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Des abus qui écornent le prestige des diplômes libanais (photo)

Quel est le véritable impact de la prolifération des nouvelles universités sur le paysage de l’enseignement supérieur libanais ? Unanimement, des responsables pédagogiques dans des établissements plus anciens assurent que l’arrivée de nombreux nouveaux établissements ne les a pas affectés en termes de recrutement, et qu’ils ne posent pas le problème « par peur de la concurrence », comme ils en sont parfois accusés. Le mal, selon eux, est plus profond et plus généralisé qu’une simple question de concurrence entre établissements. C’est toute l’image de l’enseignement supérieur du pays qui en pâtit. « Le Liban a un secteur éducatif très important, c’est une fortune nationale dont il ne faut pas se départir », déclare Waddah Nasr, secrétaire adjoint aux affaires académiques de l’AUB. « Certaines de nos institutions sont plus vieilles que l’indépendance, et elles ont survécu à plusieurs guerres. Historiquement, elles étaient à but non lucratif. Les valeurs professionnelles et éthiques et le travail institutionnel étaient à l’origine de leur succès. » Selon M. Nasr, quand, après 1996, les permis ont commencé à être délivrés, il y avait effectivement un besoin de plus de diversité dans le monde universitaire. « Mais ce besoin a été exploité commercialement », poursuit-il. « Et ce qui est grave, c’est que l’absence de standards académiques imposés et de contrôle effectif nuit à la réputation de l’enseignement supérieur libanais à l’étranger. Certains pays arabes soumettent déjà des listes d’universités “ recommandées ” à leurs étudiants qui décident de poursuivre des études au Liban. Ils font le contrôle que nous n’effectuons pas. D’autre part, l’impact peut être désastreux à long terme. Quand certains jeunes mal formés postuleront pour des emplois, leur incapacité à s’élever aux standards requis leur sera préjudiciable, ainsi qu’à la réputation des diplômes libanais. » Walid Moubeyed, responsable des affaires estudiantines à l’Université de Balamand, affirme que les échos de l’anarchie qui règne sur ce secteur sont même arrivés aux États-Unis. « Par les demandes qui leur parviennent d’étudiants libanais, les universités européennes et américaines ont remarqué un foisonnement de noms d’instituts inconnus dans les bureaux d’accréditation », raconte-t-il. « Ils se posent des questions. J’ai moi-même été convié par une institution américaine pour parler des nouveautés dans le secteur universitaire au Liban. » Paradoxalement, les anciennes institutions ne sont pas seules à se plaindre. Marcel Honein, responsable des affaires estudiantines à l’American University of Technology (AUT, Halate et Tripoli), une des universités ayant obtenu son permis après 1996, assure que « le suivi opéré par le ministère après mai 2002 est le bienvenu, parce qu’il fait la part des choses », ajoutant que « toutes les nouvelles institutions se sont retrouvées dans le même panier ». « Nous sommes sûrs de l’enseignement que nous prodiguons, nous améliorons sans cesse nos locaux et nous voulons que cela soit reconnu », dit-il. L’intérêt d’un comité d’accréditation Sommes-nous dans un contexte où il devient de moins en moins possible de juger du sérieux des établissements d’enseignement supérieur qui peuplent le paysage libanais ? Que conseiller à des jeunes tiraillés entre les promesses (souvent fallacieuses), la difficulté matérielle de se tourner vers les universités de leurs choix et l’incertitude concernant les diplômes décernés par telle ou telle institution ? Selon les spécialistes, il y a des solutions qui assureraient une meilleure compréhension de la réalité. Certes, l’idée de fermeture, après fixation d’un délai, d’établissements qui seraient en nette contravention par rapport à la loi, ou en contradiction avec le dossier que leurs propriétaires ont présenté aux autorités, a été lancée. Mais la plupart des personnes interrogées préfèrent l’option d’un corps d’accréditation neutre et indépendant qui émettrait un jugement sur tous les établissements existants, et permettrait aux candidats de faire la part des choses. Ce système est largement adopté aux États-Unis et en Europe. Aux États-Unis notamment, des universités peu cotées ou franchement médiocres côtoient les noms les plus prestigieux. Ce sont les comités d’accréditation qui tranchent. La question persiste de savoir s’il est possible, dans le contexte libanais actuel, de former une institution de ce type qui soit totalement autonome et fiable. « Il est possible de former un comité national avec des personnes honnêtes, des pédagogues, des juges, des citoyens ordinaires... », estime M. Nasr. Soulignant que « le chaos dans lequel se débat actuellement ce secteur est de la responsabilité des ministres qui se sont succédé depuis 1996 », il affirme qu’ « il est impossible de trouver une solution avec ceux qui sont à l’origine du problème ». Quoi qu’il en soit, certaines informations font état d’efforts fournis par des responsables pédagogiques locaux pour la création prochaine d’un tel comité. Affaire à suivre.
Quel est le véritable impact de la prolifération des nouvelles universités sur le paysage de l’enseignement supérieur libanais ? Unanimement, des responsables pédagogiques dans des établissements plus anciens assurent que l’arrivée de nombreux nouveaux établissements ne les a pas affectés en termes de recrutement, et qu’ils ne posent pas le problème « par peur de la...