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Institutions - Les affaires litigieuses tenues en suspens Le char de l’État roule au ralenti

Le mot d’ordre actuel est d’éviter les sujets qui fâchent. Ce sont les circonstances périlleuses du moment, et les conseils de Damas, qui l’imposent. La priorité va aux soucis que causent la question irakienne et les velléités agressives de Sharon. Sans compter la récession économique. Respectueux de ces impératifs, et soucieux de renforcer comme on le lui demande le front intérieur, le président du Conseil évite donc d’inscrire à l’ordre du jour du Conseil des ministres les projets ou questions qui peuvent diviser. Ou susciter l’ire des hautes autorités. Ce qui réduit la portée d’activité et le rendement de l’État. Mais en évitant bien pire. C’est-à-dire un terrible esclandre, suivi d’une éventuelle crise de pouvoir, si jamais le chef de l’État récusait un sujet proposé par le chef du gouvernement et demandait qu’on le biffe de l’ordre du jour. Il n’en reste pas moins que la paralysie frappe nombre d’éléments. On trouve ainsi sur l’étagère, liste non exhaustive : le projet de location de bureaux pour le CDR auprès de Solidere dans le centre-ville ; la restructuration de ce même CDR ; la prorogation de la loi sur la fusion des banques ; les mutations diplomatiques ; les nominations dans les postes administratifs vacants pour la première et la deuxième catégorie... Comme il n’y a toujours pas d’entente entre les dirigeants sur ces questions, qui participent du fonctionnement de la machine étatique ou de la vie économique, le Conseil des ministres n’en est pas saisi. Le gel est de rigueur, c’est le mot. Sauf pour les polémiques en marge. Ainsi le président Hoss affirme, dans un article publié par le an-Nahar, que ce qui était prohibé sous son règne devient licite aujourd’hui. Autrement dit, que le bien se transforme en mal. Les haririens lui répondent en soutenant que la différence entre l’ancien président du Conseil et son successeur est que le premier restait silencieux et ne s’opposait pas à ce qui lui semblait contraire à la loi ou comme un empiétement sur ses prérogatives. Alors que l’actuel occupant du Sérail, affirment ses partisans, n’est pas docile et ne manque pas de dénoncer les abus ou les bavures qui sont commis. Ils citent ses objections publiques à la Chambre, à la télé, dans la presse écrite ou lors même du Conseil des ministres. Les mêmes sources insinuent qu’il est déloyal de procéder à des comparaisons. Car, à leur sens, les circonstances d’aujourd’hui sont bien plus délicates que du temps de M. Hoss et ne permettent pas qu’on livre bataille sur un front intérieur. C’est comme si l’on reprochait aux opposants de porter des coups à un homme aux mains liées. En tout cas, les présidents Lahoud et Hariri partagent le même esprit de la nécessité qui fait loi. C’est-à-dire qu’ils sont parfaitement d’accord pour éviter les querelles et entretenir un climat sinon cordial du moins de bienveillante neutralité mutuelle. C’est dans cet esprit que le dossier du cellulaire doit être traité. Et c’est dans un même contexte que l’on exclut la probabilité d’un changement de cabinet rapproché. Car les dirigeants pourraient ne pas s’entendre sur la formation d’un nouveau gouvernement et la crise risquerait de s’éterniser. Il est donc entendu qu’avant même de renvoyer les Trente, les présidents devraient accorder leurs violons sur leurs remplaçants. C’est ce que confirment les visiteurs de Damas, dont les responsables ne cessent de répéter que la direction libanaise a plus que jamais besoin d’unité et d’homogénéité, face aux périls régionaux. À ce propos, le président Hariri redit qu’à son avis le Liban resterait relativement épargné, en tout cas moins affecté par une guerre en Irak que d’autres pays de la région. Il attribue cette immunité proportionnelle en premier lieu à l’entente, à la coordination étroite avec la Syrie, notamment au sujet de l’Irak. La crise, qui a divisé le Conseil de sécurité de l’Onu, l’Otan et l’Union européenne, a au contraire resserré les liens entre les deux pays voisins. Le président Assad a ainsi reçu dernièrement nombre de personnalités libanaises, afin de renforcer le dialogue et l’unité de vues bilatérales. Pour le président Hariri, cette alliance organique consolide la sécurité intérieure et le calme au Sud, à la frontière avec Israël. Calme que ni l’État libanais ni la Résistance islamique, à en croire le chef du gouvernement, n’ont intérêt à troubler. Quant à Israël, auquel on attribue généralement des velléités d’agression à la faveur de la guerre en Irak, M. Hariri pense qu’en définitive l’État hébreu ne voudra pas indisposer les Américains, qui lui interdisent tout aventurisme guerrier faisant ombrage à le leur propre. Du fait que la frontière sud resterait tranquille, ajoute le président du Conseil, les possibilités d’un afflux de Palestiniens chassés par Israël, toujours à la faveur de la guerre en Irak, se trouveraient pratiquement réduites. D’où il conclut que cette guerre d’Irak n’aurait pas de trop lourdes retombées sur le Liban. Et il assure que le pays continuerait à bénéficier d’une bonne dose de stabilité économique et monétaire. Émile KHOURY
Le mot d’ordre actuel est d’éviter les sujets qui fâchent. Ce sont les circonstances périlleuses du moment, et les conseils de Damas, qui l’imposent. La priorité va aux soucis que causent la question irakienne et les velléités agressives de Sharon. Sans compter la récession économique. Respectueux de ces impératifs, et soucieux de renforcer comme on le lui demande le...