Rechercher
Rechercher

Actualités

Vie politique - Les pressants conseils damascènes de retenue ont produit leur effet Trêve forcée, plutôt bougonne, pour les tenants du pouvoir

L’accord de trêve entre les dirigeants tient toujours. Mais le climat reste, comme le souligne en soupirant plus d’un ministre, mi-figue, mi-raisin. Il y a de l’acrimonie dans l’air. Et n’étaient les pressants conseils damascènes de retenue, les protagonistes auraient bien aimé continuer à en découdre. Mais force leur est, hiver ordonne, de garder au frigo les dossiers de leur mutuelle rancœur. Au bénéfice des Trente. Car, comme le relève un membre influent du cabinet, il ne saurait être question de changer d’équipe à un moment où les relations entre présidents sont au fond si mauvaises. En effet, une crise ministérielle tournerait bien vite à la crise de pouvoir, comme jadis du temps de Hélou et de Karamé. La phase pendant laquelle les uns et les autres parlaient de départ rapproché est donc dépassée, en faveur d’un maintien du statu quo. Retour de Damas, l’ancien président du Conseil Sélim Hoss indique que tout mécanisme de mise en place d’un nouveau cabinet doit nécessairement se fonder sur un accord préalable entre les trois présidents. Il faut à tout le moins, nuance-t-il, qu’il y ait une bonne ambiance entre eux. Or si M. Hoss ne semble pas estimer que les rapports qu’il mentionne sont défectueux, un ministre proéminent, proche de Damas, déplore vivement pour sa part le manque de coordination-coopération entre les responsables. Il critique notamment les initiatives unilatérales, les décisions prises sans concertation. Pour sa propre part, ajoute-t-il, il n’a jamais eu la satisfaction d’être convié à une quelconque réunion entre collègues. Les départements fonctionnent comme des électrons libres. Ce qui affecte d’autant plus l’efficacité de l’État qu’en ces temps régionaux troublés, l’homogénéité est la première défense immunologique. Ce ministre cite plusieurs exemples, dont l’électricité de Beddaoui et les branchements illicites, en notant que de tels dérapages sont facilement exploités par les démagogues au niveau de la rue. Le dysfonctionnement manifeste des services publics, en partie dû aux défaillances gouvernementales en matière de coordination, a porté le chef de l’État à intervenir en personne, pour un rappel à l’ordre. Et pour l’application des mesures requises, dont une meilleure perception, en vue de redonner le courant au camp palestinien du Nord. Cela, tandis que nombre de pôles notent l’effacement étrange, dans cette affaire, du ministre de l’Énergie qui, à les en croire, n’aurait même pas convoqué les cadres de son département, laissant au directeur général, Kamal Hayeck, le soin de prendre les décisions techniques qui s’imposent. Bien évidemment, le jour de relâche observé par le Conseil des ministres à cause du voyage en France de M. Hariri n’a pas aidé à arranger les choses. On s’est de nouveau posé des questions, à cette occasion, sur les prérogatives constitutionnelles. En l’absence du Premier ministre, le chef de l’État ne peut-il pas convoquer le Conseil ? Selon la Constitution, si fait, mais en concertation avec le président du Conseil. Et comme la confiance ne règne pas, cette concertation n’a pas eu lieu. Un acte manqué d’autant plus compréhensible que les dirigeants sont notoirement en litige sur l’ordre du jour. Plus exactement sur la procédure pour l’établir. Le Sérail estime être en droit de n’en faire qu’à sa tête et le régime pense qu’il est de son devoir même de contribuer à rédiger le menu. Ou, tout du moins, à avoir un droit de regard anticipé sur la liste des sujets à débattre. Dans le doute, abstiens-toi : c’est la règle que les responsables appliquent actuellement. En somme, pour éviter des frictions, ils préfèrent tout laisser de côté. Et se croiser les bras, pour ainsi dire. Ce que déplorent et critiquent nombre de pôles, ministres compris. De même, selon les proches de Damas, les décideurs ne sont pas du tout contents des prestations ou de la passivité quasi coupable de certains. Ils dénoncent surtout, ajoutent ces sources, les manœuvres confessionnelles et les tentatives de mobiliser la rue relevées çà ou là. Selon ces témoins, les Syriens auraient même proclamé que les dissensions confessionnelles sont une ligne rouge que nul ne devrait essayer de franchir. Ils répètent leurs conseils de respect des lois et de la Constitution, de promotion de l’État des institutions en base d’une entente effective entre les responsables. Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Et le mieux que Damas ait pu obtenir c’est un silence sur toute la ligne. Ainsi, on n’entend plus de vociférations haririennes anti-Cardahi au sujet du cellulaire. Philippe ABI-AKL
L’accord de trêve entre les dirigeants tient toujours. Mais le climat reste, comme le souligne en soupirant plus d’un ministre, mi-figue, mi-raisin. Il y a de l’acrimonie dans l’air. Et n’étaient les pressants conseils damascènes de retenue, les protagonistes auraient bien aimé continuer à en découdre. Mais force leur est, hiver ordonne, de garder au frigo les dossiers...