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Dossier régional - Mini-États confessionnels, isolement accru des pays arabes Inquiétudes face aux retombées d’une guerre contre l’Irak

La grande question que se posent les milieux politiques locaux est non pas de savoir si la guerre contre l’Irak aura lieu ou quand elle sera déclenchée, mais plutôt quelles en seront les conséquences à court et à moyen terme. Sur ce plan, les spéculations battent leur plein au sujet des divers scénarios envisagés dans les hautes sphères occidentales. L’ancien Premier ministre Sélim Hoss s’est fait l’écho des appréhensions manifestées à ce propos dans les cercles politiques locaux. Prenant la parole au cours du congrès organisé récemment au palais de l’Unesco pour dénoncer les projets d’attaque contre le régime irakien, M. Hoss avait souligné que l’offensive que les États-Unis et leurs alliés envisagent de lancer contre l’Irak a essentiellement pour but de mettre la main sur le pétrole irakien et de contrôler le marché du pétrole dans le monde, en ce qui concerne aussi bien les prix que la capacité de production. À l’évidence, l’objectif recherché par Washington sur ce plan est d’influer sur les économies de certains pays non pétroliers, tels que, notamment, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Chine et le Japon. En ce qui concerne le Proche-Orient, les milieux locaux craignent que l’attaque contre l’Irak ne débouche sur un isolement accru des dirigeants arabes dans le but de leur imposer une solution régionale qui soit conforme aux visées israéliennes. Mais indépendamment du dossier du Proche-Orient, les milieux locaux craignent que la région ne soit entraînée sur la voie de projets de partition et d’édification de mini-États confessionnels. D’aucuns évoquent, en outre, des projets de fédération qui pourraient voir le jour dans certains pays de la région, à commencer par l’Irak, l’alibi étant la lutte contre le terrorisme et la mise en place de régimes arabes stables. De nombreux responsables politiques rappellent dans ce contexte la teneur de l’initiative lancée il y a près de deux mois par le secrétaire d’État américain, Colin Powell, au sujet de la situation au Moyen-Orient. Le chef de la diplomatie américaine avait établi un constat plutôt noir de la conjoncture politico-socioéconomique dans nombre de pays de la région, déplorant à ce propos les nombreuses atteintes aux libertés, les failles au niveau des systèmes d’enseignement et les graves lacunes sur le plan des droits de la femme. M. Powell avait évoqué à cet égard la teneur du rapport des Nations unies sur le développement humain dans les pays arabes. Un rapport jugé particulièrement accablant pour nombre de ces pays. Le secrétaire d’État avait également dénoncé l’existence de régimes politiques « rigides » dans le monde arabe, soulignant toutefois que certains pays, tels que Bahreïn, le Qatar et le Maroc, ont enregistré d’importants progrès sur la voie des réformes politiques. Soulignant la nécessité d’établir un « pont » entre les États-Unis et les peuples de la région, M. Powell avait indiqué que Washington souhaitait soutenir les populations qui désirent améliorer leurs conditions de vie, tant sur le plan politique que social ou de l’éducation. Le secrétaire d’État n’a pas manqué de relever à cette occasion que la région du Proche-Orient bénéficie d’importantes richesses naturelles, mais que, paradoxalement, elle souffre aussi d’une grande pauvreté, ce qui constitue un facteur favorable au développement du fanatisme et de l’extrémisme. Quant à la volonté de Washington de stimuler l’émergence de régimes démocratiques dans la région, les responsables politiques susmentionnés soulignent qu’un régime démocratique à l’occidentale et le principe de la laïcité sont en contradiction avec les valeurs religieuses de l’islam. Les mêmes sources mettent l’accent à ce propos sur la nécessité de laisser aux peuples de la région le choix d’opter pour le système politique le plus proche possible de leurs valeurs culturelles et religieuses. Pour l’heure, on n’en est pas encore là et les observateurs se perdent en conjectures sur la nature de la prochaine offensive des États-Unis et de leurs alliés contre l’Irak. S’agira-t-il d’une attaque éclair qui permettra de provoquer la chute du régime irakien ou s’engagera-t-on, au contraire, dans une guerre d’usure prolongée ? Ce second cas de figure est le scénario qu’appréhendent le plus les milieux locaux en raison de ses retombées désastreuses sur la stabilité de nombre de pays de la région. Émile KHOURY
La grande question que se posent les milieux politiques locaux est non pas de savoir si la guerre contre l’Irak aura lieu ou quand elle sera déclenchée, mais plutôt quelles en seront les conséquences à court et à moyen terme. Sur ce plan, les spéculations battent leur plein au sujet des divers scénarios envisagés dans les hautes sphères occidentales. L’ancien Premier...