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Actualités

Bêtes de guerre

Oui, par tous les diables de l’enfer géopolitique, cet homme est éminemment dangereux et il doit partir. Sa mégalomanie, sa colossale armée, ses gigantesques entrepôts d’armes de destruction massive où aucun inspecteur de l’Onu n’a jamais pu mettre le pied en font une menace pour la planète tout entière. Cet homme ment comme il respire, il se moque littéralement du monde. Oui George Bush, car il s’agit bien de lui, est une calamité pour l’humanité, y compris pour les Américains eux-mêmes qui ne semblent pas trop s’en apercevoir en ces temps d’union sacrée. Rien cependant, ni la pression de l’opinion publique internationale ni les objurgations des amis les plus proches des États-Unis, ne l’empêchera de commettre l’irréparable, c’est-à-dire une guerre injuste contre l’Irak : une guerre d’autant plus sale qu’elle se pare des voiles de la vertu, une guerre qui risque d’avoir des conséquences catastrophiques et dont le coup d’envoi n’est plus que l’affaire de quelques heures. Il n’est de plus épouvantable mégalomane que celui qui se prétend – pire, qui se croit – investi d’une mission divine. De ce point de vue, George W. Bush, qui a trouvé dans la Bible sa vocation à faire triompher les « valeurs » sur les forces du «Mal », n’a pas trop à envier, au fond, à un Oussama Ben Laden. Du fameux « choc des civilisations » que l’on nous annonçait avant même les attentats antiaméricains du 11 septembre 2001, le chef de la Maison-Blanche retient en effet la forme la plus primaire, la plus simpliste qui se pouvait concevoir : celle d’une sainte expédition armée (d’une croisade, s’était-il laissé aller à dire) contre un terrorisme au plus haut point condamnable c’est vrai, puisqu’il se pose lui-même en instrument de la volonté d’Allah contre les impies. Il eut peut-être fallu des résultats plus probants que ceux enregistrés par la campagne d’Afghanistan pour détourner l’administration Bush de ce qui, bien avant le 11 septembre, était sa véritable cible : l’Irak, celui-là même que n’avait pu ou voulu soumettre totalement le premier des Bush. Il n’y a pas toutefois que la hantise de faire mieux que papa : du simple désarmement de ce pays à l’invasion pure et simple en passant par le renversement du régime de Saddam Hussein et l’instauration à Bagdad d’une démocratie modèle (?), la valse des objectifs déclarés ne saurait faire oublier la vieille et tenace volonté américaine de mainmise sur un pays regorgeant de pétrole. Et dont la position stratégique fait, de surcroît, un tremplin idéal pour le contrôle total et absolu du Proche et du Moyen-Orient. À cette fin George W. Bush, Cheney, Rumsfeld et consorts se seront livrés, des mois durant, à un intense bourrage de crâne, laissant se ridiculiser à plaisir l’amorphe secrétaire d’État Colin Powell, exigeant en vain de la CIA des preuves accablantes de l’infamie irakienne, ne reculant pas même devant le faux et usage de faux, comme attesté par les inspecteurs de l’Onu. Par un véritable phénomène de transfert pschopathologique, les faucons ont canalisé sur la personne de Saddam Hussein toute la charge d’horreur et de frayeur que suscite, auprès des Américains, le seul nom de Ben Laden. Présentant hier même son plan d’alerte orange, le secrétaire à la sécurité intérieure US n’hésitait pas ainsi à désigner l’Irak comme la principale menace terroriste, loin devant el-Qaëda ! Le résultat, proprement atterrant, en est que les États-Unis partent en guerre aujourd’hui contre un pays qui n’est pas gouverné par des anges certes, mais qui ne les menace ni de près ni de loin, pas plus qu’il ne détient désormais les moyens d’inquiéter militairement ses voisins. Ils sont sur le point d’attaquer – et donc d’agresser en termes de droit international, au vu de ce qui précède – un pays qui jusqu’à preuve du contraire, et à la différence du Pakistan, allié de l’Amérique, n’abrite pas sur son territoire des activistes d’el-Qaëda, qui n’a pas même versé des subsides à cette organisation, reproche que l’on pourrait adresser en revanche à cet autre allié qu’est le royaume d’Arabie saoudite. Les États-Unis sont sur le point de mettre à feu et à sang un pays dont les experts onusiens assurent qu’il ne développe aucune sorte de programme nucléaire, qui ne procède pas à des tirs d’essai, qui ne défie pas ouvertement Washington comme le fait la Corée du Nord, sans que cela émeuve trop les responsables US tout à leurs obsessions irakiennes. Et une fois qu’ils auront tout cassé, les États-Unis se promettent de reconstruire à tour de bras en favorisant bien entendu leurs propres entreprises dont certaines, telle Halliburton, comptaient il n’y a pas si longtemps des Dick Cheney sur leurs feuilles de paie... Saddam écrasé dans son bunker ou s’exilant à temps avec son magot ? Si la phénoménale disproportion des forces en présence ne laisse aucun doute quant à l’issue de cette guerre en marche, c’est surtout l’après-guerre qui paraît chargée de périls. En faisant sienne la théorie de la guerre préventive chère aux Israéliens, en envisageant de se muer en puissance occupante, l’Administration américaine s’expose – et avec elle la région et le monde – aux fiascos politiques qui accompagnent souvent de telles victoires militaires. C’est dire combien reste aléatoire, et à la limite suspecte, la relance du processus de paix promise sur le tard par George W. Bush et reprise sur-le-champ par son bonimenteur attitré, le très zélé mais aussi très démonétisé Tony Blair. L’Onu, suprême référence en matière de relations internationales, marginalisée, l’Otan fracassée, l’Union européenne consciencieusement désunie : malgré toutes ces prouesses, malgré leur révoltant « avec nous ou alors contre nous » brandi face à l’univers, malgré toutes les tentatives d’intimidation ou de vulgaire corruption économique visant les membres non permanents du conseil de sécurité, les États-Unis n’ont pu réunir les neuf malheureux votes nécessaires à l’adoption d’une deuxième résolution plus conforme à leurs vues que la 1441. C’est dire que les responsables US ont d’ores et déjà perdu une guerre non moins vitale, celle de l’image publique, de la bonne foi, de la crédibilité qui devraient être celles de toute hyperpuissance qui respecte les autres nations et qui se respecte elle-même. Et cela avant même d’avoir largué sur l’Irak la première de leurs bombes. Dites intelligentes, elles. Issa Goraieb
Oui, par tous les diables de l’enfer géopolitique, cet homme est éminemment dangereux et il doit partir. Sa mégalomanie, sa colossale armée, ses gigantesques entrepôts d’armes de destruction massive où aucun inspecteur de l’Onu n’a jamais pu mettre le pied en font une menace pour la planète tout entière. Cet homme ment comme il respire, il se moque littéralement du...