« Nous devons nous préparer à d’éventuels attentats ici ou à l’étranger », déclare Tom Ridge Les États-Unis mettent en œuvre l’opération « Bouclier liberté » pour se protéger de la menace d’agents irakiens

Les États-Unis renforcent leur dispositif sécuritaire en prévision d’attentats qui seraient notamment perpétrés par des agents irakiens pour riposter à une intervention militaire contre Bagdad. Les autorités américaines affirment désormais sans détour que la menace présentée par ces agents de Bagdad a supplanté celle du réseau el-Qaëda d’Oussama Ben Laden, responsable des attentats du 11 septembre 2001. Jusque-là, elles mettaient l’accent sur le danger que représentaient des « cellules dormantes » liées à el-Qaëda, difficiles à repérer et démanteler. En expliquant aux Américains le dispositif mis en place sous l’intitulé « Bouclier liberté » pour renforcer leur sécurité, alors que la guerre contre Saddam Hussein semble imminente, le secrétaire à la Sécurité intérieure Tom Ridge a fait état de « rapports du renseignement » démontrant le bien-fondé de cette menace. « Si le réseau el-Qaëda et ses sympathisants constituent toujours une menace majeure, la menace principale est (constituée) par des agents de l’État irakien, des groupes dépendant de l’Irak et d’autres organisations extrémistes régionales », a déclaré hier M. Ridge lors d’un point presse à Washington. La veille, le président George W. Bush, tout en fixant un ultimatum de 48 heures pour le départ du président irakien Saddam Hussein, avait révélé qu’au cours des derniers jours, la police fédérale (FBI) avait expulsé « des personnes liées aux services de renseignements irakiens » hors du territoire américain. M. Ridge a refusé de préciser combien d’Irakiens avaient été visés par cette mesure, mais il a souligné que l’an dernier quelque 600 personnes soupçonnées d’avoir de près ou de loin une activité terroriste avaient été placées en détention aux États-Unis, dont 60 % d’Irakiens. Face à cette menace, les autorités US ont annoncé lundi soir l’élévation du niveau d’alerte terroriste, passant du jaune « élevé » à l’orange « très élevé ». « Nous devons nous préparer à d’éventuels attentats ici ou à l’étranger », a déclaré M. Ridge, en détaillant la mise en alerte des autorités au niveau fédéral et local dans le cadre du dispositif « Bouclier liberté ». « Nous avons été attaqués, nos intérêts ont été attaqués à l’étranger. Nous devons nous préparer à encaisser une attaque potentielle, ici ou à l’étranger », a poursuivi M. Ridge. La sécurité a donc été renforcée autour des centrales nucléaires américaines, des installations chimiques, des raffineries de pétrole, a encore précisé M. Ridge en indiquant qu’il avait contacté lundi soir par téléphone les gouverneurs des États fédérés pour leur demander de déployer la Garde nationale aux abords de ces sites dits « critiques ». « Il y aura plus de gardes-côtes, de patrouilles dans les airs et en mer, dans les ports (...) tandis que des centaines d’agents vont être ajoutés aux frontières », a indiqué M. Ridge. Les aéroports et les trains n’ont pas été oubliés. « De nouvelles restrictions de vol ont été temporairement mises en place au-dessus de certaines villes des États-Unis », a-t-il précisé. Le FBI (Sûreté fédérale) et les agences du renseignement sont en outre engagés dans des filatures d’individus soupçonnés de prêter assistance à des terroristes sur le territoire américain, notamment en collectant des fonds, en offrant un soutien logistique et en procédant à des recrutements. Par ailleurs, des équipes de techniciens informatiques ont été chargées d’intensifier leur surveillance du réseau Internet afin de prévenir des échanges cryptés de communication ou des attaques au virus informatique. Les importations de nourriture et les stocks alimentaires aux États-Unis vont être désormais placés sous un contrôle plus sévère afin de prévenir toute tentative d’empoisonnement de la population. Tous les services de santé, les hôpitaux, médecins, ambulances ont également été placés en état d’alerte.