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Dossier régional - Dans l’impossibilité d’empêcher une guerre contre l’Irak Les Arabes devraient négocier avec les USA un règlement de la question palestinienne

Selon un ancien ambassadeur, du moment que les Arabes ne sont manifestement pas en mesure d’empêcher une guerre américaine contre l’Irak, ils devraient au moins tenter d’obtenir un règlement équitable pour la cause palestinienne, avant que Sharon ne la liquide. Le diplomate cite l’exemple de la Turquie. Ce pays, qui traverse une grave récession économique, se trouve lié par des intérêts stratégiques avec les États-Unis. Malgré cette alliance, malgré les pressions, il n’a pas hésité à négocier au prix fort, 25 milliards de dollars, son feu vert pour l’utilisation de son territoire contre l’Irak. Et encore, le Parlement turc vient de rejeter cet accord, ce qui pourrait faire monter davantage les enchères en fin de compte. Certains pays arabes gravitent comme la Turquie dans l’orbite US. Ils ont toujours latitude pour marchander. En s’unissant, leurs leaders peuvent exiger des États-Unis de contraindre Israël à appliquer les résolutions 422 , 338 et 194 de l’Onu. C’est-à-dire à se retirer des territoires arabes conquis en 67, en autorisant le retour des réfugiés palestiniens. Dans le même sens, Washington devrait obliger Israël à se soumettre aux principes de Madrid, la terre moyennant la paix. Les Arabes, poursuit cette personnalité, n’ont qu’à se baser sur leur propre initiative de paix, prise il y a un an lors du sommet de Beyrouth et approuvée par les États-Unis. Cela pour réactiver la feuille de route du quartette international chargé de traiter le dossier palestinien. Il s’agit de déblayer cette voie qu’Israël obstrue systématiquement. En trahissant même les accords conclus avec l’Autorité palestinienne, sans compter les principes de Madrid. L’État hébreu veut en effet et la terre et la paix, ou plutôt la sécurité. Or, regrette le diplomate, les Arabes ne semblent pas résolus à empoigner pour de bon le dossier palestinien. À Charm el-Cheikh, ils se sont contentés d’évoquer les épreuves du peuple palestinien en réitérant leurs positions des sommets précédents. Sans prendre des mesures pratiques pour aller de l’avant, ni chercher à troquer l’aide logistique aux USA contre leur soutien en faveur de la cause palestinienne. Afin que Washington force Israël à cesser ses agressions contre le peuple palestinien, à accepter l’envoi d’une force de protection internationale, comme d’une commission d’enquête sur les crimes israéliens, dans le respect de la quatrième convention de Genève. Les Arabes se sont contentés de redire leur attachement à leur proposition de paix de l’an dernier et d’adresser un salut compatissant au peuple palestinien comme à sa direction nationale. Rien n’est fait pour soutenir vraiment l’intifada, la résistance politique des Palestiniens, par des moyens matériels autant que moraux. Aucun signal n’est donné pour évoquer, en direction des Américains et à titre de pression, l’ouverture des frontières, c’est-à-dire l’activation des fronts, pour le cas où Israël continuerait à agresser le peuple palestinien. Aucune perspective de reprise des négociations n’est projetée. Les Arabes, du moins ceux qui ont des rapports avec l’État hébreu, ne menacent même pas d’une rupture des relations diplomatiques ni d’un renforcement du système de boycott. Ce ne sont pas les communiqués littéraires qui vont émouvoir les Américains, les amener à réfléchir, à intervenir pour un règlement équitable. Et ce ne sont pas de tels manifestes qui vont conduire Israël à cesser ses agressions. Il faut une action concertée arabe. Or, comme le relève le président Assad de Syrie, il n’existe toujours pas de plan arabe unifié pour empêcher la guerre contre l’Irak et « nous ne faisons que donner des déclarations… », dit-il. Pour conclure, l’ancien ambassadeur répète que les Arabes doivent s’inspirer de la Turquie pour n’accorder une aide logistique aux USA que moyennant une contrepartie, le traitement du dossier palestinien. Afin qu’Israël cesse ses agressions, ses razzias, ses massacres et accepte de reprendre les négociations de paix. Sans quoi Ariel Sharon risque de ne reculer devant rien pour liquider la cause palestinienne et mettre les Arabes devant un nouveau fait accompli. La solution d’Assad Donc, le sommet de Charm el-Cheikh a dégagé des résolutions minimales. Un arbre qui cache, bien mal du reste, la forêt de dissensions qui déchirent le monde arabe au niveau des gouvernements sinon des peuples. Ces divisions bloquent la solution proposée par Bachar el-Assad en vue de prévenir une guerre contre l’Irak. Le jeune chef de l’État syrien relève, en substance, que pour empêcher l’attaque, il faut que des troupes cantonnées dans un pays, qu’elles soient nationales ou étrangères, n’aient pas le droit d’en sortir. Sinon il y aurait agression contre autrui et le pays hôte aurait à en assumer la responsabilité. Assad demande en outre que l’on applique enfin le pacte arabe de défense commune, vieux de quarante ans, car ses dispositions constituent un bouclier pour tous les signataires. Il répète enfin que nul (pays arabe) ne doit accorder des facilités (aux Américains) pour une guerre contre l’Irak. À ses yeux, c’est la moindre des choses. Et son occultation dans les résolutions permet de dire que le sommet ne s’est tenu que pour sauver la face (des dirigeants) face aux peuples arabes. Le président syrien, on le comprend aisément, n’a pas demandé le retrait des troupes étrangères ou la fermeture des bases (US) car il estime que cela ressort de la souveraineté de chaque pays, libre d’accueillir chez lui qui il veut. Toujours est-il que les Arabes n’ont pas pris de résolutions fortes à Charm el-Cheikh, à cause de leurs manifestes conflits d’intérêts. Et ce n’est certainement pas leur pâle communiqué ordinaire qui peut faire rempart face à la menace. Quant au comité formé pour entrer en contact avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu et pour se concerter avec l’Irak, son inutilité semble évidente. En effet les grandes puissances ont déjà établi leur ligne de conduite et n’en changeront pas. Les Américains et les Britanniques veulent la guerre ; les Français, les Russes et les Chinois s’y opposent. On ne peut prêcher des convaincus. D’autant que certaines capitales, comme Paris et Berlin, vont plus loin dans leur position de refus que nombre de gouvernements arabes, qui seraient mal avisés donc de leur donner des conseils ou de leur faire la leçon. En ce qui concerne le degré de coopération de l’Irak, que le comité doit relancer à ce propos, le président syrien Assad se demande comment on peut le quantifier. En ajoutant que ce sont les Américains qui ne coopèrent pas avec l’Onu et qui entravent toute résolution pouvant écarter la guerre. Il rappelle qu’au début, ils ont demandé le retour des inspecteurs, puis l’application des résolutions de l’Onu, ensuite la destruction de l’arsenal, enfin l’éviction du régime au nom de la démocratie, des droits de l’homme, etc. Pour le président Assad, l’objectif américain est de dominer la région dont Washington veut redessiner la carte conformément à ses intérêts comme à ceux d’Israël. En écho, le communiqué de Charm el-Cheikh souligne que l’évolution des systèmes se décide loin de toute menace étrangère. Il dénonce les tentatives d’imposer des changements et de se mêler des affaires intérieures de chaque pays. Mais c’est là de la littérature et de telles proclamations ne sont visiblement pas suffisantes pour empêcher la guerre. Et ses suites. Émile KHOURY
Selon un ancien ambassadeur, du moment que les Arabes ne sont manifestement pas en mesure d’empêcher une guerre américaine contre l’Irak, ils devraient au moins tenter d’obtenir un règlement équitable pour la cause palestinienne, avant que Sharon ne la liquide. Le diplomate cite l’exemple de la Turquie. Ce pays, qui traverse une grave récession économique, se trouve lié...