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Actualités

Voyantes extralucides

Tous des Irma. Les « spécial Irak » des télés francophones, c’est surtout du bla-bla. Une déferlante d’analystes autoproclamés. Infaillibles et péremptoires. Ils savent tout, ils ont tout compris. Ils livrent des pronostics définitifs. Ils refont le monde entier, ils nous en disent, ils nous en lisent, l’avenir. Ils sont tous, par loyauté onusienne effervescente, contre l’hégémonie US. Parfois, rarement, on tombe sur un vrai technicien, militaire ou humanitaire. Réservé, il donne ses chiffres et ne jure de rien. Ce qui jure avec le reste bavard du panier, dit panel. Pour être honnête, même parmi les politiques il s’en présente d’estimables. On ne peut, de la sorte, ranger un Éric Rouleau, cité hier dans ces colonnes, dans la colonne des quasi-imposteurs. Immense journaliste, de célébrité mondiale, il a servi ensuite comme ambassadeur au Maghreb. Il parle couramment l’arabe (avec l’accent égyptien), étant originaire de nos contrées. Il aime particulièrement le Liban, qui le lui rend bien. Mais même le papier d’un Rouleau, ça se discute, comme dirait l’homme Delarue. Pourquoi ? D’abord parce qu’il avance un point de vue engagé, de parti pris. Ensuite, et surtout, parce qu’il est spécialiste du monde arabe, pas de l’Amérique. Et le voilà qui discute, qui dispute, la politique US, sans en être un expert reconnu comme naguère un Servan-Schreiber. Ce qui vaut pour ce vénérable vétéran vaut encore plus pour les jeunots d’Occident affublés du titre de chercheurs. Une dénomination étrange, du reste, quand elle ne s’applique pas aux sciences expérimentales dites exactes mais aux sciences de la vie, ou aux humanités, sociologie-ethnologie-politologie en tête. Pour parler familièrement, moi si je vois un chercheur, je le mène en bateau tout de suite. Pourquoi ? Parce que leur quête, c’est pure perte de temps. Ils peuvent difficilement, en effet, comprendre l’Orient – même De Gaulle s’y était cassé les dents – puisqu’ils n’ont été élevés ni dans ses spires mentales ni dans ses sensations. Circonstance aggravante, un tic chez eux : appliquer des paramètres, des critères académiques rigides, des graphiques rationnels qui ne sont utiles que pour lire l’Occident, et encore pas toujours. Alors quand on les entend enfiler les bourdes, d’un air suffisant, sur le petit écran, on ricane in petto. On jappe un peu, on zappe beaucoup. Vite fait. Retour au bon sens : plutôt que de s’étourdir, du soir au matin, en écoutant du pur baratin, y aller voir avec les Tintin. Ces reporters de terrain risquent leur vie pour nous rapporter les images de la mère des guerres, et les illustrer de propos concrets. Mais, me réplique un ami avec une pertinence qu’on ne lui soupçonnait pas, le public doit quand même se faire une idée, une opinion. Alors, pas de speechs ? Si si, un zeste, juste le nécessaire. Sans jamais oublier, toutefois, de s’en remettre en définitive, librement, à ses propres facultés de discernement. Comme le conseillent en chœur une valeureuse consœur, les sages. Et le discernement lui-même. J.I.
Tous des Irma. Les « spécial Irak » des télés francophones, c’est surtout du bla-bla. Une déferlante d’analystes autoproclamés. Infaillibles et péremptoires. Ils savent tout, ils ont tout compris. Ils livrent des pronostics définitifs. Ils refont le monde entier, ils nous en disent, ils nous en lisent, l’avenir. Ils sont tous, par loyauté onusienne effervescente, contre...