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Actualités

Arrêt sur image Sans peur et sans reproche

C’est au moment où le monde vit des événements d’une extrême gravité que la télévision trouve sa véritable raison d’être: couvrir l’actualité au moment même où elle se déroule. Cette suprématie sur la presse écrite et parlée, elle vient de le prouver, ô combien, en cette nuit fatidique où le couperet de l’ultimatum est tombé. Tout d’abord, on a assisté à l’inexorable compte à rebours, où les secondes défilent implaccablement jusqu’à Zero Hour. Et, à chaque minute qui passait, s’affichait sur l’écran un scoop, une image, le rapport d’un correspondant pris sur le vif, ou l’avis d’un responsable concerné. En quelques instants, nous parcourions le monde: de Washington où l’on guettait la Maison-Blanche dans l’attente d’un discours annoncé à la nation, du Koweït où se relayaient les images d’une invasion imminente, de Bagdad où les rues se vidaient progressivement à l’approche du «déluge de feu, de fer, d’acier, de sang» (Barbara de Prévert), du Kurdistan où la peur d’une attaque chimique rappelait le triste souvenir de ce qui s’était passé là une dizaine d’années auparavant. Sur l’échiquier du théâtre des opérations, nous avons pu voir se déplacer tous les protagonistes irakiens, américains, koweïtiens, anglais, les voir mais surtout leur prendre le pouls, découvrir leurs états d’âme. Sentiment de fatalité aveugle pour les uns, émotion au souvenir de ceux que l’on a quittés chez les autres. Mais cependant, chez les uns, comme pour les autres, le même sens du devoir à accomplir, la même ferveur patriotique pour la terre nourricière. Il y aura certes beaucoup à dire – et à écrire – sur les motivations véritables de ceux qui ont amené le monde à ce conflit, il est trop tôt pour le faire. Mais une évidence demeure: non, ce n’est pas la mobilisation des troupes dans les deux camps opposés qui nous importe. C’est la mobilisation de la télévision. Une mobilisation générale, chaque chaîne voulant être au plus près des événements avec tous les risques que cela comporte. «Pourquoi le cacher?» disait un journaliste sur le terrain à son collègue qui l’interrogeait, confortablement installé dans son studio, à l’autre bout de la planète. «Oui, nous avons peur». Tel est le prix de l’actualité: faire son métier sans reproche, même avec la peur au ventre. Alain PLISSON P.S.: Sans peur et sans reproche film de Gérard Jugnot avec Martin Lamotte, Michel Blanc et Victoria Abril
C’est au moment où le monde vit des événements d’une extrême gravité que la télévision trouve sa véritable raison d’être: couvrir l’actualité au moment même où elle se déroule. Cette suprématie sur la presse écrite et parlée, elle vient de le prouver, ô combien, en cette nuit fatidique où le couperet de l’ultimatum est tombé. Tout d’abord, on a assisté...