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SHAMS - Salle quasi comble pour la septième soirée Courts-métrages étrangers, entre expressivité et immobilisme(PHOTOS)

Salle quasi comble pour la septième soirée, lundi dernier, du très révélateur Festival Shams des jeunes, entièrement consacré aux courts-métrages d’étudiants étrangers. Au programme Nour, de Samer el-Berkaoui, Abir Esber et Raed Sandid (Syrie) ; deux films d’animation, La mosquée omeyyade, de Mostapha Berkaoui (Syrie) et Le confectionneur de perruques, de Steffen Schoeffler (Allemagne) ; puis une fiction, J’ai quelque chose à te dire, en forme de comédie dramatique, de Katarina Filiotou (Grèce). Des deux travaux syriens, deux observations : pour Nour d’une part, un bel effort autour de la délicate notion de durée. Car il semble que le court-métrage, dans les pays arabes, habitués à – et habités par – une tradition littéraire encore vivace du « qui dit moins, dit plus », oublie trop souvent de faire court. Le délayage est de mise ce qui, d’emblée, empêche la qualité et la créativité d’émerger. Or ici, les trois réalisateurs ont tenté le tout pour le tout, et sans doute pas seulement par manque de moyens : deux minutes pour une fiction quasi muette, qui a laissé la place à une expressivité des visages, des attitudes et des situations somme toute assez intéressantes. Pour La mosquée omeyyade d’autre part, Mostapha Berkaoui s’est contenté d’une démonstration basique de l’utilisation d’un programme en trois dimensions. La technique ne prenant jamais la place de la création, l’animation s’est révélée être un support creux. Moyens ronflants, belle direction et fous rires nerveux Scénario solide – quoique particulièrement lyrique et, à certains moments, ampoulé –, pour le court-métrage de l’Allemand Steffen Schoeffler qui s’est offert la voix-off de l’acteur anglais Kenneth Branagh. Ici, les moyens sont certes ronflants mais ils ont été utilisés avec sensibilité et rigueur. Il n’est donc pas étonnant que Le confectionneur de perruques ait presque fait l’unanimité auprès du public. Une belle direction d’acteurs que celle de la Grecque Katarina Filiotou. J’ai quelque chose à te dire, un film de 28 minutes correctement balancé, met en scène une femme mariée, mère d’une fille adolescente, qui se laisse aller au démon de midi avec un plombier et qui décide de l’avouer à sa famille, en présence de sa meilleure amie. Sans trébucher dans l’« overacting », travers systématique des mauvaises productions libanaises, la jeune réalisatrice se penche sur le sujet, ordinaire et épineux à la fois, de l’adultère suivi de l’aveu. La dernière scène, qui confronte le mari blessé à l’épouse repentante et perdue avant l’arrivée du même plombier, venu réparer la fuite à domicile, est particulièrement bien vue. Quant aux réactions nerveusement gênées d’une grande partie des étudiantes présentes dans la salle pendant la scène, un peu déshabillée, de la montée du désir, elles révèlent, sans aucune équivoque, combien les mœurs sont encore entravées au Liban. La seule évocation d’une scène à caractère érotique bouleverse les esprits et les hormones, cadenassés dans une pudeur infantile qui n’est que la partie visible de l’iceberg d’immobilisme généralisé dans lequel marinent les acteurs potentiels de la vie culturelle locale. Il ne s’agit évidemment pas de sombrer dans le « porno », mais simplement de savoir faire face aux méandres, complexes et formidablement générateurs de création et dont le sexe n’est qu’un des nombreux aspects, d’une personnalité. Voire d’en jouir, mais le mot est trop aguicheur pour qui vivote sans jamais prendre le risque essentiel de briser les vieilles chaînes. La peur tue l’art. Diala GEMAYEL
Salle quasi comble pour la septième soirée, lundi dernier, du très révélateur Festival Shams des jeunes, entièrement consacré aux courts-métrages d’étudiants étrangers. Au programme Nour, de Samer el-Berkaoui, Abir Esber et Raed Sandid (Syrie) ; deux films d’animation, La mosquée omeyyade, de Mostapha Berkaoui (Syrie) et Le confectionneur de perruques, de Steffen...