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Collaboration renforcée avec la Syrie Plan de prévention politico-économique contre le trust US

Hariri s’en revient donc demain de sa millième tournée européenne. Il l’a entamée par les dieux de l’Olympe grecque, qui président présentement l’Union, avant de démarcher la Belgique, l’Italie, l’Allemagne, la France et la Russie. Au menu : les retombées régionales et libanaises d’une guerre qui semble devoir se prolonger bien plus que ses auteurs-fauteurs américains ne l’avaient claironné. En termes techniques, les délais d’un blitzkrieg (qu’on se souvienne des six jours de 67) sont déjà dépassés. Et en termes de pertes ou de destructions, l’on est déjà, malheureusement, bien au-delà des promesses US. C’est même un désastre humanitaire, annonciateur de bien des calamités économiques que l’Irak ne serait pas seul à subir, en cette infortunée région du monde. Maillon faible de la chaîne, le Liban éprouve de légitimes appréhensions, nonobstant les assurances de ses dirigeants, Hariri en tête. D’ailleurs, l’action du Premier ministre, qui court d’urgence à gauche et à droite, semble démentir quelque peu ses déclarations optimistes. Toujours est-il que, respectant encore une fois de nécessaires, d’incontournables traditions, le chef du gouvernement a pris soin, avant de s’envoler vers le ponant, d’aller solliciter les conseils du président syrien, Bachar el-Assad. Il a ensuite, sans doute sur ces mêmes conseils, conféré avec le président Lahoud. Car ce qui est actuellement en voie d’application, c’est un plan concerté avec la Syrie pour limiter les dégâts. C’est-à-dire pour faire barrage, dans la mesure du possible, à une rafle américaine des mises, tant au niveau politique que dans le domaine économique, après une victoire qui fait peu de doute, même si elle tarde à venir. Bien évidemment, comme une main, seule n’applaudit pas, selon l’adage local, il a été convenu de se tourner vers l’Europe. Plus exactement, vers le camp qui se dresse contre l’hégémonie américaine, exception faite pour l’Italie de l’ami Berlusconi. En effet, à l’instar du Malaisien Mahathir, cet homme d’affaires milliardaire appartient au même club que Hariri. Et ce brillant trio de recyclés est arrivé au pouvoir pratiquement en même temps. Donc, sur le Vieux Continent, Hariri a plaidé pour une alliance euro-arabe resserrée. Plus précisément, les Arabes restant notoirement disloqués, il a souligné les avantages d’une coopération accentuée entre les contempteurs occidentaux de Bush et le tandem syro-libanais. En rappelant la fameuse maxime des années soixante : pas de guerre en Orient sans l’Égypte et pas de paix sans la Syrie. Il a dès lors exposé des idées en provenance directe du palais des Mouhajirine à Damas. En martelant notamment le thème, défendu par Blair (on lira plus avant pourquoi), d’une résurrection de l’Onu d’entre les morts. Pour empêcher les USA d’en faire à leur guise, après la guerre, tant en Irak que dans la région. En commençant par la reconstruction du pays des deux fleuves, actuellement en voie de dévastation. Bien entendu, les Américains ne l’entendent pas de cette oreille. Ils signent déjà, unilatéralement, des contrats avec leurs propres consortiums, aussi bien pour l’approvisionnement médico-nutritif de la population irakienne que pour les travaux futurs d’infrastructure. Comme après la première guerre du Golfe, ils n’entendent concéder aux autres Occidentaux qu’une maigre part du butin. C’était quelques minces 5 % en 91, et ce serait encore moins demain, vu que leurs ex-partenaires ont été méchants avec eux. Il en va de même, bien sûr, pour le riche pétrole, le tiers des réserves mondiales, dont l’Irak dispose. Même le fidèle allié anglais, selon les dires de responsables US, ne recevrait que des miettes parcimonieuses. Cela explique d’ailleurs, sans doute, pourquoi Blair veut que pour l’après-guerre, pour la reconstruction, on réhabilite l’autorité de l’Onu qui déciderait alors du partage des parts. Cette attitude de Londres a courroucé Bush, d’autant qu’il n’en avait pas été averti à l’avance. Quoi qu’il en soit, Hariri, qui prouve encore une fois qu’il est le véritable chef de la diplomatie libanaise, met en balance son entregent international pour que le Liban ne pâtisse pas trop des retombées de l’invasion US. Il espère contribuer de la sorte à un rééquilibrage international endiguant la déferlante régionale américaine. Une perspective qui effraie Beyrouth où un ministre affirme avoir entendu des responsables américains déclarer qu’ils ne seraient pas gênés, pour leur part, si un vent d’anarchie, d’instabilité soufflait sur la région. Plus précisément sur certains régimes. Toujours selon le même témoin, ses interlocuteurs auraient ajouté que les efforts de stabilisation, de lutte contre la montée en puissance des extrémismes auront finalement nui aux intérêts américains. Poignardés dans le dos, à leur avis, par les États qu’ils ont soutenus ou qu’ils ont tolérés. Dès lors si ces régimes devaient faire face à des secousses, à des troubles, leurs bons amis d’outre-Atlantique ne seraient pas autrement fâchés. Au contraire, ils auraient là une bonne occasion d’intervenir en sauveurs. Au prix que l’on imagine. Et en débutant par le dossier palestinien, d’où tous les autres médiateurs seraient exclus, l’Europe en tête. Philippe ABI-AKL
Hariri s’en revient donc demain de sa millième tournée européenne. Il l’a entamée par les dieux de l’Olympe grecque, qui président présentement l’Union, avant de démarcher la Belgique, l’Italie, l’Allemagne, la France et la Russie. Au menu : les retombées régionales et libanaises d’une guerre qui semble devoir se prolonger bien plus que ses auteurs-fauteurs...