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SPECTACLE - « Moulouk al-Tawaef » de Mansour Rahbani au Casino du Liban L’ Andalousie arabe, une fresque d’une brûlante actualité(photos)

C’est une magistrale leçon d’histoire comparée que nous donne Mansour Rahbani – même s’il s’en défend – à travers Moulouk el-Tawaef (« Les rois des communautés »), sa toute dernière comédie musicale, qui se joue sur la scène du Casino du Liban, jusqu’à fin mars *. Magistrale, tant par la forme que par le fond. Une œuvre grand public certes mais d’excellente facture et qui répond à toutes les exigences. Cette fresque visuelle et sonore, qui s’attaque à une période cruciale de l’histoire des Arabes d’Andalousie, est brossée avec un sens de l’unité, du détail et de l’harmonie qui confinent à la perfection. D’abord les costumes et décors : magnifiques. Ensuite, des éclairages comme un écrin parfaitement adapté. Une chorégraphie souple, qui mélange les danses andalouses, arabes aux pas flamencos. Une impeccable mise en scène (réalisée par Mansour et Marwan Rahbani). Une musique aux rythmes fougueux et métissés, à la composition et à l’orchestration signée Élias, Ghadi, Oussama et Marwan Rahbani. Et un texte limpide, sans emphases inutiles, plein d’humour et de clins d’œil à notre réalité. Sans compter les prestations réussies de la centaine de comédiens, comédiennes, danseurs, danseuses, chanteurs, chanteuses et figurants sur scène. Bref, tous les ingrédients traditionnels des spectacles rahbaniens sont réunis, mais si l’on peut dire, peaufinés à l’extrême. Les allusions et les piques politiques, très marquées, sont particulièrement acérées. Pour le plus grand bonheur du public, aux applaudissements explicites. La trame Sur le bord du fleuve Guadalquivir, Ibn Abbad, roi de Séville (campé par un Ghassan Saliba de belle prestance), rencontre Iitimad al-Ramikiaa (la talentueuse Carole Samaha), une jeune lavandière, qui va le charmer autant par sa beauté que par ses dons poétiques. Il en tombe amoureux et l’épouse. Ce qui déplaît à son ministre Ibn Ammar. Celui-ci ne partage pas les idées politiques de la nouvelle reine, issue du peuple. D’autant qu’il est en train d’opprimer une faction opposante du peuple, de l’appauvrir en l’écrasant sous les impôts, tout en incitant son roi à conclure une alliance secrète avec le puissant Alphonse VI, roi de Léon et de Castille. Lequel veut profiter de l’émiettement du califat de Cordoue et sa division en 22 cités-royaumes gouvernées par des rois unis en façade mais rivaux en réalité, pour reprendre l’Andalousie aux Arabes. Les événements vont le servir, lorsque le roi de Cordoue, assailli par Ibn Zeinoun, roi de Tolède, demande l’aide de Ibn Abbad.Ce dernier, après avoir chassé Ibn Zeinoun, décide d’occuper lui-même Cordoue. Et cela en dépit des mises en garde de la reine, qui voudrait le voir pratiquer « le lavage des cœurs » avec ses frères arabes. Profitant de la situation, Alphonse VI envahit le royaume de Tolède. Se rendant compte des visées expansionnistes du roi espagnol, Ibn Abbad va demander l’aide du roi des Berbères pour combattre Alphonse VI. Mais l’histoire se répète. Séduit par la beauté de l’Andalousie, le roi berbère va à son tour se retourner contre son allié Ibn Abbad et le destituer ! « L’ivresse de notre gloire passée nous a perdus et nous a fait oublier le présent. Que la Providence fasse que dans les temps à venir nous soyons des Arabes nouveaux », lance en conclusion Ibn Abbad à ses frères. Ce souhait, est-il besoin de le dire, est aujourd’hui plus que jamais de rigueur. Moulouk al-Tawaef , cette histoire fracassante de gloire, de trahison et de luttes fratricides, sur laquelle vient se greffer une histoire d’amour, déploie un art consommé de la séduction, auquel aucun public ne peut résister. À voir. Zéna ZALZAL * Relâche lundi et mardi. Officiels à la première La première a eu lieu en présence d’un parterre d’officiels et d’hommes politiques, dont : MM. Michel Moussa, Neemtallah Abi-Nasr et Bahije Tabbarah, représentant respectivement le président de la République, le président de l’Assemblée et le Premier ministre. Fiche technique Quelque cent cinquante artistes (entre comédiens, chanteurs, danseurs, figurants), à leur tête Carole Samaha et Ghassan Saliba. Mais, au total, une participation de près de trois cents personnes, autour de l’auteur, compositeur et metteur en scène Mansour Rahbani. Dont : Marwan Rahbani pour la réalisation, Félix Haroutiounian pour la chorégraphie, Gaby Abi Rached pour la conception des costumes, Serguei Sbefikian pour celle des décors (réalisés à Kiev) et Fouad Khoury pour l’éclairage. Ainsi que des musiciens de l’Orchestre national libanais et d’autres, pour les cuivres, venus de Londres.
C’est une magistrale leçon d’histoire comparée que nous donne Mansour Rahbani – même s’il s’en défend – à travers Moulouk el-Tawaef (« Les rois des communautés »), sa toute dernière comédie musicale, qui se joue sur la scène du Casino du Liban, jusqu’à fin mars *. Magistrale, tant par la forme que par le fond. Une œuvre grand public certes mais...