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Cellulaire Débat ardu sur fond de tension et de velléités de détente

Le général hiver, sanglé dans ses rigueurs, tressaute d’ardeurs qui risquent de faire boule de neige, ou tache d’huile, dans le bowling du pouvoir. Métaphores mises de côté, et pour tout dire, la réunion aujourd’hui de la commission des Privatisations, sous l’égide de Hariri, s’inscrit comme une redoutable échéance en termes de rapports entre dirigeants. D’autant que Cardahi, dont les passes d’armes antérieures avec cet organisme sont célèbres, y est cordialement convié. Pour y plaider ses objections au cahier des charges établi pour le cellulaire. C’est-à-dire ses réserves marquées quant aux qualifications demandées aux compétiteurs que l’adjudication intéresse. Les positionnements divergents de la commission et du ministre reflètent, aux yeux des observateurs, la persistance d’un malaise larvé entre les hauts responsables. Qui s’en défendent pourtant pareillement, en soutenant qu’ils cultivent l’entente interne au nom de l’intérêt bien compris du pays. En tout cas, le chef de l’État, se plaçant au-dessus de toute mêlée, est intervenu afin d’arrondir les angles et d’éviter les frictions ouvertes entre Cardahi et Hariri. Ce qui fait que les deux hommes ont pu se rencontrer pour tenter de s’entendre sur le cellulaire. De son côté, Berry souhaite que la Chambre ne soit pas tenue de côté dans cette affaire et il demande un rapport circonstancié sur ses multiples péripéties, sur ses tenants et ses aboutissants. Les haririens, quant à eux, rapportaient hier que leur chef, soulagé à Paris d’un calcul aux reins, déconseille, logiquement, à tous les mauvais calculs. Et pour sa propre part, ajoutent ses fidèles, il compte ne chercher aucune querelle au régime, ne l’affronter sur aucun sujet, même pas sur le cellulaire pour intéressant ou important que soit ce dossier. Hariri entend sincèrement, selon ses proches, ne reculer devant aucun effort, devant aucun sacrifice d’influence ou même d’amour-propre, pour mettre le pays à l’abri de secousses politiques et partant économiques. Il chante dès lors la cohésion, l’unité autour des institutions. Les observateurs notent que le chef du gouvernement était dans d’autres dispositions d’esprit, plus accrocheuses sans doute, avant son récent voyage. Ils relèvent que dans la pratique, dans le traitement des dossiers comme des gens, il adopte effectivement de nouvelles méthodes, une approche plus souple. Il prône du reste dans ses confidences aux visiteurs un dialogue tranquille gravitant dans l’orbite prioritaire de la préservation de l’intérêt national supérieur. Ce sont ces bonnes résolutions qu’il aurait communiquées au chef de l’État lors de leur entretien de vendredi. Mais en réalité, conviennent les proches des protagonistes, si entente il y a elle reste minimale et se résume dans un pacte de non-belligérance ouverte. Ainsi lors de la dernière réunion de la commission des Privatisations en présence de Cardahi, Hariri a fait montre d’une remarquable aménité à l’égard du ministre des Télécoms. Il lui aurait concédé quelques-unes de ses observations sur les qualifications. Mais sans vraiment plier sur le fond. Et la commission a emboîté le pas au président du Conseil. Comme si le but véritable était d’amener Cardahi à renoncer à exposer ses théories au Conseil des ministres de demain comme il s’est promis de le faire. Des réserves qui ont porté nombre de sociétés à ne pas se procurer le cahier des charges, le délai expirant le 28 février. La discussion entre la commission et le ministre sur les points non encore convenus doit donc reprendre aujourd’hui. Lundi, Hariri a proposé l’ouverture au public de la gestion du secteur du cellulaire sous la forme d’une souscription portant sur 40 % des parts, 10 autres pour cent devant aller à la Sécurité sociale et le reste restant à l’État. Cardahi aurait répondu qu’il fallait réfléchir, d’autant qu’il y aurait à modifier en profondeur les lois et règlements en vigueur pour appliquer une telle idée. Les haririens objectent que cela n’est pas nécessaire, en se référant à la loi numéro 393 qui autorise de telles procédures. Mais beaucoup de juristes contestent la constitutionnalité de cette même loi et en réclament une nouvelle, comme l’ont d’ailleurs fait naguère les présidents Hussein Husseini et Omar Karamé ainsi que l’ancien député Hassan Rifaï, orfèvre en la matière. Quoi qu’il en soit, Cardahi a prié Hariri de garder sa proposition sous le coude, en attendant un accord définitif sur le cahier des charges. Mais l’intéressé a insisté. Sans doute, soutiennent ses contempteurs, pour un regain de popularité, du moment qu’il veut ouvrir en quelque sorte les ressources du Trésor au public, tout en doublant, comme on dit familièrement, le ministre des Télécoms. Ces mêmes sources indiquent que Cardahi ne voit aucun inconvénient à ce que Hariri cherche à être plus populaire ou se livre à des tactiques politiques, car lui-même cela ne l’intéresse pas trop. Il estime par contre objectivement, ajoutent ces loyalistes, qu’il faut réfléchir à tête reposée à la proposition avancée et qu’il serait préjudiciable de brûler les étapes. Toujours est-il que le compte rendu préparé par le Sérail à l’issue de la dernière réunion a été soumis avant publication au ministre des Télécoms qui a émis des réserves sur certains points, notamment sur les souscriptions. Le texte a été maintenu, sur insistance de Hariri. Et, malgré un accord de discrétion, il y a eu des fuites, imputées par les cardahiens aux haririens, en direction des médias. Le débat se poursuivra aujourd’hui dans un climat étrange fait de vraie tension et de velléités de détente. Philippe ABI-AKL
Le général hiver, sanglé dans ses rigueurs, tressaute d’ardeurs qui risquent de faire boule de neige, ou tache d’huile, dans le bowling du pouvoir. Métaphores mises de côté, et pour tout dire, la réunion aujourd’hui de la commission des Privatisations, sous l’égide de Hariri, s’inscrit comme une redoutable échéance en termes de rapports entre dirigeants. D’autant...