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Le soutien au Hezbollah et la présence syrienne au Liban à l’épreuve de la guerre irakienne

À défaut d’une généralisation de la démocratie – notion au demeurant toute relative –, la guerre contre l’Irak et le renversement du régime de Saddam Hussein devraient se traduire par un rôle accru de la société civile dans les divers pays du Proche-Orient, notamment à travers l’action des organisations non gouvernementales (ONG) ; et bien qu’elle se pose en chef de file des États arabes hostiles à l’expédition projetée contre l’Irak, la Syrie ne risque pas trop de se retrouver dans une position intenable, compte tenu du rôle important qui est le sien dans le conflit arabo-israélien. Cette opinion est formulée par une source bien au fait des contacts internationaux, qui met néanmoins en garde contre les conséquences très graves qu’aurait toute « provocation » à la frontière libano-israélienne survenant à la faveur de la guerre irakienne. Selon cette source, seule une démission et un départ en exil du président Saddam Hussein (la Russie serait un des pays d’accueil envisagés) permettraient d’éviter la guerre. Quoi qu’il en soit, affirme-t-elle, l’élimination de Saddam Hussein aurait pour première conséquence la disparition de la scène de Yasser Arafat au profit d’une nouvelle direction palestinienne libre de toute attache avec le terrorisme et reniant celui-ci dans les faits comme dans les mots. Les États-Unis, précise cette source informée, estiment que leur implication de longue date dans les efforts de règlement de la crise du Proche-Orient leur donne parfaitement voix au chapitre, et ils ne se privent pas d’ailleurs de faire entendre haut et clair celle-ci : ils ont déjà fait savoir qu’ils n’entendaient plus travailler désormais avec Arafat (qui paraît d’ailleurs lâché par les pays arabes eux-mêmes, et à leur tête l’Égypte) et ont engagé un dialogue avec d’autres personnalités palestiniennes. Des divers pays arabes, poursuit cette source, Washington attend qu’ils se prononcent contre toute violence et qu’ils ne se bornent pas à condamner celles exercées par Israël contre les Palestiniens. Pas d’effet de dominos Entreprenant d’expliciter les vues sur l’avenir de la région formulées ces dernières semaines par les principaux responsables US, cette source informée paraît exclure tout effet de dominos qu’aurait un effondrement du régime de Bagdad. C’est vrai, admet-elle, que les meilleurs amis de l’Amérique dans la région ne sont guère des modèles de démocratie ou même de développement humain, et éloquent à cet égard est le cas de l’Égypte qui en est toujours au même point après un demi-siècle de révolutions, de mobilisations et de grands desseins. Dans cette partie du monde, ajoute-t-elle, la démocratie reste une notion extrêmement relative et volatile ; même dans un pays comme le Liban, elle est affectée par d’autres facteurs tel le féodalisme, et c’est pourquoi il faut se garder d’être simpliste. L’essentiel, souligne alors cette source, est la mise en activité de la société civile par la stimulation des organisations non gouvernementales. Cela fait des années, indique encore cette source, que les États-Unis étudient les moyens de promouvoir le développement et l’évolution des sociétés de la région, encore que l’action auprès des ONG n’a été possible que dans les pays bénéficiant de programmes d’assistance financés par le contribuable américain. Toujours selon cette source (qui fait évidemment l’impasse sur les innombrables veto américains exercés en faveur d’Israël), c’est l’incapacité des Nations unies à faire appliquer ses résolutions sur le Proche-Orient qui a amené les États-Unis à s’impliquer davantage que tout autre pays dans les efforts de paix, et ceux-ci sont voués à se poursuivre. À en croire cette source, le cas irakien dépasse en urgence celui de la Corée du Nord parce que l’« environnement diplomatique » en Asie du Sud-Est, où se meuvent des acteurs aussi influents que la Chine, le Japon et la Corée du Sud, est beaucoup plus solide que celui du Proche-Orient, où la Ligue arabe vient d’étaler sa déliquescence. Dans ce qui n’est sans doute qu’un vœu pieux, la source estime que le contrôle international sur les armements nucléaires pourrait même s’étendre un jour à l’Inde, au Pakistan et même... à Israël, encore que ce dernier affirme ne pas être en possession de l’arme atomique. Cela dit, cette source ne paraît pas trop s’émouvoir de la vive opposition manifestée par la Syrie à toute guerre contre l’Irak : il existe aujourd’hui un débat planétaire sur la question, et les manifestations antiguerre relève-t-elle, n’ont d’ailleurs épargné ni Washington ni New York. Elle ne croit pas en outre que les bouleversements attendus en Irak placent la Syrie dans une position particulièrement inconfortable, malgré le caractère jugé « très complexe » de la politique syrienne. Pour cette source, il est courant d’entendre dire que le souci majeur du régime de Damas est sa propre survie, et elle ne manque pas de relever que si la Syrie a coopéré dans la lutte contre le terrorisme intégriste, c’est qu’elle y avait elle-même un intérêt direct. Syrie-USA : des relations « raisonnablement constructives » Dans le même temps, ajoute la source, l’État de leurs relations « raisonnablement constructives » avec la Syrie portent les États-Unis à croire que celle-ci perçoit, à son tour, les préoccupations américaines qui tiennent à ces quatre points : le soutien syrien au Hamas et au Jihad palestinien ainsi qu’au Hezbollah libanais, que Washington considère toujours comme une organisation éminemment terroriste ; le commerce clandestin avec l’Irak ; la détention d’armes de destruction massives ; et la présence syrienne au Liban, question dont la source convient volontiers qu’elle ne figure pas en tête des priorités US. Se félicitant du rôle « très positif » qu’a joué la Syrie durant les semaines où elle était membre du Conseil de sécurité de l’Onu, la même source s’attend néanmoins à voir rebondir prochainement, au Congrès US, l’affaire du Syria Accountability Act, et cela sous l’impulsion notamment d’influentes ligues libano-américaines ; mais elle s’attend que ce projet de motion visant à demander des comptes à Damas soit une fois de plus mis en échec par l’Administration Bush, et cela en raison du rôle important qui est celui de la Syrie dans les efforts de paix au Proche-Orient. La source note d’ailleurs que la Syrie a déjà exercé dans le passé récent, sur le Hezbollah, des pressions significatives qui ont eu un effet certain puisque peu d’incidents ont été signalés à la frontière libano-israélienne depuis avril 2002. Il devrait être facile d’imaginer, ajoute-t-elle, quels périls entraînerait tout incident éclatant en marge de la guerre irakienne, et pas seulement pour le Hezbollah... Pour ce qui est du récent redéploiement de certaines unités syriennes stationnées au Liban, la source se félicite qu’il ait eu pour effet de satisfaire l’opinion chrétienne libanaise, même si on ne saurait jurer que les unités en question aient effectivement regagné le territoire syrien. Les États-Unis, se plaît à rappeler cette source, ont constamment soutenu l’idée d’un départ de toutes les forces étrangères – y compris syriennes – du Liban ; mais, reconnaît-elle, l’intensité de cette exigence est épisodique... Cette source se félicite enfin du dégel entre le clergé maronite libanais et la Syrie, amorcé la semaine dernière à la faveur de l’hommage qui a été rendu à l’intervention du président Bachar el-Assad lors du sommet arabe de Charm el-Cheikh. C’est là, estime-t-elle, une initiative très importante du patriarche maronite qui se doit d’être un chef national et non seulement communautaire. La géopolitique, conclut-elle, commande d’entretenir des relations avec le voisin. Et qui plus est un puissant voisin. I.G.
À défaut d’une généralisation de la démocratie – notion au demeurant toute relative –, la guerre contre l’Irak et le renversement du régime de Saddam Hussein devraient se traduire par un rôle accru de la société civile dans les divers pays du Proche-Orient, notamment à travers l’action des organisations non gouvernementales (ONG) ; et bien qu’elle se pose en chef...