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Spéculations parlementaires contrastées sur les retombées consécutives de la guerre

C’est la théorie du ricochet de proximité : la guerre d’Irak va influer sur le conflit israélo-arabe puis sur son nucleus, le dossier palestinien qui, à son tour, se répercutera sur la scène locale. Partant de là, des députés ont récemment débattu, dans une salle de conférences place de l’Étoile, de l’impact ultérieur des opérations en cours. Certains pensent qu’une victoire des États-Unis devrait placer cette puissance en position de force suffisante pour imposer une paix totale dans la région. En contraignant Israël à souscrire à la feuille de route du quartette, sans retouches majeures. Un projet relativement équitable pour la cause palestinienne. Les USA, et leur allié britannique, y auraient intérêt pour résorber la colère de la rue arabe et islamique. Tony Blair insiste beaucoup sur ce point dans ses interventions publiques. Selon ces députés, Israël a été plus d’une fois déçu par les positions US, notamment après chaque guerre qu’il a livrée. En 82, Reagan avait établi un plan décrié par Tel-Aviv. Puis Bush père avait monté la conférence de Madrid et en avait établi les principes fondamentaux, d’entrée de jeu, dans la lettre d’invitation adressée aux participants. La première de ces devises reste, comme on sait, la paix moyennant la terre. C’est-à-dire la restitution des territoires arabes occupés par l’État hébreu. Qui n’a accepté que du bout des lèvres, pour poignarder ensuite ce principe, à travers des négociations tactiques planifiées par Yitzhak Shamir. Par la suite, Clinton aussi a forgé une solution, restée lettre morte, car elle a achoppé sur l’échec des pourparlers palestino-israéliens. Sous Bush fils, c’est donc la feuille de route du quartette (USA, Onu, Europe, Russie) qui est mise en avant. Le président américain promet, fermement et avec insistance, de la faire démarrer dès qu’il en aura fini avec Saddam Hussein. Et le Premier ministre britannique surenchérit dans ce sens. Mais faire pression sur les Israéliens, à l’approche d’échéances électorales, et même de la présidentielle, en Amérique ? C’est envisageable, répondent ces parlementaires, car une victoire en Irak dispenserait Bush, qui se retrouverait au top dans les sondages, des voix des Américains israélites. Surtout si dans la foulée de son succès, il parvenait à réaliser une paix globale au Moyen-Orient. Cela explique, ajoutent-ils, les réserves des analystes israéliens, surtout de droite, concernant une victoire US en Irak. Mais d’autres députés libanais estiment, au contraire, qu’un succès de Bush en Irak lui permettrait surtout d’en faire profiter Israël. Le président américain instillerait à la feuille de route les amendements voulus par Sharon. Qui, de son côté, serait sans doute autorisé à changer les donnes par des opérations militaires, pour imposer un nouveau fait accompli sur le terrain. Ce qui transformerait l’État palestinien promis en simple district autonome sur le seul plan administratif. Ces personnalités relèvent, par ailleurs, que Bush aura toujours besoin des voix juives dans les consultations populaires. Car ces échéances se jouent surtout, comme le montre l’exemple de son propre père face à Clinton qui l’a battu malgré la victoire dans la guerre du Golfe, sur des considérations économiques intérieures. De plus si Bush obtient une victoire à la Pyrrhus, très coûteuse en vies humaines, ou en pertes matérielles, pour les Américains, il risque fort de sombrer aux élections. Par contre, une demi-victoire américaine renforcerait, selon ces députés, les chances d’une paix équitable dans la région. Pourquoi ? Parce qu’à leur avis, Israël y réfléchirait à deux fois, en craignant une montée en puissance de la résistance palestinienne, à l’instar de la résistance opiniâtre manifestée par les Irakiens. D’autant que les Américains perdraient tout espoir de remodeler la région comme ils le souhaitent et comme l’espère Israël. Qui, de plus, pourrait moins compter sur les assistances financières des USA, du moment que ces derniers auraient beaucoup trop payé pour leur guerre, trop prolongée, et pour la reconstruction de l’Irak. C’est pourquoi, affirment ces députés, Israël propose dès maintenant la création d’un État palestinien moyennant l’annulation du droit de retour des réfugiés. Et il attend la formation d’un gouvernement palestinien sous la présidence de Mahmoud Abbas (Abou Mazen) pour négocier. L’État hébreu ne croit donc pas beaucoup aux promesses américaines d’une solution qui respecterait avant tout sa sécurité. Après avoir confronté leurs points de vue, les députés libanais sont tombés d’accord pour reconnaître que tout dépendra en définitive de la célérité, ou de la lenteur, des Américains dans leur guerre contre l’Irak. Émile KHOURY
C’est la théorie du ricochet de proximité : la guerre d’Irak va influer sur le conflit israélo-arabe puis sur son nucleus, le dossier palestinien qui, à son tour, se répercutera sur la scène locale. Partant de là, des députés ont récemment débattu, dans une salle de conférences place de l’Étoile, de l’impact ultérieur des opérations en cours. Certains pensent...