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À Beyrouth, des spéculations aussi effrénées que le suspense diplomatique

Deux dates butoirs historiques : cette semaine prévue pour un vote du projet de résolution hispano-anglo-américain. Et le 17, expiration de l’ultimatum que ce texte lance à Saddam Hussein. Afin que d’ici là il se conforme parfaitement à la 1441, dans son esprit comme dans sa lettre, et qu’il manifeste une coopération totale, active et non passive, avec les inspections en cours. Dans quelques jours à peine, on devrait savoir qui l’a emporté au Conseil de sécurité, les va-t-en guerre ou les pacifistes. La bataille diplomatique entre le camp des USA d’un côté, la France, l’Allemagne, la Russie et la Chine de l’autre côté va prendre fin, du moins dans sa phase actuelle. L’empoignade est axée, comme on sait, sur les pays membres non permanents du Conseil qui n’ont pas clairement pris partie. Ils subissent des pressions politiques et économiques énormes, contrebalancées ou assorties d’offres tentantes. À Beyrouth, comme ailleurs dans le monde, les spéculations vont bon train. Certains pensent que les USA vont effectivement, comme le prédit Colin Powell, décrocher la majorité requise de neuf voix sur quinze. Auquel cas, selon ces sources diplomatiques, aucun membre permanent du Conseil n’userait de son droit de veto. Car cela provoquerait une crise de relations aiguë, un dur conflit d’intérêts avec les États-Unis, ce que nulle puissance ne semble souhaiter. Ainsi Powell a directement prévenu la France des effets néfastes qu’un veto de sa part pourrait avoir, du moins à court terme. De plus, tous les gouvernements savent que le rejet de la résolution permettant le recours à la force n’empêcherait pas les Américains de faire la guerre à l’Irak. Washington est clair sur ce point. Il affirme en effet être en droit de se passer de l’aval de l’Onu parce qu’il soutient se trouver en état de légitime défense. Face au danger de voir l’Irak alimenter le terrorisme international en armes diverses, conventionnelles, bactériologiques ou biologiques. La France, qui a déclaré qu’elle n’autoriserait pas une résolution de guerre, ajoutant qu’elle assumerait ses responsabilités à cet égard, laisse certes entendre qu’elle irait jusqu’au veto. Mais les sources citées en doutent et pensent que Paris se contenterait d’une abstention. En continuant à réclamer plus de temps, dans une fourchette cependant comprimée à moins de cent vingt jours, pour les inspections. Ou, plutôt, pour un rapport décisif de Hans Blix sur le degré de coopération de l’Irak en matière de désarmement. Toujours à Beyrouth, d’autres professionnels pensent qu’en cas de vote du projet tripartite, la France et ses alliés enverraient une délégation chez Saddam Hussein pour le prier de partir, afin d’éviter à son peuple les malheurs de la guerre. Le chef de l’État irakien se verrait remontrer que les efforts pour éviter le recours à la force ayant échoué, la paix ne peut plus être sauvée que par l’éviction volontaire de son régime. À ce propos, le général William Wallace, commandant des forces US au Koweït, s’est déclaré convaincu que le dirigeant irakien partirait au dernier moment. Bien évidemment, si Washington n’arrive pas à réunir la majorité requise, la France n’aurait plus à se tracasser au sujet du veto et d’une brouille définitive avec les USA. Le problème se centrerait alors sur ces derniers. Iraient-ils vraiment jusqu’à se passer de toute couverture légale internationale? Ne préféreraient-ils pas consentir à accorder aux inspecteurs un peu plus de temps ? Selon les sources diplomatiques citées, ce dernier choix semble des plus raisonnables. Car en ignorant l’opposition, très dense, de l’opinion mondiale et de la grande majorité des pays, les USA risqueraient d’être confrontés à une lutte larvée contre eux, contre leurs intérêts, après leurs opérations en Irak. Au niveau des gouvernements favorables à la paix, il s’agirait alors d’empêcher les États-Unis d’aller plus loin que l’Irak et de remodeler le Moyen-Orient à leur gré, comme ils l’ont annoncé. C’est pourquoi Washington prodigue tant d’efforts pour l’emporter au Conseil de sécurité. Il a beau dire, la légitimation internationale de son action est extrêmement importante pour lui assurer une réussite véritable et pour qu’il ne décroche pas une victoire à la Pyrrhus. Sans compter qu’une majorité acquise en cas de vote mettrait les opposants dans un fort embarras : soit ils devraient s’avouer vaincus en s’abstenant ; soit ils voudraient user de leur droit de veto en sachant ce qu’il pourrait leur en coûter. Dès lors, ce qui est vrai pour Washington l’est aussi pour Paris et ses alliés. Dans ce sens que les pacifistes aussi font des pieds et des mains pour avoir la majorité à leurs côtés. De Villepin a ainsi démarché les trois pays africains membres rotatifs du Conseil de sécurité, tandis que le département d’État US parlait de son côté aux Sud-Américains. Émile KHOURY
Deux dates butoirs historiques : cette semaine prévue pour un vote du projet de résolution hispano-anglo-américain. Et le 17, expiration de l’ultimatum que ce texte lance à Saddam Hussein. Afin que d’ici là il se conforme parfaitement à la 1441, dans son esprit comme dans sa lettre, et qu’il manifeste une coopération totale, active et non passive, avec les inspections en...