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Risque de brouilles inopportunes Beyrouth voit le sommet arabe en gris

À Beyrouth, une source ministérielle craint que le sommet arabe fixé pour demain ne serve qu’à officialiser les divisions portant sur la crise irakienne. À ce propos, le ministre indique qu’à son avis le vrai clivage n’est pas relatif au désarmement de l’Irak, mais bien au maintien ou à l’éviction de Saddam. Il ajoute que c’est du reste pareil pour l’Occident, l’Europe et les États-Unis. Il lui semble, en effet, évident que si la question tenait uniquement à la destruction de l’arsenal lourd irakien, tout le monde aurait en bonne logique attendu les conclusions que Blix et el-Baradeï doivent remettre au Conseil de sécurité. Pour décider en fonction de ce que les deux chefs d’équipes d’inspection de l’Onu ont à dire sur le temps qu’il leur faut pour mener à bien leur mission, sur le degré de coopération de l’Irak ou sur l’éventuel refus irakien de détruire les missiles de trop longue portée, al-Soumoud. Si Bagdad, qui continue à soutenir qu’il étudie toujours la question, se soumet à l’injonction de Blix concernant ces engins, il priverait les USA d’un argument en faveur d’une guerre rapprochée. Apportant, du même coup, de l’eau au moulin des puissances qui rejettent le recours à la force. Par contre, et bien évidemment, si l’Irak refuse de détruire les missiles cités, ou encore d’autres armements prohibés, sous prétexte qu’ils entrent dans les normes autorisées, Washington en boirait du petit lait. Et son bellicisme se verrait légitimé en termes de légalité internationale. La France, l’Allemagne, la Russie et la Chine seraient pratiquement forcées de réviser leur attitude, du moment que l’Irak aurait de manière flagrante violé la 1441 dont elles sont signataires. Tout est lié en définitive au rapport des inspecteurs. Positif ou négatif, il devrait seul infléchir la position et les décisions du Conseil de sécurité. Par conséquent, sur ce point précis, il est inutile de devancer l’agenda, comme le font les uns ou les autres, pour soutenir qu’il faut ou non agir par les armes. Le ministre libanais cité n’omet pas cependant de souligner que les USA ne se fixent pas l’Onu et ses options comme barrière définitive à leurs projets. Il souligne que pour cette superpuissance, l’enjeu n’est pas le désarmement mais l’élimination du régime de Saddam. Afin de remodeler ensuite la région à leur guise. C’est bien là, sur un plan géopolitique stratégique, tout à fait historique, que se situe le conflit entre les Américains, épaulés par les Britanniques, et l’Europe, la Russie, la Chine ainsi que les pays arabes, favorables à une solution pacifique. Parmi les Arabes, relève le ministre, l’on en trouve qui adhèrent secrètement, sans l’avouer publiquement, aux vues américaines. Ils souhaitent la chute de Saddam. C’est pourquoi ils refusent qu’une proclamation demande à tous les pays arabes de n’accorder aucune assistance, logistique ou autre, aux États-Unis dans leur projet d’attaquer l’Irak. Cependant d’autres gouvernements, qui ne portent pas non plus Saddam dans leur cœur, craignent que sa chute n’entraîne une réaction en chaîne. Et que tout régime qui déplairait aux Américains se trouve menacé d’une éviction par la force, tôt ou tard. Le ministre libanais n’évoque pas les craintes des régimes face à une autre menace, le soulèvement de la rue. Il enchaîne en relevant que des puissances comme la Russie, la Chine, la France et l’Allemagne ne tremblent pas pour les régimes arabes. Mais pour leur influence et leurs intérêts dans la région, comme dans le monde. Influence et intérêts, économiques et commerciaux, qui seraient fortement dévalués si l’Amérique devait démontrer qu’elle est le maître du monde. Et pas seulement un primus inter pares, un premier parmi des pairs. Pour l’heure, les divisions battent leur plein. Entre les grands comme entre les Arabes. Le ministre cité conclut que, çà ou là, seul un rapport négatif de Blix, confirmant la mauvaise volonté de Bagdad, pourrait gommer ces tiraillements. Le camp des pacifistes serait pratiquement obligé de renoncer à la lutte face au bellicisme américain. En somme, en refusant de se conformer pleinement à la 1441, Saddam aurait réussi à faire l’unité contre lui. Émile KHOURY
À Beyrouth, une source ministérielle craint que le sommet arabe fixé pour demain ne serve qu’à officialiser les divisions portant sur la crise irakienne. À ce propos, le ministre indique qu’à son avis le vrai clivage n’est pas relatif au désarmement de l’Irak, mais bien au maintien ou à l’éviction de Saddam. Il ajoute que c’est du reste pareil pour l’Occident,...