur de la revue al-Chirah qui se veut un vibrant défenseur de la « cause kurde, lorsqu’elle s’allie au monde arabe ». Le président de l’Ordre de la presse, M.Mohammed Baalbacki, a ouvert la séance en refusant de demander une minute de silence à la mémoire des martyrs tombés en Irak et en Palestine, car « l’heure n’est plus au silence, mais à l’action », a-t-il précisé. Les Kurdes, eux, par le discours de M. Khamis, mais aussi par la fatwa de leurs trois ulémas, cheikh Ahmed Darwiche al-Kurdi, cheikh Ahmed al-Omari et cheikh Zakaria Omeirate, étaient surtout désireux d’affirmer leur osmose avec les causes arabes et leur refus donc de l’agression américano-britannique contre l’Irak. M. Ghazi Khamis a tenu à démentir les rumeurs selon lesquelles cette démarche aurait été inspirée par « certaines » autorités libanaises, affirmant que sa communauté « ne se laisse pas dicter sa conduite et sait prendre des initiatives quand il le faut ». Éviter tout amalgame avec les « autres Kurdes » À la veille de l’ouverture quasi certaine du front nord en Irak, qui pourrait d’ailleurs modifier les données militaires, il était urgent pour la communaté kurde du Liban d’annoncer sa solidarité avec les Arabes, notamment les peuples irakien, syrien et libanais. Ce qui a d’ailleurs donné lieu à une nouvelle terminologie : « L’appui total de la communauté à la Syrie d’Assad et au Liban de Lahoud », a ainsi proclamé M. Khamis, vivement applaudi par les présents. Au nom des ulémas, cheikh Ahmed Darwiche al-Kurdi a ensuite lu la fatwa, interdisant toute coopération avec les forces de « l’envahisseur anglo-américain » et la totale solidarité avec le peuple et la résistance irakienne, qui s’opposent aux plans américains de démembrement de l’Irak. Les ulémas se sont référés à des versets du Coran exigeant la solidarité entre les musulmans contre les non-musulmans, lorsque ceux-ci cherchent à occuper une terre musulmane (et arabe). « Résister aux côtés des Irakiens et des Palestiniens fait partie du jihad lorsque des musulmans sont attaqués », ont-ils encore déclaré, avant de rejeter les projets de partition de l’Irak et les « promesses fallacieuses de créer un territoire autonome pour les Kurdes ». Ce message ferme et clair est aussi adressé aux Kurdes du nord de l’Irak qui s’apprêtent à aider les troupes américaines dans leurs attaques contre Mossoul et Kirkouk, villes kurdes sous le contrôle du régime irakien. Quelle est sa chance d’être entendu par les Kurdes du Nord, qui sont loin de porter Saddam Hussein dans leur cœur ? Les Kurdes du Liban ne se font pas trop d’illusions à ce sujet, conscients que les enjeux de cette guerre les dépassent souvent. Mais ils ne désespèrent pas de se faire entendre de leurs proches, la plupart d’entre eux ayant des liens de parenté avec les Kurdes de Soulaymaniyé et de ses environs. Mais de toute façon, il s’agit pour eux d’une affirmation d’identité et de l’expression de leur désir d’intégration tout en étant officiellement reconnus. Désormais, les Kurdes osent se présenter comme tels, une communauté comme les autres au Liban du pluricommunautarisme. Et s’ils ne sont pas suivis par les Kurdes du nord de l’Irak, ils espèrent au moins être entendus par les autorités, pour éviter par la suite tout amalgame entre eux et tous ceux qui aideront les Anglo-Américains. S.H.
Il a fallu la guerre en Irak et les indices de plus en plus précis sur l’ouverture prochaine du front nord pour que les Kurdes du Liban se décident à manifester leur présence, en tant que communauté. Voulant montrer qu’ils sont partie intégrante du monde arabe, même s’ils appartiennent à une ethnie différente, ils ont choisi de frapper fort. C’est au siège de...