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SPECTACLE - Ouverture du 4e Festival Shams des jeunes au Théâtre de Beyrouth (Aïn el-Mreissé) « Des gens dans un parc » : un texte bavard, privé de poésie et d’humour (photo)

L’état de délabrement d’un pays se mesure à l’état de maintien de son (ou ses) théâtre (s). Il est quand même déplorable et guère étonnant de constater la désaffection du public des salles de théâtre quand on voit l’état de décrépitude où plongent certains lieux dits de représentation. Une scène d’où suinte l’eau à grosses gouttes entre deux spots (« cela dure depuis deux ans », confirme Roger Assaf en toute tranquille résignation et bonjour la compatibilité, sans étincelles, de l’eau et de l’électricité !), des chaises branlantes, des lampes éclopées. Voilà le cadre vétuste et vieillot du Théâtre de Beyrouth (Aïn el- Mreissé) pour lancer le 4e Festival Shams des jeunes, de l’aveu même de Roger Assaf, maître de céans qui mérite bien mieux, vu son talent, sa sérieuse et longue expérience théâtrale. Un théâtre qui risque de dépérir à court terme, vu l’indigence et le manque de moyens financiers. Que l’État fasse donc des travaux de réaménagement et de restauration (quelle illusion quand nos routes sont si peu praticables, et puis la culture, n’est-ce pas, c’est tout juste bon pour les marginaux et les saltimbanques !) ; que les nantis montrent le bout de leur bourse ; que les intéressés se penchent sur un secteur moribond que nul ne songe à sauver ou sauvegarder dans les limites de la simple dignité. Passé ce préambule qui n’est qu’un cri du cœur pour le théâtre, expression et reflet d’une nation, et un droit de défense à l’un de nos meilleurs metteurs en scène qui se débat en vain (comme nous tous) contre l’adversité d’un quotidien impossible, voilà que les étudiants de l’Université Saint-Esprit – Kaslik présentent une œuvre d’un intérêt moins que mineur intitulée People in a Park (Des gens dans un parc) de David Mamet et mollement dirigée par Hassan Preisler. Pour tout décor, six chaises de jardin et un chevalet. Autant de personnages plus ou moins farfelus ou se voulant tels et qui ne se croiseront tous ensemble sur scène que pour le salut final ! Une femme à chapeau peint une toile (quand elle ne suçote pas une glace), tandis que les protagonistes entrent et sortent comme dans une auberge pour débiter des paroles anodines et insignifiantes. Petit discours absurde, en anglais (à la prononciation lourde et jamais nette), narrant les obsessions, les hantises et les ressassements de chacun. Phrases parfois faussement « ionesciennes » sans le mordant comique et la profondeur du dramaturge roumain. Sketches et monologues prétendument modernes, où une sorte de délire verbal tient de point commun entre ces protagonistes à l’allure originale (rapins, intellectuels, musiciens, etc.) qui ne se renvoient presque pas la réplique. Solitude absolue et ennui mortel de l’homme. Cet homme qui dit : « Je parle , écoutez-moi ! » Et que nul n’écoute. Dernière pirouette, propos vaguement et confusément satiriques oscillant entre élucubrations et variations sur une idée d’Arnold Toynbe au cellulaire, confessions sur la mort d’un père, d’une mère ou recettes culinaires pour un meilleur être, pour conclure, sur une sentence, très lapalissade, qu’il faut méditer, semble t-il, avec sagesse «notre corps est notre ami »… Une mise en scène inconsistante pour un texte bavard, privé de poésie et d’humour. Les acteurs font ce qu’ils peuvent mais vu le manque d’expérience, le handicap de la langue et les spectateurs qui ont quitté la salle avant la fermeture de rideaux, le résultat n’est guère concluant. Edgar DAVIDIAN
L’état de délabrement d’un pays se mesure à l’état de maintien de son (ou ses) théâtre (s). Il est quand même déplorable et guère étonnant de constater la désaffection du public des salles de théâtre quand on voit l’état de décrépitude où plongent certains lieux dits de représentation. Une scène d’où suinte l’eau à grosses gouttes entre deux spots («...