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Les causes de la proposition inopinée du Caire

Le président Hosni Moubarak ayant appelé hier à la tenue d’un sommet extraordinaire de la Ligue arabe dans la semaine suivant le 22 février à Charm el-Cheikh, des sources très bien informées, citées par notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleyhane, n’ont pas caché leur surprise de la proposition égyptienne. On se souvient en effet qu’il y a quelques semaines encore, Le Caire n’était guère enthousiaste à l’idée d’un sommet tenu dans l’urgence en vue d’examiner les crises palestinienne et irakienne. Il estimait inutile d’avancer la date du sommet ordinaire prévu pour le 24 mars prochain. Quelle serait donc la raison de cet empressement soudain ? Selon les mêmes sources, le président Hosni Moubarak chercherait sans doute à répondre, à l’occasion de cette réunion, aux critiques qui lui ont été adressées à la suite du dernier sommet de Charm el-Cheikh qui avait groupé les présidents égyptien, syrien et libyen. M. Moubarak avait alors souligné l’impuissance des pays arabes à jouer un rôle quelconque quant à un report d’une guerre contre l’Irak. C’est ainsi qu’à ses yeux, la décision finale à ce sujet relevait notamment du Congrès américain et de la Chambre des communes britannique. Or s’il a reconnu hier, à l’issue d’un entretien avec le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, que « nous ne pouvons pas arrêter la machine militaire » et que « personne ne peut arrêter la guerre », M. Moubarak a estimé par contre que « nous pouvons influencer les preneurs de décision avant le déclenchement de l’offensive ». Il existe une autre raison pour laquelle le chef de l’État égyptien aurait insisté pour l’organisation d’un sommet extraordinaire : selon lui, il n’est pas permis que les Arabes persistent dans leur indifférence à l’égard de l’affaire irakienne alors que la situation sur le plan international se caractérise par un branle-bas de combat, en particulier au niveau du Conseil de sécurité et des grandes puissances, de l’Otan et de l’UE. Une décision arabe unifiée est d’autant plus indispensable à l’heure actuelle que les alliés au sein de ces instances sont eux-mêmes profondément divisés sur la question. Par conséquent, pour l’Égypte, il est évident que l’on peut désormais éviter une offensive contre l’Irak. Quoi qu’il en soit, M. Moubarak déclarait encore hier à ce sujet : « Il n’est pas logique que nous restions les bras croisés jusqu’à ce que la guerre commence », soulignant ainsi que la situation actuelle exige une mobilisation immédiate des pays arabes. « Le sommet arabe est pévu dans un mois. Si une attaque a lieu entre-temps, (...) le sommet ne sera pas utile », a-t-il précisé. La demande égyptienne de la tenue d’un sommet extraordinaire a été remise aux membres de la Ligue, et elle sera discutée lors de la réunion des ministres des AE, aujourd’hui samedi et dimanche. Selon l’agence égyptienne Mena, la majorité des pays arabes en aurait déjà accepté l’idée. Il convient de noter par ailleurs la présence à cette réunion du ministre grec des Affaires étrangères, Georges Papandreou, une première dans l’histoire de l’instance arabe. Cependant, la question est de savoir si ce dernier participera à la conférence ministérielle du Caire en sa qualité de chef de la diplomatie grecque ou européenne, la Grèce étant, rappelons-le, le président en exercice de l’UE. Par ailleurs, les sources citées par notre chroniqueur Khali Fleyhane soulignent l’importance de la participation à cette réunion du ministre syrien des Affaire étrangères, Farouk el-Chareh. En effet, celui-ci était présent hier aux débats du Conseil de sécurité sur l’Irak et informerait donc ses homologues arabes du climat qui prévaut au sein de l’instance internationale en faveur ou non d’une solution pacifique à la crise irakienne. Enfin, dans le cadre des instructions que le président de la République, le général Émile Lahoud, lui a données hier, Mahmoud Hammoud insisterait pour sa part sur le fait que le Conseil de sécurité constitue la seule référence pour ce qui a trait à la gestion (pacifique) de la crise irakienne. Il appellerait en outre Bagdad à une coopération intensive avec les inspecteurs de l’Onu, tout en soulignant la nécessité de faire de l’ensemble du Moyen-Orient une région complètement dépourvue d’armes de destruction massive. Il est clair dans tous les cas qu’un consensus sur l’affaire irakienne ne sera pas aisé à obtenir au cours de ce week-end. Il convient de rappeler en effet que sur les 22 membres de la Ligue, cinq d’entre eux, au moins, abritent des bases américaines prêtes à servir en cas d’attaque contre l’Irak.
Le président Hosni Moubarak ayant appelé hier à la tenue d’un sommet extraordinaire de la Ligue arabe dans la semaine suivant le 22 février à Charm el-Cheikh, des sources très bien informées, citées par notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleyhane, n’ont pas caché leur surprise de la proposition égyptienne. On se souvient en effet qu’il y a quelques semaines encore,...