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Présence syrienne - Scepticisme des radicaux, oui mais des modérés L’Est opposant divisé au sujet du redéploiement

Sur le dernier redéploiement syrien, et partant sur le dossier de la présence syrienne tout entier, l’opposition chrétienne se montre divisée : – Les radicaux, qu’on présente comme minoritaires, posent d’abord la question du timing. Pourquoi maintenant et pas avant, lorsque le repli était réclamé ? La décision est-elle en rapport avec les développements attendus dans la région ? Constitue-t-elle un cadeau de remerciements pour une position chrétienne assouplie en ce qui concerne la présence syrienne et positive à l’égard du dossier irakien ? Le moment est-il choisi en fonction des capacités des forces régulières libanaises, que l’on estimerait en mesure désormais d’assurer l’ordre dans les régions d’où les Syriens se retirent ? Quand est-ce que le prochain redéploiement aurait lieu, en prélude au retrait complet ? Le troisième mouvement enregistré actuellement ne serait-il pas le dernier ? Ne va-t-on pas répéter que les besoins stratégiques, militaires et sécuritaires des deux pays imposent le maintien des troupes syriennes ? Ne risque-t-on pas d’entendre qu’elles restent nécessaires pour aider les Libanais à endiguer l’activisme extrémiste subversif après une frappe contre l’Irak ? Pour les ultras, le redéploiement est présenté à tort comme s’inscrivant dans le cadre de l’application de Taëf. Car, rappellent-ils, selon les dispositions de ces accords, il y a déjà onze ans que le retrait total aurait dû être effectué. Ils estiment que si l’on veut retrouver l’esprit, sinon la lettre, de ce pacte il faudrait, à tout le moins, que les deux gouvernements s’entendent sans tarder sur le volume des troupes syriennes, leurs sites de cantonnement et leurs rapports avec les autorités locales. En d’autres termes, la présence syrienne devrait être, en attendant qu’un retrait devienne stratégiquement possible, uniquement d’ordre militaire. Sans immixtion dans les affaires intérieures du pays. – Les modérés de l’Est, quant à eux, voient les choses sous l’angle de la gravité extrême de la situation régionale. Ils conviennent avec le pouvoir que pour ces impératifs, comme pour des considérations intérieures, la présence syrienne doit être prorogée. Raison de plus, soulignent-ils tout de suite, pour que l’on traite les failles et que l’on corrige la trajectoire suivie. Afin qu’il n’y ait plus de partie imposant sa domination à une autre en s’appuyant sur les Syriens. Il faut donc gommer les déséquilibres issus d’une application tronquée de Taëf. Une dérive qui a conduit à la marginalisation des chrétiens au niveau politique et les a poussés au désenchantement rétractile. Remontant aux origines de la déviation, ces cadres rappellent que l’on avait désigné en 91 quarante députés au mépris des accords de Taëf, en base d’une sélection qui était une provocation ouverte, une atteinte directe aux sentiments, aux convictions d’une frange essentielle du pays. Puis il y eut, en 92, des élections discriminatoires, également organisées en violation de Taëf et boycottées à quelque 85 % par l’électorat. La loi électorale adoptée pour l’édition suivante, en 96, pourtant récusée par le Conseil constitutionnel créé entre-temps, était tout aussi injuste et contraire à Taëf. Sur le plan des institutions, poursuivent les opposants modérés, Taëf n’a pas non plus été respecté. Il devait confier les rênes du pouvoir exécutif à un Conseil des ministres véritablement national, consensuel et travaillant comme un seul homme. Mais l’entente nationale n’a pas été réalisée, bien au contraire. Les déséquilibres ont marqué la formation de tous les gouvernements qui se sont succédé. De plus, la cohésion a fait défaut au sein des pouvoirs, minés du reste par des choix ministériels favorisant l’incompétence, en base d’un système de partage du gâteau. La discrimination s’est étendue au domaine des lois et des règlements, appliqués à une partie et pas à une autre. L’information, champ essentiel d’orientation, a été mal gérée et n’a pas cultivé les directives d’entente de Taëf. Finalement, la cessation des hostilités a mené à une distribution de trophées profitant, entre autres, à certains seigneurs de la guerre. En conclusion de ce constat, les opposants modérés réitèrent leur position de base : il faut rétablir les normes. En commençant pas une loi électorale produisant une vraie représentativité, par le recours à la circonscription de proximité, caza ou autre. Car une main tendue en direction d’autrui, dans un esprit de saine coexistence et d’unité des cœurs, n’a pas de sens si elle n’est pas représentative. Ce ne sont pas les parachutés, les bus et autres bulldozers électoraux qui peuvent promouvoir ce que l’on appelle le brassage national. Émile KHOURY
Sur le dernier redéploiement syrien, et partant sur le dossier de la présence syrienne tout entier, l’opposition chrétienne se montre divisée : – Les radicaux, qu’on présente comme minoritaires, posent d’abord la question du timing. Pourquoi maintenant et pas avant, lorsque le repli était réclamé ? La décision est-elle en rapport avec les développements attendus dans...