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L’inquiétude à son paroxysme À Beyrouth, l’heure est aux analyses pointues

Dépositaire final d’un lot impressionnant de rapports diplomatiques et autres, un responsable de haut rang en a fait la synthèse. Pour répertorier les probabilités envisageables à l’heure où Hans Blix remet au Conseil de sécurité des conclusions qui peuvent se révéler décisives par rapport à l’Irak, à la région et à ce pays même. Ce travail de bénédictin dégage le tableau suivant : Tout d’abord, l’Amérique et le petit nombre de ses alliés restés fidèles risquent de rire jaune si Blix réclame plus de temps pour ses inspecteurs. En arguant de l’esprit de coopération accrue manifesté par Bagdad, qui a finalement autorisé ses scientifiques à témoigner sans tierce présence, ainsi que le survol de son territoire par des avions d’observation U2 relevant de l’Onu. De même, le régime irakien accepte de se prêter à une contre-enquête portant sur les éléments arsenaux à charge communiqués par Colin Powell à l’organisation internationale. Une requête Blix de prolongation apporterait évidemment de l’eau au moulin de la France, de l’Allemagne, de la Russie et de la Chine qui, à l’instar des pays arabes, réfutent la logique de guerre US. Dans cette hypothèse, Washington pourrait, afin de ne pas envenimer la crise, donner du temps aux inspections. Mais sans doute pas plus d’une semaine ou deux, car sa détermination paraît totale. Il pourrait d’ailleurs aussi refuser toute concession, en répétant que les dés sont jetés, la partie terminée et que le régime irakien a perdu toute crédibilité par ses contrevérités flagrantes comme par ses louvoiements vis-à-vis des inspections. Les Américains rappelleraient à ce propos que Bagdad n’avait pas hésité en 98 à traiter les inspecteurs d’espions parce qu’ils demandaient à visiter les sites dits palais présidentiels, et qu’il leur avait alors claqué la porte au nez, les renvoyant dans leurs pays respectifs. Ils rediraient également qu’après avoir fait mine, sous la pression internationale, de se soumettre à la 1441, Bagdad s’est aussitôt évertué à la contourner. En s’abstenant de divulguer d’un seul coup toutes les données concernant son potentiel d’armement prohibé, pour n’en laisser suinter qu’au compte-gouttes. Le régime irakien a même juré ses grands dieux qu’il n’avait plus d’armes de destruction massive, mais les experts de l’Onu en ont découvert un certain nombre. Ce qui permet de penser que la partie immergée de l’iceberg, de loin la plus importante, reste enfouie dans les abysses. Tout cela prouve, dit Washington, que la phase des vérifications est révolue, les preuves sont faites et qu’il faut maintenant agir. Bien entendu, les membres européens, asiatiques et arabes du Conseil de sécurité ne sont pas près en principe de rejoindre le point de vue belliciste des États-Unis. Ils voudraient pour leur part une solution pacifique de désarmement. Ce qui nécessite à leur avis une rallonge pour les inspections. Et ils sont d’autant plus inquiets que Colin Powell a lancé le bouchon très loin. Il a en effet reconnu que le premier objectif de son gouvernement est de renverser Saddam Hussein. Et que le deuxième objectif, bien plus fracassant dans sa finalité, est de remodeler tout le Moyen-Orient. À partir d’un moule fabriqué aux normes des intérêts américains. Dans cette optique, les USA souhaitent naturellement que le rapport de Blix comporte des éléments justifiant une intervention militaire accélérée. Ils veulent une résolution dans ce sens. Sans cacher qu’ils feraient peu de cas d’un quelconque veto et qu’ils se lanceraient tout seuls, avec leurs alliés fidèles, dans leur aventure. Il n’est cependant pas exclu, répétons-le, que pour éviter une perdition de la légalité internationale, Washington accepte une prolongation succincte de la mission des inspecteurs. Le facteur temps compte dans tous les cas de figure. Il est assez clair en effet qu’une éventuelle guerre de six jours ou de six semaines au maximum, comme le prédit Rumsfeld, permettrait sans doute aux USA d’avoir les mains libres pour remodeler la région, comme ils le proclament. Par contre, si la résistance irakienne devait durer des mois, ce serait une tout autre histoire. L’ébullition serait générale dans le monde arabe et islamique. Ben Laden ferait probablement beaucoup d’adeptes et cette sorte de guerre, aux conséquences incalculables, pourrait durer bien longtemps après la clôture du dossier irakien. Émile KHOURY
Dépositaire final d’un lot impressionnant de rapports diplomatiques et autres, un responsable de haut rang en a fait la synthèse. Pour répertorier les probabilités envisageables à l’heure où Hans Blix remet au Conseil de sécurité des conclusions qui peuvent se révéler décisives par rapport à l’Irak, à la région et à ce pays même. Ce travail de bénédictin dégage...