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Dialogue difficile… sur le dialogue !

C’est vrai, la guerre est aux portes. Dans l’espace comme dans le temps. Il n’empêche que la scène politique locale, comme en témoignent les visites ou les déclarations, ne fait pas relâche. Et se concentre sur la potentialité d’un dialogue national. Bien évidemment, il n’y a aucune entente sur l’entente, même à ce stade préliminaire. Même au sein de chaque camp, chez les loyalistes notamment, des contradictions éclatent. Certains s’interrogent sur l’utilité du dialogue, sur l’opportunité de titiller les démons des controverses-disputes à un moment où le pays jouit d’une exceptionnelle unité de rangs. D’autres se posent des questions sur l’ordre du jour des questions à débattre, étant donné qu’il vaudrait mieux laisser de côté les sujets qui fâchent. En face, des modérés militent pour des contacts aussi intensifiés qu’élargis. Afin de consolider l’harmonie de passage, d’en profiter pour rééquilibrer les donnes et assainir la vie politique. Mais les visiteurs de Baabda en ressortent tous avec la même impression: le chef de l’État n’est pas très chaud pour un dialogue dans les circonstances actuelles. Il préfère attendre les résultats, les retombées, les conséquences régionales de la guerre américaine contre l’Irak. Car ce bouleversement indiquerait, sans doute, lui-même la portée et le cadre d’un dialogue entre parties libanaises. Jugeant le moment présent, le président de la République se félicite du climat positif, de la solidarité qui se manifestent localement. En soulignant que cette concordance renforce l’immunité du pays face aux répercussions des événements à venir. De leurs effets militaires, politiques et économiques. Il ajoute, en substance, qu’on peut certes utiliser la phase actuelle pour préparer des dossiers ou des projets en vue du dialogue. Mais qu’il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs, en passant tout de suite à un processus qui risquerait d’être dévié de sa trajectoire. Le président du Conseil est pratiquement du même avis. Il pense, lui aussi, qu’il convient de préserver le climat positif coagulé par les perspectives régionales. M. Hariri, comme le président Lahoud, craint que cette rare harmonie ne soit ébréchée par d’âpres discussions entamées dans le cadre d’un dialogue général. Du reste, les dirigeants évitent eux-mêmes de soulever, entre eux, des questions litigieuses comme le cellulaire ou les nominations. Ils se contentent d’exprimer des avis d’ordre général, en reportant à plus tard le traitement effectif des dossiers en suspens. Pour épargner au pays des secousses qui lui seraient fortement préjudiciables. Cette position officielle se trouve illustrée par Michel Murr qui affirme que « le dialogue est requis, dans le sens que nous devons tous être solidaires, unis, rassemblés autour du pouvoir et plus particulièrement autour du chef de l’État. Pour sauver le pays de la crise qu’il traverse. Tout le monde attend la guerre et ses résultats. Dans ces conditions, quel dialogue peut avoir lieu? Nous devons oublier nos querelles intérieures pour unifier nos positions, afin de protéger le Liban de tout préjudice qu’il pourrait subir. » Karim Pakradouni, qui reflète les vues de certains pôles du pouvoir, fait écho au député du Metn. En affirmant que la force du Liban tient aujourd’hui à son unité, renforcée par le communiqué des évêques maronites. Il ajoute que les discordes plongent toujours le pays dans de dures épreuves, même lorsque tout le Moyen-Orient est stable, ce qui n’est pas le cas actuellement. Pour lui, la stabilité passe en cette phase avant le dialogue, sauf si ce dernier se limite à consolider cette même stabilité. C’est-à-dire s’il porte sur des sujets faisant facilement l’unanimité. Le leader des Kataëb précise que le dialogue entre Bkerké et Damas paraît nécessaire, mais qu’il n’appartient pas au chef de l’État de jouer les traits d’union entre la Syrie et une partie libanaise. Selon Pakradouni, la présidence de la République n’est pas un intermédiaire, ni un site de dialogue, mais un centre de décision. Le chef de l’État, ajoute-t-il, encourage tout dialogue ayant pour but de cristalliser une position nationale face aux défis extérieurs et aux problèmes internes. Cependant, des cadres du groupe loyaliste dit Rassemblement parlementaire de concertation militent pour un dialogue accéléré à cœur ouvert. Pour exploiter au mieux des intérêts du pays le climat positif actuel. Le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, insiste pour une analyse pointue des positions du président Assad, de Mgr Sfeir, du mufti Kabalan et de sayyed Nasrallah, aux fins de bâtir une véritable unité nationale fondée sur l’État des institutions comme sur le rééquilibrage politique. Le dialogue et le modérantisme, assure-t-il, sont le fait du rapprochement des positions. Il faut savoir aller de l’avant, en dialoguant sur les questions intérieures dont la plus importante est la loi électorale, conclut le parlementaire. En pratique cependant, le dialogue général officiel semble peu probable. Car il doit nécessairement être placé sous l’égide du président de la République, qui y est réticent pour le moment. Il est toutefois loisible aux politiciens de se parler officieusement , en recourant le cas échéant à l’arbitrage de Baabda qui pourrait également aider à rapprocher les points de vue. C’est ce qu’espère en tout cas le Rassemblement parlementaire de concertation. Émile KHOURY
C’est vrai, la guerre est aux portes. Dans l’espace comme dans le temps. Il n’empêche que la scène politique locale, comme en témoignent les visites ou les déclarations, ne fait pas relâche. Et se concentre sur la potentialité d’un dialogue national. Bien évidemment, il n’y a aucune entente sur l’entente, même à ce stade préliminaire. Même au sein de chaque camp,...