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HISTOIRE - La vérité sur un homme qui gouverna la Tunisie « par le sang et le feu » Murad III, prince anthropophage

Le Théâtre national tunisien remporte actuellement un franc succès avec à l’affiche « Murad III », qui raconte l’histoire véridique d’un prince assoiffé de vengeance au point de manger ses ennemis, qui gouverna la Tunisie « par le sang et le feu » de 1699 à 1702, sous l’autorité de l’Empire ottoman.Après la mort de son père Ali bey, Murad III fut adopté par ses oncles Mohamed bey puis Romdhane bey. Ce dernier, le soupçonnant de comploter pour le renverser, le met en prison, puis lui crève les yeux, le rendant presque aveugle. Le jeune prince parvient cependant à s’évader et prend la tête d’un groupe de rebelles pour chasser son oncle du palais beylical de Bardo, l’assassiner et se faire introniser bey de Tunis en 1699. C’est par la scène de son investiture que le metteur en scène, Mohamed Driss, a choisi de commencer la pièce, offrant un spectacle riche en émotions, couleurs et sons, sur fond de musique tuniso-turque, avec une quarantaine de comédiens en costumes inspirés de l’époque ottomane. Selon Mohamed Driss, la pièce « explore les mécanismes du pouvoir et pose le problème philosophique et moral de la responsabilité des gouvernants, des gouvernés et des élites ». Murad III n’a que 18 ans quand il accède au trône. Il a beaucoup souffert dans son adolescence et n’a qu’une seule idée en tête: se venger de ceux qui ont fait mal à ses yeux et qui furent ses ennemis. Doté du pouvoir, il fait preuve d’une vengeance insatiable, transformant la cérémonie d’intronisation en tribunal de guerre, maltraitant les généraux de l’armée et dignitaires de la cour, se moquant des notables et traînant les religieux dans la fange. Assassiné à 21 ans Encouragé par le silence d’un peuple soumis et aveuglé par la capacité destructive de ses souvenirs douloureux, il torture et exécute ses ennemis lui-même et devient anthropophage, prenant plaisir à manger la chair vive de ses victimes et à la faire manger à ses gens. Emporté par sa haine et incapable de pardonner un affront dont la blessure est encore vive, il renonce à l’amour de sa cousine bédouine et compagne d’enfance Fatma par peur de consoler son chagrin et d’oublier ses desseins de vengeance. Ses proches, les dignitaires de la cour et notamment les généraux de l’armée, exaspérés par ses excès, se mettent d’accord pour le renverser avant qu’Ibrahim Chérif, général en chef, ne l’assassine en 1702, sur l’ordre des Ottomans. Murad III n’avait alors que 21 ans. Le texte de la pièce, mise en scène pour la première fois en 1966 par Aly Ben Ayed, homme du théâtre tunisien novateur aujourd’hui décédé, est l’œuvre de Habib Boularès, ancien ministre tunisien et actuel secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA, regroupant outre la Tunisie, le Maroc, l’Algérie, la Libye et la Mauritanie). Dans sa mise en scène, Mohamed Driss propose une nouvelle lecture de la pièce et du personnage. « M. Ben Ayed a présenté un Murad III blessé, incompris et presque attachant. Il en a fait, en quelque sorte, une victime qui se venge. Ma lecture est tout autre », a affirmé M. Driss en présentant sa pièce. Selon lui, « Murad III est porteur d’un drame dont il partage la responsabilité avec tous les autres protagonistes de la pièce, il est à la fois victime, coupable et témoin de ses propres crimes. La pièce se transforme alors en une sorte de procès public où les spectateurs sont pris à témoin ». « C’est la raison pour laquelle j’ai évité la scénographie frontale classique et opté pour un plateau nu et un espace de jeu éclaté qui intègre la salle. Il n’y a plus un seul point de vue, celui de Murad III, mais une pluralité de points de vue. » Traduction du metteur en scène : « Le drame est collectif et la responsabilité partagée par tous. »
Le Théâtre national tunisien remporte actuellement un franc succès avec à l’affiche « Murad III », qui raconte l’histoire véridique d’un prince assoiffé de vengeance au point de manger ses ennemis, qui gouverna la Tunisie « par le sang et le feu » de 1699 à 1702, sous l’autorité de l’Empire ottoman.Après la mort de son père Ali bey, Murad III fut adopté par ses...