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Le dialogue interne, en riposte aux propos agressifs de Powell

Quand il s’y met, Colin Powell, militaire dans l’âme, n’y va pas de main morte, ni à bouche cousue. La Syrie s’étant rangée, lors du sommet arabe, dans le camp des durs, le secrétaire d’État US lui a décoché des flèches de Parthe. En qualifiant d’« occupation » la présence des troupes syriennes au Liban. Ajoutant que le dernier redéploiement n’est ni le premier ni le dernier, qu’il ne prélude certainement pas à un retrait total. « Car par le passé nous avons toujours vu fluctuer, par des hausses et des baisses, le nombre de soldats syriens cantonnés au Liban. » Powell n’a pas manqué d’égratigner également l’Iran. En exprimant la crainte que cet État ne fournisse « à des organisations qui, comme le Hezbollah, incitent au terrorisme au Liban ou ailleurs, des armes de destruction massive ». Powell, qui est le tout premier officiel américain à avancer le terme d’occupation au sujet de la présence syrienne au Liban, s’exprimait devant une sous-commission budgétaire du Congrès. Il a réitéré le mécontentement de l’Administration Bush face aux positions adoptées par la Syrie au sujet de la crise irakienne. En critiquant âprement le discours tenu par le président Assad à Charm el-Cheikh. Ce même discours a été applaudi localement, comme on sait, par les évêques maronites. Un élément que les modérés veulent exploiter en toute hâte, pour éviter que les attaques de Powell ne provoquent des tensions, ou des malentendus, sur la scène libanaise. D’autant que, dans le cadre des pressions américaines sur Damas, des cadres US ont réveillé récemment le chat qui dort. C’est-à-dire ont ressorti des tiroirs le fameux Syria Accountability Act. Dont naguère, en des temps relationnels bien meilleurs, cette même Administration Bush s’était lavée les mains... On revient donc à des tiraillements syro-américains. Comme nul ne l’ignore, en pareil cas, la scène libanaise s’en ressent. Comme ce n’est pas du tout le moment, il faut installer des pare-feu. Surtout que certains éléments sont toujours démangés par l’envie d’asticoter l’Est, plus précisément Kornet Chehwane. Groupe maintes fois accusé de visées antisyriennes, certains de ses membres se voyant même reprocher de n’être pas étrangers à la publication du Syria Accountability Act. Mais Bkerké pour sa part, à l’instar du Vatican, se démarque nettement du bellicisme US. Il paraît donc difficile que l’on détourne contre le siège patriarcal le courroux occasionné par Powell. Surtout que la direction syrienne n’a pas tari d’éloges, ces derniers temps, à l’égard du cardinal et des évêques. Cependant deux précautions valent mieux qu’une. Aussi, les parlementaires loyalistes coagulés au sein de ce que l’on appelle le Rassemblement de concertation se proposent de hâter les démarches de récollection nationale. C’est-à-dire qu’ils vont se retrouver aujourd’hui pour publier un manifeste des constantes et, probablement, une invite au dialogue général. Ils en ont déjà parlé, comme on sait, au président Lahoud. Qui leur a répété, en substance, que les portes de Baabda sont ouvertes à tous, qu’il est prêt à cautionner tout accord, mais que, bien évidemment, il ne saurait être partie prenante à un dialogue que son rôle est de superviser. Les choses ne coulent donc pas de source. D’autant que ce même Rassemblement parlementaire est plutôt hétéroclite. Il comprend en effet des blocs variés : Berry, Hariri, Joumblatt, le PSNS, l’alliance Frangié-Hraoui assortie des députés Ghattas Khoury et Nader Succar, le tandem formé par le vice-président de la Chambre Élie Ferzli et Jean Obeid, le groupe de Kabalan Issa el-Khoury puis celui d’Élie Skaf, etc. Le comité de suivi formé par le front rendra compte de ses derniers contacts. Michel Murr exposera de son côté les résultats de sa visite à Bkerké. Il est probable que le communiqué final applaudira encore une fois les évêques maronites, avant d’évoquer la possibilité d’une délégation auprès du patriarche. Il est également vraisemblable que le plat de résistance d’un éventuel dialogue général devrait être la préparation d’un nouveau code électoral. Car toute la vie politique du pays en dépend. Le sujet est certes ardu, mais les politiciens ne peuvent évidemment pas l’éviter. Déjà qu’ils se privent de parler d’autres questions-clé comme l’application de Taëf vue sous l’angle des présences fraternelles. Cependant, malgré la multiplicité des projets concernant les élections, il y a un compromis qui s’ébauche : on adopterait des circonscriptions qui seraient plus petites que le mohafazat et plus grandes que le caza. En tout, il y en aurait 14, prévoit un membre influent du RPDC. Et cette configuration suivrait en fait le nouveau découpage administratif que la décentralisation va permettre de tracer. Philippe ABI-AKL
Quand il s’y met, Colin Powell, militaire dans l’âme, n’y va pas de main morte, ni à bouche cousue. La Syrie s’étant rangée, lors du sommet arabe, dans le camp des durs, le secrétaire d’État US lui a décoché des flèches de Parthe. En qualifiant d’« occupation » la présence des troupes syriennes au Liban. Ajoutant que le dernier redéploiement n’est ni le...