Rechercher
Rechercher

Actualités

Vie politique - Dialogue et changement ministériel Le régime préfère attendre une décantation régionale

Selon des proches du palais, le président Lahoud n’envisage, pour le moment, ni la formation d’un nouveau cabinet ni la mise en chantier d’un dialogue national. Car il estime plus logique, plus raisonnable, de voir d’abord ce qui va se passer dans la région, à l’ombre de la persistante menace d’une guerre américaine contre l’Irak. À ses yeux, la phase présente est forcément d’observation, d’expectative et de préparation, dans les limites du possible, pour affronter les retombées de la guerre annoncée. Dans cet esprit d’immunisation, de protection, de résistance aux effets du choc qui risque de secouer les pays du Moyen-Orient, le président Lahoud estime indispensable que le Liban préserve sa stabilité sécuritaire, monétaire, économique, en renforçant sa cohésion, sa solidarité internes. Si le pays devait être moins affecté que d’autres par la guerre en Irak, il devrait être prêt à attirer en masse les déposants et les investisseurs arabes. De la sorte, par ces rentrées, le Liban pourrait amortir une partie de sa lourde dette et en faire baisser le service (paiement des intérêts aux créanciers) qui grève le budget. Par rapport à l’Irak, le pouvoir libanais, comme beaucoup d’autres, se pose les questions suivantes : – La guerre sera-t-elle longue ou rapide ? Si Saddam est vite évincé, l’Irak sera-t-il stabilisé politiquement et sécuritairement. L’anarchie ne s’y propagera-t-elle pas et n’y aura-t-il pas une guerre civile ? – Quel système va gouverner le pays des deux fleuves ? Les indications à ce sujet sont jusqu’à présent contradictoires. Certains soutiennent qu’un général américain en retraite va prendre les rênes en main après la chute de Saddam Hussein. Pour diriger une équipe du Pentagone chargée de trois missions : la gestion des affaires publiques courantes, la reconstruction et l’aide humanitaire. Cet ancien officier supérieur serait donc une sorte de mélange entre MacArthur, en charge du Pacifique après la Seconde Guerre mondiale, et Marshall, autre général US retraité, auteur du fameux plan pour la réhabilitation de l’Europe après la même guerre mondiale. D’autres reprennent les propos de Rumsfeld à el-Jazira. Le secrétaire à la Défense a affirmé que les USA ne veulent pas occuper l’Irak. Mais qu’ils se soucient d’en assurer la stabilité après une éventuelle opération militaire, d’apporter une aide humanitaire, de compléter l’élimination des armes de destruction massive. Et de préparer la mise en place d’un gouvernement formé d’opposants exilés et d’autres personnalités de l’intérieur. Il a précisé à ce propos qu’il faudrait un certain temps pour parvenir à ériger un nouveau pouvoir en Irak. Le président Bush de son côté a récemment indiqué qu’un nouveau régime en Irak serait un modèle de démocratie et de libertés pour les autres pays de la région. Son représentant auprès de l’opposition irakienne, Zalmani Khalilzada, a déclaré quant à lui, lors d’une réunion des partis d’opposition dans le Nord de l’Irak, que les États-Unis ne veulent pas gouverner l’Irak après l’éviction de Saddam Hussein. Toujours est-il que l’on ne sait pas encore comment serait le pouvoir irakien démocratique annoncé par Bush, ni si le modèle devrait être appliqué dans d’autres pays de la région. – Pour en revenir aux questions que se pose le pouvoir libanais, il se demande comment ces pays de la région vont traiter avec les USA dans l’après-Saddam éventuel. Et surtout quelle va être l’attitude de la Syrie, qui intéresse le Liban au plus haut point. Les relations seront-elles souples ou tendues ? Les États-Unis vont-ils réclamer la poursuite d’une coopération syrienne intensive dans la lutte contre le terrorisme ? Vont-ils l’inviter à continuer à leur prodiguer des informations, comme elle l’a fait après le 11 septembre ? Vont-ils exiger d’elle une mise au pas du Hezbollah et des radicaux palestiniens, ainsi que des camps ? Et comment réagirait-elle à ces revendications ? Les dirigeants libanais savent que de bonnes relations syro-américaines ont des effets positifs sur la scène locale, le contraire étant vrai. Le Liban paie toujours, de sa stabilité politique, le prix de tiraillements entre la Syrie et l’Amérique. Cependant, des sources diplomatiques pensent qu’il ne devrait pas y avoir de frictions, surtout si la frappe américaine en Irak est rapide. Il deviendrait alors plus facile de régler des questions comme le Hezbollah, les camps palestiniens, le rôle des organisations et de réprimer les mouvements fondamentalistes. Tout dépend donc de la manière dont les choses vont évoluer. Aussi, le régime préfère attendre avant toute action sur la scène politique locale. Il est évident, en effet, que la composition du prochain cabinet dépendrait en grande partie des équilibres régional et international après une éventuelle guerre en Irak, plus particulièrement des relations syro-américaines. Quant au dialogue que prônent certains, il doit rester au frigo pour le moment mais rien n’empêche qu’il se tienne quand les circonstances le permettront. Et que l’on saura quels sujets il faut inscrire à l’ordre du jour. Émile KHOURY
Selon des proches du palais, le président Lahoud n’envisage, pour le moment, ni la formation d’un nouveau cabinet ni la mise en chantier d’un dialogue national. Car il estime plus logique, plus raisonnable, de voir d’abord ce qui va se passer dans la région, à l’ombre de la persistante menace d’une guerre américaine contre l’Irak. À ses yeux, la phase présente est...