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Intempéries - Première réunion aujourd’hui au Sérail Toujours pas de bilan précis... ni de sanctions

Après la pluie, le beau temps. Certes, mais est-ce qu’il va pleuvoir des sanctions ? L’incurie des départements officiels comme des responsables restera-t-elle impunie ? On se le demande. Comme on se demande ce que les tempêtes ont coûté au pays : jusqu’à présent, les autorités ne disposent d’aucun bilan sur les dégâts dans les différentes régions, notamment dans la Békaa qui semble avoir été le plus durement frappée par les inondations. En tout cas, le haut comité de secours tient aujourd’hui au Sérail, peut-être sous la présidence de Hariri en personne, sa première réunion consacrée à ce dossier. Il devra étudier en premier lieu la question des indemnisations, dans les limites des crédits de dix milliards de livres libanaises (à peu près 660 000 $) accordés par le Conseil des ministres. Il est probable que l’on est loin du compte. C’est l’armée qui a été chargée de recenser les dégâts. Pourquoi l’armée ? Sans doute parce que l’on préfère ne pas se fier aux filières administratives ordinaires, du moment qu’elles sont manifestement bien en-deçà de leurs responsabilités. Et qu’elles auraient, peut-être, à en rendre compte disciplinairement. En effet, les calamités naturelles qui ont ravagé tant de contrées sont venues révéler au grand jour non seulement la précarité des travaux d’infrastructures, comme les ponts et les routes, mais aussi le manque de contrôle, de surveillance, de maintenance, d’observation des règles techniques ou des lois en vigueur. C’est seulement après les inondations que l’on s’est aperçu qu’il existe autant d’atteintes à la propriété publique fluviale qu’au domaine maritime. C’est-à-dire que l’on a constaté que des particuliers ont bâti le long des rives dangereuses de cours d’eau ou sur des monticules friables, en altérant parfois le tracé des rivières, en violation des arrêtés gouvernementaux ou municipaux. Il est manifeste que les autorités ne pouvaient ignorer ces débordements mais préféraient fermer les yeux. Ce qui est également très évident, c’est que les pouvoirs publics, bien prévenus par une météo alarmiste, n’ont pas pris de mesures préventives pour atténuer les effets du terrible mauvais temps annoncé. Les spécialistes avaient tout particulièrement insisté, dans leurs prévisions, sur le risque d’inondations géantes dans la Békaa et d’éboulements en montagne. C’est, malheureusement, ce qui s’est produit effectivement. Parce qu’aucune précaution, aucune protection n’avaient été prises. Il reste donc à savoir, aujourd’hui, si l’on va tout oublier très vite, si les voix multiples qui réclament des comptes vont se taire, si les responsables au double sens du mot vont s’en tirer sans sanctions. Non pas, évidemment, qu’il s’agisse de tirer d’eux une quelconque vengeance, mais pour que l’exemple porte et qu’à l’avenir il n’y ait plus de telles dérives, de telles négligences aux résultats si préjudiciables pour la population comme pour l’économie nationale. Au stade actuel, la vague de mécontentement continue à porter nombre de députés à interpeller le gouvernement sur cette question. D’autant qu’on est inquiet pour le proche avenir. Comme pour le présent même, mais pas sur le plan des intempéries, sur celui des indemnisations. En effet des politiciens de la Békaa indiquent qu’il y a lieu de craindre des magouilles dans ce domaine, les indemnités risquant de ne pas parvenir aux véritables ayants droit mais aux hommes de certains puissants, comme cela s’est vu par le passé. Pour parer ce danger, il a été décidé de charger le mohafez et les caïmacams de recueillir les réclamations des particuliers lésés, pour les faire vérifier ensuite par une commission non pas civile mais militaire, du reste chargée d’inspecter les dégâts sur le terrain. Cette commission se fera aider, le cas échéant, par les municipalités et par les moukhtars. Elle remettra ses conclusions comptables au haut comité de secours, pour l’octroi final des indemnisations aux particuliers touchés dans leurs biens. Parallèlement, l’on apprend que des notables aisés, libanais ou étrangers, coutumiers de l’assistance au Liban, comptent faire des donations qui seront confiées à la présidence de la République, en vue de contribuer aux réparations des dégâts. Il est possible qu’un compte spécial soit ouvert par le gouvernement au public pour des dons similaires en faveur des sinistrés de la tempête. Des Arabes riches ont de leur côté fait savoir qu’ils verraient d’un bon œil la création d’une caisse de secours qu’ils financeraient en partie. Selon certaines sources, ces pôles arabes auraient laissé entendre qu’ils préfèrent ne pas avoir affaire au haut comité de secours. Leur motivation pourrait être d’origine politique, parce que cette instance est dirigée par Hariri que, notoirement, ils n’apprécient pas beaucoup. Sur un autre plan, s’il est vrai que des parlementaires réclament une enquête, il est également certain que cette affaire ne fera pas sauter le gouvernement. Dont certains membres se rejettent la responsabilité les uns sur les autres. Mais qui reste en place, à cause de la situation régionale. En conclusion, répétons la question : est-ce qu’à l’image des sanctions qui sont tombées après le drame de Beïdar dans les années quatre-vingt, des mesures vont être prises contre l’incurie persistante des services publics et de leurs officiants ? Est-ce que la loi va être appliquée ? Ou est-ce que le pouvoir est trop absent, comme le disent des opposants, pour qu’on lui demande des comptes ? Philippe ABI-AKL
Après la pluie, le beau temps. Certes, mais est-ce qu’il va pleuvoir des sanctions ? L’incurie des départements officiels comme des responsables restera-t-elle impunie ? On se le demande. Comme on se demande ce que les tempêtes ont coûté au pays : jusqu’à présent, les autorités ne disposent d’aucun bilan sur les dégâts dans les différentes régions, notamment dans la...