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société Pour que cesse l’imbécile campagne de « désatanisation » du Liban

Qui est derrière cette campagne imbécile de « désatanisation » du pays ? Qui est ce chef d’orchestre de l’ombre qui s’agite comme un forcené pour faire rimer cette « désatanisation » avec émigration ? Émigration d’une jeunesse chrétienne et musulmane cultivée, intelligente, travailleuse, rebelle, fonceuse, et que le pouvoir en place prend un malin plaisir à désenchanter, à désillusionner, à déplacer ? À qui profite ce crime ? Au chef de l’État ? Au président de la Chambre ? Au Premier ministre ? Au ministre de l’Intérieur ? À celui de la Justice ? Aux insupportables services de renseignements ? À l’église et à la mosquée ? À la Syrie sœur ? Qu’est-ce qui se cache derrière cette insensée chasse aux sorcières, cette fatwa, cette encyclique, que même Tomas de Torquemada, Oussama Ben Laden ou Paul Wolfowitz auraient enviées ? Si l’on appliquait aux sbires chargés de « désataniser » les rues de Beyrouth ce délit de faciès qu’ils commettent à chaque fois, ils seraient tous en train de croupir dans les geôles de Yarzé. Puisqu’il ne leur a pas suffi, à ces bras armés de l’État-inquisiteur, de se ridiculiser en agressant sans vergogne les malheureux détenteurs de disques des Pink Floyd, des Dire Straits ou autres groupes réputés « satanistes ». Ni de s’en prendre, avec une élégance et une finesse quasi vicomtales, aux garçons aux cheveux longs, aux filles aux cheveux courts, à tous ceux qui ont eu le malheur de se piercer les oreilles. Ni de tabasser, d’emprisonner et de déférer aux tribunaux celles et ceux qui ont voulu – comme, entre autres, des millions d’Européens, d’Américains, de Marocains, de Bédouins, de femmes amatrices de henné – se tatouer. Samedi soir, dans une des boîtes de nuit les plus courues par les Libanais ou les étrangers, Occidentaux comme Arabes. 2h30 du matin, la musique s’arrête net. « Des civils avec des mitraillettes et des matraques. Ils sont montés sur la piste de danse, sur les baffles, sur le bar, ils hurlaient contre tout le monde, menaçaient tout le monde. Ils ont beuglé : “Les mains en l’air, et ne les baissez pas. Si vous bougez, si vous ouvrez la bouche, on vous casse la gueule.” Nous sommes restés comme cela pendant plus d’une heure. Ils ont choisi une vingtaine de personnes au hasard. Leur ont enlevé leur tee-shirt, leurs bottes, pour voir s’ils étaient tatoués. Leur ont écrasé leurs paquets de cigarettes pour vérifier s’ils ne contenaient pas de drogue. Le tout en ne cessant pas d’insulter, de manquer de respect. Ils ont frappé plusieurs personnes. À une fille qui pleurait, traumatisée, ils ont dit : “Tu arrêtes de respirer ou on te tape”. Ils ont pris des dizaines de cartes d’identité, en demandant à leurs propriétaires, plus tard, d’aller les récupérer au commissariat de Jdeidé. Ils ont emmené plusieurs personnes au poste, des innocents, parce qu’ils avaient des tatouages. Il y avait quatre ou cinq employés de la British Airways, des Jordaniens, beaucoup d’étrangers. Ils ont halluciné. On a dû leur expliquer que cela était normal, en retenant notre rage, pour qu’ils n’aient pas une mauvaise idée du Liban. Moi je suis venu danser pour m’amuser, pour oublier les problèmes, la guerre, je n’avais pas de drogue, je n’adore pas Satan. » Les mots du jeune homme résonnent encore, se passent de tout commentaire. Tabassés, comme au cours de cet ignoble 7 août 2001 parce qu’ils manifestaient pour la souveraineté et l’indépendance de leur pays, puis plus tard – au-delà de la prohibition de la MTV – pour que perdure, même bancale, cette exception de démocratie libanaise qui en gêne plus d’un, il ne manquait plus au Liban et à ses jeunes que cette curée contre les « adorateurs de Satan ». Les responsables libanais, tout entiers jetés dans la dépersonnalisation, la désidentification de leur pays et accessoirement sa syrianisation – non ! arabité et démocratie, n’en déplaisent à bien d’hommes, ne sont pas incompatibles –, n’ont toujours pas compris qu’une inquisition, même lorsque brillamment orchestrée par des esprits retors et particulièrement intelligents, est une anomalie, une infâmie. Que serait-ce lorsqu’elle est aussi sotte ? Ziyad MAKHOUL Belle initiative du ministère de l’Intérieur Interrogée par L’Orient-Le Jour, une source autorisée au sein du ministère de l’Intérieur a assuré qu’une enquête était en cours, suite à ce qui s’est passé dans cette boîte de nuit beyrouthine samedi soir – une enquête menée par la police des polices. Cette même source recommande également, par le truchement de ce journal, à toutes les personnes souhaitant porter plainte de contacter le bureau du ministre de l’Intérieur, Élias Murr, au 01/754 200, et de demander le secrétariat général du brigadier Robert Jabbour. Il ne reste plus qu’à souhaiter que cette très louable initiative du ministère de l’Intérieur porte ses fruits, et qu’elle se généralise, pour en finir avec tous ces abus. Z.M.
Qui est derrière cette campagne imbécile de « désatanisation » du pays ? Qui est ce chef d’orchestre de l’ombre qui s’agite comme un forcené pour faire rimer cette « désatanisation » avec émigration ? Émigration d’une jeunesse chrétienne et musulmane cultivée, intelligente, travailleuse, rebelle, fonceuse, et que le pouvoir en place prend un malin plaisir à...