Des députés envisagent de revoir leur opposition aux demandes américaines L’armée turque annonce son soutien à un déploiement militaire américain

L’armée turque a apporté hier son soutien ferme au déploiement de forces américaines dans le pays et a sévèrement mis en garde les factions kurdes du Nord irakien contre toute opposition à sa propre éventuelle intervention. « Les vues des forces armées sont les mêmes que celles du gouvernement », a déclaré le chef d’état-major, le général Hilmi Ozkok, lors d’une rare intervention devant les journalistes, auxquels il a lu une déclaration écrite. Le général Ozkok faisait référence à une motion du gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP) rejetée samedi dernier par le Parlement. Elle prévoyait un déploiement de 62 000 soldats américains en Turquie et l’envoi de troupes turques dans le nord de l’Irak. L’intervention du général Ozkoz aurait par ailleurs encouragé quelques députés ayant voté le week-end dernier contre le déploiement de militaires américains à changer d’avis en cas de nouveau vote au Parlement sur la question, a-t-on appris hier de sources parlementaires. « Nous avions pensé que si un front était ouvert dans le nord (de l’Irak), la guerre serait écourtée et que des évènements imprévisibles n’auraient pas lieu », a précisé le général turc. Il a toutefois indiqué respecter la décision des députés turcs. « Malheureusement, notre choix n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le mauvais et le pire », a-t-il dit, soulignant que « si nous ne participons pas à une guerre, (...) il nous sera impossible d’avoir notre mot à dire après la guerre ». Relevant que son pays n’avait ni les capacités ni les moyens de prévenir à lui seul une guerre, le général Ozkok a indiqué que « la Turquie subira les mêmes dommages, qu’elle participe ou non au processus de guerre ». Des responsables de l’AKP au pouvoir ont par ailleurs indiqué qu’une décision sur un éventuel nouveau vote au Parlement ne serait pas prise avant au moins deux semaines, alors que le leader du parti Recep Tayyip Erdogan est en pleine campagne électorale pour entrer au Parlement dimanche lors d’un scrutin local et remplacer Abdullah Gul au poste de Premier ministre. Le général Ozkoz a en outre prévenu les factions kurdes d’Irak qu’elles devraient assumer les conséquences d’une éventuelle confrontation avec l’armée turque en cas d’intervention de celle-ci au Kurdistan irakien. « Je leur rappelle notre droit légitime à défendre nos intérêts nationaux et j’espère qu’ils seront prudents et coopératifs », a-t-il dit. « Ceux qui veulent remplacer la paix par la confrontation en assumeront également la responsabilité et les conséquences », a-t-il dit sèchement. De son côté, l’organisation de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch, a mis en garde hier contre une présence militaire turque au nord de l’Irak et ses répercussions sur les populations civiles.