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Les dissensions régionales cimentent la cohésion interne

À cause, à cause d’une femme ? Non, à cause, à cause d’une guerre. Le sommet de Charm el-Cheikh, qui a démontré si besoin était la propension héréditaire des Arabes à se solidariser dans la désunion, a réussi là où le fameux lavage des cœurs avait échoué. C’est-à-dire que le bain vitriolé des tensions diplomatiques arabes autour de la crise irakienne est venu cimenter les fragments distincts du quartz local, au niveau du pouvoir. Les dirigeants, les trois présidents, se retrouvent en effet étroitement unis. Par la nécessité, évidente, d’accorder toute priorité au dossier des périls régionaux, toutes affaires (publiques ou autres) cessantes ou, à tout le moins, tiroirisées. Encore une fois, comme toujours, l’entente se refait grâce à la Syrie. Avec laquelle il faut coordonner la politique étrangère, disent les officiels. Sur laquelle il faut bien s’aligner en pareil cas, soupirent les opposants. Et qu’en tout cas il faut entendre, quand elle répète ses conseils d’unité des rangs, de cohésion et de retenue aux turbulents jouteurs libanais. Geste symbolique significatif : c’est à bord d’une même appareil que les membres de la délégation libanaise, arrivés en ordre dispersé à Charm el-Cheikh, en sont revenus. En effet jeudi dernier, autre geste symbolique significatif en sens inverse, c’est à bord du jet de Hariri que Hammoud avait gagné l’Égypte. Le lendemain, le président Lahoud débarquait de l’avion mis à sa disposition par la MEA. Suivi peu après par Farès, le vice-président du Conseil, retour des USA à bord de son jet personnel. Enfin arrivait Hariri, qui avait entre-temps récupéré le coucou de luxe prêté au ministre des AE. Cependant lors du sommet le Liban avait évidemment parlé d’une seule voix. Plus exactement, c’est le président Lahoud qui a parlé en son nom. Pour souligner que la position libanaise découlait en ligne droite des résolutions du sommet arabe de Beyrouth, qualifié en son temps de pic de l’entente arabe. Le chef de l’État a donc exhorté ses pairs à accorder leurs violons. Ils ne semblent pas l’avoir bien entendu. Par contre, l’harmonie retrouvée sur les terres de Moubarak, le bien nommé, va sans doute permettre de neutraliser localement les dossiers litigieux, comme le cellulaire ou les nominations diplomatiques. Déjà, à la demande pressante de la Syrie, les dirigeants avaient convenu d’une trêve passive. Ce qui signifie qu’ils acceptaient de laisser de côté leurs querelles, sans traitement. Ils vont maintenant aller plus loin, annoncent les loyalistes, et résoudre leurs différends, en trouvant des solutions à l’amiable. Divers problèmes en suspens, dont le classement sans suite paralysait partiellement l’État, vont donc être abordés dans un esprit d’accord. Il en va ainsi, répétons-le, pour les nominations diplomatiques. Et il va sans dire, répétons-le également, que Damas a joué un rôle majeur dans le présent rabibochage. Notamment à travers les concertations élargies développées ces derniers temps par le chef de l’État syrien, Bachar el-Assad, avec différents pôles libanais. Ce tour d’horizon, soulignent les loyalistes, a permis divers contacts intermédiaires qui ont facilité la détente entre les dirigeants locaux. Pour en revenir à Charm el-Cheikh, la Syrie et le Liban y ont fait équipe. Obtenant que nombre de points soulevés par le président Assad et par le président Lahoud soient mentionnés dans le communiqué final. Les deux pays lient la crise irakienne au dossier palestinien et en refusent la dissociation. C’est-à-dire que pour eux il est inadmissible que l’on se focalise sur l’Irak en oubliant la Palestine ou la menace israélienne. À ce propos, l’on apprend que des cadres syriens ont dernièrement prévenu des responsables militaires libanais que Sharon pourrait profiter d’une frappe US en Irak pour une agression contre le Liban-Sud. Afin de faciliter l’application de son plan dit du transfert qui consiste à chasser les Palestiniens de Cisjordanie en direction de pays voisins, le Liban en tête. Ces opérations affaibliraient le Liban et porteraient, évidemment, atteinte à la Syrie. À la suite de ces avertissements syriens, les autorités locales ont pris, comme on sait, des mesures pour bloquer le passage frontalier aux éventuels déplacés palestiniens des territoires occupés. Philippe ABI-AKL
À cause, à cause d’une femme ? Non, à cause, à cause d’une guerre. Le sommet de Charm el-Cheikh, qui a démontré si besoin était la propension héréditaire des Arabes à se solidariser dans la désunion, a réussi là où le fameux lavage des cœurs avait échoué. C’est-à-dire que le bain vitriolé des tensions diplomatiques arabes autour de la crise irakienne est venu...