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Culture - Tour de force à l’Université antonine Publication d’une traduction interlinéaire grec-arabe du Nouveau Testament

Une nouvelle traduction du Nouveau Testament, dite interlinéaire, à partir de sa « version originelle » grecque vient d’être publiée, dont la caractéristique est de présenter les textes arabe et grec l’un sous l’autre, ou plutôt de présenter une traduction arabe mot à mot de l’original grec, avec en marge la phrase traduite en arabe. La traduction est due à un groupe de prêtres antonins, les PP. Boulos Feghali, âme du projet, Antoine Aoukar, doyen de la faculté des sciences bibliques, Nehmetallah Khoury et Youssef Fakhri. L’épais volume est publié par la faculté des sciences bibliques de l’Université antonine. L’ouvrage répond d’abord à une nécessité œcuménique. Avec la multiplication des versions arabes du Nouveau Testament, il convenait, disent les auteurs de l’introduction, de réaliser une traduction fiable qui soit la plus proche possible de l’original grec, qui serve d’instrument de référence dans le dialogue œcuménique et le dialogue avec les musulmans, comme dans le dialogue avec ceux qui se tiennent « au seuil de l’Église ». La traduction se présente donc comme un instrument de travail indispensable non pas certes pour les profanes, mais pour le prêtre qui se prépare à animer une « veillée évangélique », à rédiger un article ou encore à préparer l’homélie du dimanche. L’idée est de rapprocher au maximum le lecteur-auditeur des paroles sorties de la bouche même du Christ, reproduites par les premiers témoins puis fixées dans la langue grecque qui était la langue universelle au Ier siècle. L’ouvrage est enfin d’une utilité évidente pour tous les professeurs, spécialistes, chercheurs, séminaristes et intellectuels désireux d’approfondir leurs recherches bibliques. On peut toutefois tenir pour aléatoire que son existence encourage vraiment les prêtres dans les paroisses à enseigner des rudiments de grec à leurs paroissiens, comme le souhaitent les auteurs. Interrogations La publication de cet ouvrage destiné à des spécialistes, et non pas à une large audience, a soulevé des interrogations, et certains en ont contesté l’utilité. Mais alors, autant contester l’utilité de la recherche scientifique elle-même. En ce sens, le P. Louis Rohban, recteur de l’Université antonine, a relevé au cours d’une soirée de présentation de l’ouvrage, conduite par Mlle Rosette Fadel, que l’édition interlinéaire du Nouveau Testament prouve que les orientaux sont prêts à prendre la relève des Occidentaux dans le domaine de la recherche et l’érudition. « Les études les plus fiables sur la littérature arabe, par exemple, sur la langue syriaque, l’histoire de nos nations, l’islamisme, la civilisation égyptienne, l’archéologie, ont été l’œuvre d’Européens, a-t-il souligné. Il nous appartient désormais de nous atteler à la besogne, d’assumer et de prendre en charge le destin de notre propre patrimoine culturel. » Toutefois, le P. Rohban met en défi les auteurs de cette traduction d’affirmer que le grec est la « langue originelle » du Nouveau Testament. « Ni l’arabe ni le grec ne sont nos propres langues », dit-il. En fait, il plaide avec passion pour la redécouverte de la langue araméenne, celle dans laquelle le Christ s’adressait à ses disciples et à la foule. « Il est définitivement établi, dit-il, que les hagiographes qui ont écrit, en grec, les Évangiles canoniques, disposaient non seulement d’une tradition orale antérieure en araméen (...) mais également des documents antérieurs écrits en cette même langue vénérable. » Cette langue, préservée par la liturgie maronite, le P. Rohban en fait une langue sacrée, au même titre que l’hébreu, le grec ou le latin. Ce faisant, le P. Rohban va un peu loin, puisque de l’avis des spécialistes, l’araméen n’a jamais été une langue sacrée, même si certains pensent qu’elle fut « la langue parlée par Adam au paradis terrestre »... Mais les réserves théoriques du P. Rohban sont destinées à stimuler de nouvelles recherches, plutôt qu’à minimiser l’importance de l’ouvrage. En fait, elles n’enlèvent rien à l’immense mérite de ce volume, que l’évêque maronite de Sarba, Mgr Guy Noujeim, n’a pas hésité à relever, transmettant aux auteurs de ce tour de force les félicitations du chef de l’Église maronite. Ces derniers doivent donc cesser de trouver des justifications à leur recherche. Ils n’ont rien à prouver à personne. L’érudition et le travail de longue haleine ont leur place dans notre culture comme dans toute culture digne de ce nom. Combien plus, quand c’est la Parole de Dieu qu’on tente de capter à sa source. Fady NOUN
Une nouvelle traduction du Nouveau Testament, dite interlinéaire, à partir de sa « version originelle » grecque vient d’être publiée, dont la caractéristique est de présenter les textes arabe et grec l’un sous l’autre, ou plutôt de présenter une traduction arabe mot à mot de l’original grec, avec en marge la phrase traduite en arabe. La traduction est due à un...